Les résultats des élections vus par la droite
«Pult était perçu comme le plus idéologue et extrémiste des deux»

Après une longue matinée d'élections, on connaît désormais les noms de nos sept conseillers fédéraux. Aujourd'hui, tous les regards étaient tournés vers le parti socialiste, mais qu'en pensent nos élus de droite? Point de vue de deux conseillers nationaux.
Publié: 13.12.2023 à 20:33 heures
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Dernière mise à jour: 14.12.2023 à 11:22 heures
Beat Jans remporte la mise avec 134 voix et devance ainsi ses concurrents Daniel Jositsch (68 voix) et Jon Pult (43 voix).
Photo: Keystone
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Tiffany TerreauxJournaliste Blick

Ça y est, outre les six sortants réélus, on sait désormais qui prendra la place d'Alain Berset au Conseil fédéral. Sans surprise, le socialiste Beat Jans remporte la mise avec 134 voix et devance ainsi ses concurrents Daniel Jositsch (68 voix) et Jon Pult (43 voix).

Plus barbante qu'autre chose, cette matinée électorale a tout de même été rythmée par quelques «rebondissements»: le parti socialiste (PS) ne s'est pas mouillé pour défendre Gerhard Andrey, les Vert-e-s sont donc fâchés contre eux et l'Assemblée fédérale s'y est reprise à trois fois pour choisir un successeur au socialiste fribourgeois Alain Berset.

Tout le monde avait les yeux rivés sur nos élus de gauche. Allons voir maintenant du côté droit de l'échiquier politique pour récolter les réactions à chaud de deux de nos conseillers nationaux valaisans: le PLR Philippe Nantermod et l'UDC Jean-Luc Addor.

Un extrême qui déplaît

Tous deux l'affirment, ils ont voté le ticket socialiste... sans gaieté de cœur. Jean-Luc Addor argue un manque de diversité et donc de «réel» choix. «Le parti socialiste nous a proposé deux profils relativement similaires, deux représentants de l'aile gauche, soulève-t-il. Aucun des deux ne tire du côté syndical.»

Quant aux résultats, rien d'étonnant selon le conseiller national UDC. «Jon Pult a été évincé car il était perçu comme plus idéologue et extrémiste que son concurrent Beat Jans. Je pense que c'est ça qui l'a perdu. Son étiquette d'anti-militariste a également déplu à une majorité de collègues dits 'bourgeois'.»

Même si le candidat de 39 ans est originaire d'un canton rural et président de l'Initiative des Alpes, Jean-Luc Addor affirme que «rien ne garantit qu'il fasse le plein de voix parmi ces cantons alpins». De son côté, Philippe Nantermod modère les propos qui qualifient Jon Pult «d’extrémiste», et soulève plutôt un «CV assez léger pour être conseiller fédéral».

L'illusion des Vert-e-s

Ces élections fédérales 2023 ont aussi créé des tensions non dissimulées entre le parti socialiste et les Vert-e-s. Ces derniers se sont sentis «lâchés» par leurs confrères lors du vote de leur représentant fribourgeois Gerhard Andrey tentant d'usurper la place du PLR Ignazio Cassis. Un échec qui leur a laissé un goût amer.

Pour Jean-Luc Addor, le geste du PS n'avait rien d'étonnant. «Je ne sais pas ce que s'étaient imaginés les Vert-e-s. À moins que les socialistes leur offrent dans un élan de bonté un siège, ce qui n’était pas à l’ordre du jour d’après ce qu’on a pu voir, il n’y avait pas de place pour un élu vert au Conseil fédéral.» Constat partagé par Philippe Nantermod supposant que «la majorité ne voulait pas attaquer la concordance et qu’il n’était pas opportun d’élire un Vert».

Ignazio Cassis s'en sort finalement avec un score de 167 voix. Un score «certes pas incroyable» d'après l'huile du parti bourgeois, mais qui suit de près les résultats de la PLR Karin Keller-Sutter avec 176 voix. Il fait même mieux que la jurassienne Elisabeth Baume-Schneider qui obtient 151 voix.

«Ces résultats démontrent que Gerhard Andrey n’avait pas de chance, assure Jean-Luc Addor. La politique, ce n’est pas juste une affaire de compétences et de sympathie, c'est une question d’idées et de rapport de force.» On peut tourner le problème comme on veut, les Vert-e-s sont les perdants des élections fédérales, selon lui. Au lieu d’asseoir leur score d’il y a quatre ans, ils ont déchanté et perdu des sièges. «Ils n'ont pas osé attaquer un siège socialiste la dernière fois, lorsque Elisabeth Baume-Schneider a été élue. Ils ont peut-être laissé passer leur chance.»

Un conflit de gauche profitable

Cette guéguerre entre socialistes et Vert-e-s fait sourire Jean-Luc Addor. «L'animosité entre ces deux partis n'est pas nouvelle, ce n’est qu’un épisode de plus. Je doute que ça dure car, excepté quelques sujets, c'est un bloc relativement monolithique.» Pour lui, c'est tout bénéfique. «Nos adversaires, ce n'est pas un secret, c'est la gauche et les Vert-e-s. C'est toujours mieux d’être face à un concurrent divisé qu’uni.»

Oui, les socialistes ont, entre guillemets, lâché les Vert-e-s, mais c'était pour sauver leur siège d'après lui. «Aujourd’hui, comme le PS avait besoin de plus que ses propres forces et des Vert-e-s pour élire un conseiller fédéral, ils se sont tenus à carreau pour ne pas mettre en danger leur siège», affirme-t-il. Autrement dit, le parti de gauche savait très bien que si le Vert Gerhard Andrey était élu à la place du PLR Ignazio Cassis, l’UDC se serait senti délié de toute obligation de concordance. Un phénomène que Jean-Luc Addor dépeint comme «l’équilibre de la terreur».

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