60’000 réfugiés ukrainiens sont arrivés en Suisse jusqu’à présent. Plus de la moitié d’entre eux sont en âge de travailler. Cela correspond à plus de 30’000 travailleurs. Mais jusqu’à présent, seuls 3000 ont effectivement trouvé un emploi, comme le montrent les chiffres du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM).
Tino Senoner, expert du marché du travail, est néanmoins convaincu que les réfugiés ukrainiens – notamment des femmes, puisque les hommes sont majoritairement restés au pays — recèlent un énorme potentiel pour l’économie suisse. «Plus de 80% des Ukrainiennes pourraient prendre un emploi dans un domaine où il y a aujourd’hui une pénurie de main-d’œuvre qualifiée», pronostique le recruteur. Pourtant, même avec 30’000 Ukrainiennes potentiellement engagées, cela ne suffirait de loin pas à résoudre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée en Suisse. En effet, un quart de million de postes sont actuellement à pourvoir!
Mais cela serait un début. Si la recherche d’emploi est difficile pour ces femmes, ce n’est pas seulement à cause de la barrière de la langue. Une cuisinière ukrainienne n’a pas forcément besoin de parler français pour lutter contre la pénurie de personnel qualifié dans la restauration. «Les entreprises suisses font la fine bouche», critique Tino Senoner.
Les dossiers des Ukrainiennes ne sont peut-être pas parfaits, mais loin d’être inadaptés. «Parfois, le refus des employeurs vient du fait qu’ils devraient mettre un peu d’argent pour former la personne.» 1000 ou 2000 francs suffiraient, selon Tino Senoner.
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Des attentes élevées
Les raisons pour lesquelles les Ukrainiennes peinent à trouver un travail se situent aussi du côté de leurs attentes. «Elles n’ont pas confiance en elles-mêmes et ne postulent pas aux bons emplois», estime le recruteur. Au lieu de postuler pour un poste de cuisinière, elles envoient une candidature pour un poste d’aide-cuisinière, et sont rejetées parce qu’il y a déjà suffisamment d’autres candidats.
Le mythe selon lequel les réfugiés ukrainiens ne veulent pas travailler, mais espèrent un retour rapide dans leur pays, n’est pas la raison derrière leur faible taux d’activité. En Allemagne, un sondage du célèbre institut IFO a récemment révélé que 90% des réfugiés ukrainiens souhaitaient travailler. La situation en Suisse est très probablement similaire.
(Adaptation par Lliana Doudot)