Un comité contre la loi sur l'énergie s'insurge
«Le gouvernement pourra interdire les votations contre certains projets!»

La loi sur l'énergie conduira à «une dictature» de l'éolien et du solaire, avertissent les défenseurs du paysage. La Confédération et les cantons s'y opposent avec véhémence. Le design utilisé dans la campagne du «non» est clairement douteux.
Publié: 09.04.2024 à 19:12 heures
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Elias Vogt, président de Freie Landschaft Schweiz: «Le gouvernement national peut même interdire les votations communales contre certains projets.»
Photo: keystone-sda.ch
Sermîn Faki

Un comité s'oppose avec véhémence à la loi sur l'énergie, aussi connue sous le nom de décret sur le manteau énergétique, du conseiller fédéral Albert Rösti. Leur argument central: si les citoyens votent «oui», ils n'auront plus jamais leur mot à dire si des installations éoliennes ou solaires sont construites dans leur commune.

«Si la loi est acceptée, le Conseil fédéral pourra raccourcir les procédures d'autorisation pour la construction d'éoliennes et de parcs solaires en rase campagne, explique à Blick Elias Vogt, président de l'association Paysage libre Suisse et l'une des chevilles ouvrières du comité référendaire. Le gouvernement peut même interdire les votations communales contre certains projets!» Dans la pratique, Berne pourrait gouverner par voie d'ordonnance.

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Le reproche n'est pas nouveau, et il est contesté par la Confédération, mais aussi par les cantons. Ainsi, dans une fiche d'information du Département de l'environnement et de l'énergie d'Albert Rösti, il est clairement indiqué que «des votations populaires sur de nouveaux parcs solaires et éoliens peuvent toujours être organisées au niveau communal ou cantonal».

Les cantons contredisent la campagne de l'UDC

C'est ce qu'avaient déjà confirmé l'été dernier les cantons des Grisons et de Zurich, lorsqu'une campagne menée par la conseillère nationale Magdalena Martullo-Blocher avait mis en garde contre la dictature de l'éolien. Les deux gouvernements l'ont assuré: la population aura le dernier mot sur les projets.

La Confédération admet toutefois qu'il existe une exception: les 16 projets hydroélectriques sur lesquels la Confédération, les cantons, les entreprises énergétiques et les organisations de protection de l'environnement se sont mis d'accord. Pour ces projets, le plan d'affectation est supprimé ainsi que les possibilités de participation qui y sont liées.

Mais Elias Vogt et son association n'ont rien à redire contre ces projets hydroélectriques. Ce qui leur importe, c'est le «défigurement» du paysage avec les éoliennes et les grandes installations solaires dans les Alpes. Si cela ne tenait qu'à lui, les toits et les façades des maisons devraient être utilisés pour la production d'électricité solaire. «La seule question qui compte est la suivante: où voulons-nous produire l'énergie renouvelable dont nous avons réellement besoin? En pleine nature, avec les conséquences catastrophiques que l'on sait, ou en utilisant les infrastructures déjà existantes?»

L'Italie plutôt que la Suisse

Plusieurs autres éléments semblent décalés dans l'argumentaire du «non». Au niveau de la conception, on a fait preuve de beaucoup d'imagination: des éoliennes monstrueuses qui s'entrechoquent les pales, des représentations de villages méditerranéens à la place de paysage alpins...

Toute cette fantaisie n'est pas nouvelle. L'été dernier déjà, en pleine campagne sur la loi pour la protection du climat, un comité opposé, dominé par l'UDC, avait montré des pylônes de pont au lieu d'éoliennes et s'était donc attiré les moqueries des internautes.

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