L'ex-juge grison est libre
La loi suisse permet au violeur condamné de sortir libre du tribunal

Un ex-juge grison a été condamné en première instance pour viol sur sa stagiaire, mais il n'ira pas en prison. La peine prononcée par le tribunal régional de Plessur (GR) suscite l'irritation. Explications.
Publié: 13.11.2024 à 11:11 heures
Caché derrière un sac à dos, le juge accusé est entré dans le bâtiment. Il a été condamné en première instance.
Photo: Sandro Zulian
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Sandro Zulian

Il a été reconnu coupable de viol, mais il n'ira pas derrière les barreaux. Le verdict rendu par les juges du tribunal régional de Plessur (GR) contre Manuele G.* laisse de nombreux points d'interrogation. L'accusé a écopé d'une peine de prison de 23 mois pour le viol d'une stagiaire. Avec sursis. Pourquoi? Parce que l'ex-juge condamné n'a pas d'antécédents judiciaires. Concrètement, il est sorti libre de la salle d'audience.

«Comment est-il possible qu'un violeur condamné n'aille pas en prison? C'est ridicule», n'est qu'une des nombreuses réactions des citoyens qui ont suivi le procès. Même certains experts en droit ne comprennent pas la «légèreté» de la peine. On peut être un violeur, mais en liberté: la loi suisse le permet. Comment est-ce possible?

A deux doigts de la prison

En principe, les peines d'emprisonnement probatoires jusqu'à 24 mois sont autorisées. A partir de deux ans, le délinquant doit obligatoirement purger une partie de sa peine. L'ex-juge est condamné à 23 mois à la virgule près, soit un mois de moins. Le tribunal régional n'a pas souhaité donner de justification précise à la décision communiquée: on «ne donne pas d'autres informations».

D'un point de vue statistique, ce cas de viol ne fait que s'ajouter à la liste des 582 cas qui ont été traités – et jugés – en Suisse entre 2018 et 2023. Selon l'Office fédéral de la statistique, l'ex-juge fait désormais partie des 17% qui ont commis un viol, ont été condamnés, mais peuvent rester en liberté avec un sursis.

Violences contre les femmes: besoin d'aide?

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

Reste à savoir si la victime souhaite continuer la procédure et porter le cas à l'instance suivante. L'ancienne stagiaire a fait preuve d'une force énorme après les violences subies. Peu de temps après son agression au bureau, elle s'est rendue à l'hôpital pour se faire examiner. «Préserver les preuves», c'est ainsi que son ami a qualifié cette démarche devant le tribunal.

Elle a subi des heures et des heures d'interrogatoires de la part de la police et du parquet et a également décrit la soirée du crime et d'autres incidents dans la salle d'audience. Le communiqué de presse du tribunal ne mentionne pas les dommages et intérêts réclamés par la jeune femme.

«N'auriez-vous pas dû mieux serrer les jambes?»

Avec de nombreuses questions inadéquates, le tribunal a maltraité la victime. «N'auriez-vous pas dû mieux serrer les jambes?» La question lancée par l'un des juges a suscité des réactions indignées.

Moins d'une semaine plus tard, des juristes ont exigé la démission du juge. L'un des porte-parole de ce débat est l'ex-avocat et conseiller municipal de Coire Jean-Pierre Menge: «Six mois auraient été appropriés, mais je suis satisfait de l'issue de la procédure et du fait que l'on ait cru la victime.» Le porte-parole des tribunaux grisons a répondu par procuration: «Même après la publication du jugement, le juge ne prendra pas position sur la phrase critiquée. Nous vous remercions pour votre compréhension.»

«Feront appel»

L'avocate du juge condamné ne comprend pas. «Nous sommes déçus et choqués par le jugement», a-t-elle commenté. Ils auraient expliqué en détail qu'il y avait de sérieux doutes sur les faits de l'accusation. «Nous allons faire appel afin de pouvoir consulter les motifs. Ensuite, nous examinerons le jugement en détail.»

Si la «force et l'énergie» suffisent, la défense réfléchira à un recours ultérieur. L'avocate de la victime n'a pas répondu aux demandes de renseignements de Blick. Tant que la procédure n'est pas définitivement close, la présomption d'innocence s'applique.

*Le nom a été modifié

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