Les parlementaires s'énervent
Magdalena Martullo-Blocher bloque une salle de réunion au Palais fédéral

Une salle de réunion du Palais fédéral est constamment occupée pendant les sessions par la cheffe d'EMS-Chemie Magdalena Martullo-Blocher. Selon ses adversaires, elle dirigerait son entreprise depuis la Coupole. Tout est légal, se défend-elle.
Publié: 06.06.2024 à 20:17 heures
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En tant que vice-présidente de l'UDC Suisse, elle a beaucoup de contacts et de discussions pendant la session, fait savoir Magdalena Martullo-Blocher à Blick.
Photo: Keystone
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Sophie Reinhardt

EMS-Chemie a-t-elle un nouveau bureau à Berne? On pourrait le croire! Ces dernières semaines, la salle de réunion 339 du Palais fédéral a presque toujours été réservée par une seule personne: Magdalena Martullo-Blocher, la directrice d'EMS-Chemie et vice-présidente de l'UDC Suisse. 

Pendant les trois semaines où les Chambres se réunissent à Berne pour la session d'été, l'une des deux pièces de la tour du Palais fédéral est presque toujours bloquée à son nom. L'administration le confirme à Blick. Un escalier mène de cette pièce au toit du Parlement, raison pour laquelle elle est volontiers montrée lors des visites de groupe.

Dirige-t-elle son entreprise depuis la Coupole?

Les parlementaires supposent que c'est depuis le troisième étage que Magdalena Martullo-Blocher dirige ses affaires depuis Berne. En effet, la politicienne de droite dirige un groupe international de plus de 2700 collaborateurs et collaboratrices et, en tant que parlementaire de milice, elle a aussi beaucoup à faire pendant la session. On la voit rarement dans la salle des pas perdus et dans celle du Conseil national, elle s'y précipite généralement pour les votes.

Le politicien socialiste lucernois David Roth soupçonne toutefois une «utilisation abusive des locaux du Parlement», comme il l'écrit dans une question à l'administration. Celle-ci devrait clarifier si la réservation de locaux de Magdalena Martullo-Blocher est en contradiction avec les directives administratives concernant l'utilisation du bâtiment du Parlement.

«Beaucoup de réunions»

Celle-ci n'autorise pas les députés à réserver une salle à des fins commerciales, mais uniquement pour des réunions «en rapport direct avec l'exercice de l'activité parlementaire».

Interrogée par Blick, la directrice d'EMS-Chemie affirme que tout est légal. «En tant que vice-présidente de l'UDC Suisse, responsable de la politique économique, Madame Magdalena Martullo-Blocher a de très nombreux contacts et entretiens pendant la session», fait savoir son assistant sur demande.

«Pas dans le sens de la solidarité»

D'autres dirigeants de parti ne semblent pas devoir entretenir autant de contacts. Ainsi, le coprésident du PS Cédric Wermuth et le chef des Vert'libéraux Jürg Grossen affirment qu'aucune réservation permanente de salle n'est connue dans leurs rangs. «Ce ne serait évidemment pas dans l'esprit du règlement ni dans celui de la solidarité avec tous les députés», a déclaré Cédric Wermuth. Une telle réservation à long terme par certains parlementaires «serait absurde», fait-il savoir. Car il n'y aurait qu'une douzaine de salles de réunion à disposition pour les 246 parlementaires et collaborateurs de l'administration.

Même son de cloche chez tous les autres partis interrogés: la seule salle de groupe attribuée aux partis est suffisante, et en plus, on siège en tant que député élu au Conseil pendant la session. «Pour d'autres entretiens avec un plus grand nombre de participants, Le Centre ne réserve une salle de réunion qu'en cas de besoin», explique Philipp Matthias Bregy, chef du groupe parlementaire du Centre.

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