Plus d'énergie hydraulique! Plus de solaire! Plus d'électricité! Le ministre de l'Énergie Albert Rösti est en pleine campagne de votation. Le 9 juin, la Suisse votera sur la loi sur l'électricité, aux côtés des autres projets sur les caisses maladies.
A l'approche de la votation, les personnes directement concernées haussent le ton. C'est le cas des fournisseurs d'électricité argoviens, qui mettent en garde contre une hausse des prix de l'électricité dans l'«Aargauer Zeitung».
Sur la loi sur l'électricité
Il va sans dire qu'il est nécessaire de développer les énergies renouvelables. Mais «personne ne pourra ensuite venir dire que nous n'avons pas mis en garde contre les répercussions», déclare Markus Wey, vice-président de l'association des fournisseurs d'électricité argoviens, à Blick. «L'électricité sera plus chère pour les clients et le travail des gestionnaires de réseau de distribution sera encore plus compliqué.» L'homme parle d'une «sur réglementation complète qui est prévue dans la loi et les ordonnances».
Des réactions excessives?
Markus Wey identifie plusieurs aspects problématiques dans le projet. «En ce qui concerne l'approvisionnement en électricité, nous serons fortement limités à l'avenir.» L'accent doit donc être mis sur les énergies renouvelables, mais ces dernières deviendront de plus en plus chères, craint le vice-président.
De plus, les entreprises d'électricité seront forcées d'acheter leur électricité jusqu'à trois ans à l'avance. «On ne pourra pas réagir à une baisse des prix, qui profiterait aussi aux consommateurs.» Lors de l'éclatement de la guerre en Ukraine, les prix de l'énergie ont explosé, notamment parce que les petites entreprises d'électricité ont justement acheté à trop court terme. «Je pense que c'est une erreur de réagir de manière excessive à cause d'un événement du siècle», estime l'intervenant.
Markus Wey s'insurge également contre le fait que la Confédération doive désormais contrôler si les objectifs d'efficacité énergétique, qui figurent dans la loi, sont respectés. «Cela entraîne un gigantesque appareil de contrôle à la Confédération, qui sera à son tour répercuté sur les consommateurs.»
«Il est clair que l'électricité coûtera plus cher»
Les Argoviens ne sont pas les seuls à se plaindre. L'association faîtière des gestionnaires de réseau de distribution suisses (DSV) est également sceptique vis-à-vis des projets d'Albert Rösti. L'association représente environ 60% des gestionnaires de réseau qui assurent le raccordement au domicile. «En ce qui concerne la loi, l'étiquette de prix est encore totalement floue. Mais il est clair que l'électricité coûtera plus cher», confirme le président Beat Gassmann.
Ce dernier ne sait pas dire de combien exactement les prix augmenteront. «Il est encore trop tôt pour le dire. Ce qui est sûr, c'est que si les gestionnaires de réseau devront assumer des tâches supplémentaires, celles-ci seront facturées», explique le président. Mais au final, c'est la décision des votants qui sera appliquée. Les fournisseurs d'électricité argoviens le savent, eux aussi.
Sur les deux initiatives
«Il manque une vue d'ensemble»
Michael Frank, directeur de l'Association des entreprises électriques suisses (AES), voit la situation sous un autre angle. «Il manque une vue d'ensemble. Car même avec un non à la loi sur l'électricité, l'énergie solaire sera développée sur les toits, la mobilité électrique et les pompes à chaleur augmenteront, ce qui aura des répercussions sur le réseau électrique.»
Michael Frank met en garde: en cas de non, le prix de l'électricité pourrait d'autant plus augmenter. «Si la loi est rejetée, nous devrons continuer à acheter de l'électricité chère à l'étranger.» Un potentiel d'amélioration existe. Il est encore possible de procéder à des ajustements lors de la mise en œuvre de la loi, et si cela devait arriver, l'AES s'engagerait dans ce sens.
Les entreprises d'électricité ont le mauvais rôle
Selon le département de l'énergie d'Albert Rösti, la loi stabiliserait les prix. «Le risque de grandes fluctuations pourra ainsi être réduit», explique-t-on sur demande. De plus, la mise en œuvre des mesures d'efficacité énergétique ne nécessitera probablement qu'un ou deux postes en termes de main d'œuvre.
À entendre d'autres fournisseurs d'électricité en Suisse, les critiques sont encore nombreux. Ils soutiennent la loi sur l'électricité – parce qu'il le faut. Les entreprises d'électricité sont généralement en mains publiques. Une quelconque opposition est quasi impossible. Mais en fin de compte, les entreprises auront encore le mauvais rôle d'annoncer les augmentations de prix – bien que cela soit une décision qui les dépasse.