A la suite d'un référendum, le peuple suisse votera sur la réforme de l'énergie le 9 juin prochain. Le projet vise à garantir un approvisionnement en électricité sûr, grâce aux énergies renouvelables indigènes. L'objectif de la proposition est de produire davantage d'électricité de manière rapide à partir de sources d'énergie comme l'eau, le soleil, le vent ou la biomasse.
Le ministre de l'Énergie Albert Rösti défend ce projet corps et âme en première ligne. L'élu UDC espère un oui. Il a lancé lundi sa campagne de votation. «Nous avons besoin de plus d'électricité, beaucoup plus d'électricité!», a-t-il déclaré devant les médias à Berne. Il est clair que la consommation d'électricité va augmenter massivement dans les années à venir. Quant à la situation de l'approvisionnement, elle est toujours fragile.
Et c'est justement à l'adresse de son propre parti qu'Albert Rösti a lancé cette déclaration à l'assemblée: «Un approvisionnement en électricité sûr fait aussi partie d'une Suisse indépendante. Cela renforce la souveraineté de notre pays.»
L'UDC s'oppose au projet et à son ministre
En s'engageant de la sorte, Albert Rösti tient ainsi tête à sa collègue de parti et conseillère nationale Magdalena Martullo-Blocher. L'entrepreneuse grisonne mène le combat de la droite contre la loi sur l'électricité. «Ce décret manteau n'apportera que peu d'électricité, mais de très nombreux coûts qui devront être payés à travers le prix même de l'électricité», avait-elle déjà déclaré à Blick. L'élue de droite va même jusqu'à parler d'une «connerie» pour décrire le projet de loi.
Au Parlement, l'UDC avait majoritairement soutenu la loi sur l'électricité de son ministre, le parti est désormais divisé en deux camps sur la proposition actuelle. Avec une tendance accrue au non, le comité directeur du parti a tout de même pris les devants et a décidé à l'unanimité de voter non, rapporte la «NZZ am Sonntag».
Les partisans de la ligne dure autour de Magdalena Martullo-Blocher – dont le banquier Thomas Matter, le chef du groupe parlementaire Thomas Aeschi et le chef de parti désigné Marcel Dettling – veulent également faire capoter le projet. Samedi prochain, l'assemblée des délégués décidera si l'UDC se rangera derrière son conseiller fédéral ou si elle le désavouera – publiquement.
«Je défendrai la loi avec conviction»
Albert Rösti espère ainsi préparer le terrain pour samedi prochain ce lundi. Il compte bien prendre lui-même la parole à l'assemblée des délégués de l'UDC. Son objectif? Faire accepter la nouvelle loi sur l'électricité à ses concitoyens.
A cette occasion, il s'entretiendra directement avec Magdalena Martullo-Blocher, qui montera au front lors d'une table ronde contre le décret en question. Mais l'issue du projet demeure encore ouverte à l'heure actuelle. Cette confrontation, Albert Rösti s'en réjouit. Il ne dit jamais non à un peu de concurrence.
«Je défendrai la loi avec conviction», a-t-il annoncé. On peut dire qu'il y met beaucoup de cœur, puisqu'il a contribué à l'élaboration de la loi en tant que conseiller national et avait même obtenu des améliorations, notamment des projets hydroélectriques.
En tant que pays riche, la Suisse ne peut pas se permettre de risquer une pénurie d'électricité. Cela est vrai notamment en raison des dommages matériels massifs qu'une situation de pénurie entraînerait, mais aussi à cause de l'atteinte à sa réputation vis-à-vis de l'étranger. «Je vais essayer de convaincre les délégués qui n'ont pas encore d'opinion», a ajouté l'élu UDC. «Samedi, c'est la répétition générale. Le 9 juin, les choses sérieuses commenceront.»