Lettre de Viola Amherd à Poutine
Pourquoi la Suisse tient tant à féliciter les autocrates?

Viola Amherd a envoyé une lettre personnelle à Vladimir Poutine le jour de sa réélection. Un usage diplomatique qui a fait couler beaucoup d'encre. D'autant que ce n'est pas la première fois qu'un courrier adressé à un chef d'Etat fait polémique dans le pays.
Publié: 22.04.2024 à 15:18 heures
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Dernière mise à jour: 22.04.2024 à 15:26 heures
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La présidente de la Confédération suisse Viola Amherd a adressé une lettre au président russe Vladimir Poutine, afin de le féliciter pour sa réélection.
Photo: Keystone

La semaine dernière, la présidente de la Confédération suisse Viola Amherd a adressé une lettre au président russe Vladimir Poutine. Une missive qui fait suite à la réélection du président russe en mars. Blick n'a pas encore pu consulter la lettre en question, mais le Département de la défense (DDPS) de Viola Amherd est formel: «Ce n'est pas une lettre de félicitations. Il s'agit d'une lettre qui, compte tenu du nouveau mandat du président russe, englobe plusieurs thèmes.»

Interrogé, le DDPS a résumé ce que contient le courrier diplomatique et évoque une «invitation au dialogue en des temps difficiles». La présidente de la Confédération revient sur la position de la Suisse, qui respecte le droit international et les droits de l'homme. La Suisse suivrait également les principes universels ancrés dans la Charte de l'ONU, indispensables à la paix et à la prospérité.

Quand les courriers diplomatiques suisses font polémique

Vladimir Poutine se laissera-t-il impressionner par un tel courrier? Probablement pas. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'une lettre diplomatique de la Suisse fait polémique. L'année dernière, Alain Berset, alors président de la Confédération, avait envoyé des félicitations aux dirigeants de la République islamique d'Iran à l'occasion de son 44e anniversaire. Et ce, bien que le régime iranien ait tué des centaines de manifestants et réprimé toute forme d'opposition.

L'indignation suscitée par le courrier du Conseil fédéral avait été grande en Suisse. «De telles politesses semblent cyniques au vu de la brutalité du régime iranien contre son propre peuple, des violations des droits de l'homme, des tortures et des exécutions», avait par exemple lancé la conseillère nationale du Centre Marianne Binder à la «NZZ».

Alain Berset a également envoyé des lettres de félicitations au président Recep Tayyip Erdogan, à la suite de sa réélection en 2018, en dépit d'une campagne électorale discutables, selon de nombreux observateurs.

Respect des usages diplomatiques

La Confédération répond que chacun de ces échanges respectent les usages diplomatiques, lesquels appellent à féliciter les chefs d'Etat des pays avec lesquels la Suisse entretient des relations.

Le président du Conseil de l'UE Charles Michel a vu les choses autrement et l'a montré cette année. Celui-ci aurait ainsi adressé un message, un brin moqueur, à Vladimir Poutine en félicitant ce dernier pour sa réélection... deux jours avant la fin du scrutin! De quoi souligner le caractère non démocratique des élections en Russie. «Je tiens à féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire écrasante aux élections qui débutent aujourd'hui», a-t-il raillé sur X. «Pas d'opposition. Pas de liberté. Pas de choix», a-t-il encore écrit.

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