Les détails financiers révélés
Qui sont les plus gros donateurs des partis politiques suisses?

Pour la première fois, les partis ont été contraints de publier leurs revenus. Les chiffres montrent qui sont les plus grands mécènes politiques du pays. Et quel parti reçoit le plus de dons.
Publié: 30.08.2024 à 15:54 heures
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Dernière mise à jour: 30.08.2024 à 16:09 heures
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Le PS, présidé par Mattea Meyer et Cédric Wermuth, a reçu 6 millions de francs de dons l'année dernière. C'est le montant qu'aucun autre parti national n'a reçu.
Photo: keystone-sda.ch
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Lea Hartmann

C'est un secret longtemps gardé que la Confédération a dévoilé vendredi matin, du moins en partie. Pour la première fois, les partis doivent donner un aperçu de leurs finances. D'où vient l'argent avec lequel ils financent leur travail? Qui sont les grands mécènes politiques du pays? 

Les nouvelles règles de transparence adoptées par le Parlement, en vigueur depuis l'automne dernier, les obligent à répondre à ces questions. Depuis, les partis et les comités doivent également rendre publics les budgets des campagnes électorales et de votation.

Les finances des partis sont désormais la troisième et dernière pièce du puzzle qui permet de se faire une idée de l'état des caisses des acteurs politiques en Suisse. A l'avenir, les chiffres de l'année précédente seront publiés chaque été. Alors que le parti socialiste (PS), les Vert-e-s et les Vert'libéraux ont déjà volontairement publié leurs comptes annuels par le passé, les partis bourgeois sont désormais, eux aussi, contraints à la transparence.

Le PS perçoit le plus de recettes

Les chiffres recèlent des surprises. L'année dernière, c'est de loin le PS qui a reçu le plus d'argent. Les socialistes ont engrangé 9 millions de francs de recettes. L'Union démocratique du centre (UDC) a encaissé près de 6 millions de francs, le parti libéral-radical (PLR) 4,2 millions. Suivent les Vert-e-s avec des recettes de 2,6 millions de francs et les Vert'libéraux avec 1,4 million de francs.

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Ce classement peut paraître étonnant, mais il s'explique en partie par le fait que les partis ont des modèles de financement différents. Au PS par exemple, beaucoup plus de cotisations de membres atterrissent au parti national, alors qu'à l'UDC et au PLR, la plus grande partie reste aux partis locaux ou est versée aux partis cantonaux.

Mais pour tous les partis, les dons constituent la plus grande source de revenus. En 2023, le PS a reçu près de 6 millions de francs. Ils proviennent d'environ 40'000 petits donateurs, explique le coprésident socialiste Cédric Wermuth.

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Les plus grands donateurs

Le plus grand donateur de l'année dernière a été Carmita Burkard, dont la famille a gagné des milliards en vendant ses parts dans le groupe de matériaux de construction Sika. Comme les Vert-e-s l'avaient déjà révélé, elle a fait don d'un million de francs au parti pour la campagne électorale.

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Le plus grand donateur individuel de l'UDC est l'entrepreneur automobile et ancien conseiller national UDC Walter Frey, qui a fait don de 250'000 francs au parti l'année dernière. Peut-être même plus, car le parti de droite a reçu le plus d'argent de la Fondation pour une politique citoyenne, dont le conseil de fondation comprend le président de Swiss Life Rolf Dörig, Frey, l'ex-conseiller national Adrian Amstutz, le conseiller national et banquier Thomas Matter ainsi que l'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer. Le flou persiste sur qui a contribué via la fondation et combien. Malgré les nouvelles règles de transparence, l'UDC n'est pas tenue d'en faire état.

Au PLR, les plus grands donateurs individuels sont l'ancien chef d'Holcim Thomas Schmidheiny et Luzius Sprüngli de la dynastie du chocolat. Ils ont contribué chacun à hauteur de 100'000 francs. Le nom du donateur doit être révélé pour les sommes à partir de 15'000 francs. Le PLR est également soutenu par une organisation qu'il cofinance en grande partie: les amis du PLR. Contrairement à l'UDC, le PLR publie l'argent qui a transité par cette association.

Au PS, le don le plus important d'une personne privée provient d'une personne âgée décédée en 2022 qui a légué près de 25'000 francs au parti – tout comme les Vert-e-s. Aucun particulier n'a donné plus de 15'000 francs au Centre et aux Vert'libéraux.

Autres recettes

Les partis génèrent également des recettes avec la vente de biens et de services. Alors que cet atout budgétaire est négligeable pour la plupart des partis, le PS a ainsi encaissé plus d'un demi-million de francs. Toutefois, ce n'est pas avec la vente d'articles publicitaires comme des stylos et des ballons avec le logo du parti, mais en raison de la facturation de travaux effectués par le personnel du PS pour des partis cantonaux ou locaux.

Un autre poste de recettes est constitué par les taxes que les parlementaires élus, les conseillères et les juges fédéraux doivent verser aux partis. Leur montant varie selon les partis.

Beaucoup de choses restent dans l'ombre

Ces données font la lumière sur ce qui était autrefois une chambre noire du financement de la politique, mais elles doivent être considérées avec prudence. En effet, les recettes à elles seules ne donnent qu'une indication limitée sur la force de frappe financière d'un parti. Lors des campagnes de votation et d'élection, ceux-ci peuvent souvent compter sur le soutien d'organisations ou de comités. Ces contributions ne sont pas prises en compte dans les finances du parti. Le PS a par exemple créé il y a quelques années une fondation qui permet de financer les campagnes. Les finances du parti n'indiquent pas combien d'argent est versé à cette fondation et par qui.

De même, pour obtenir une image vraiment complète, il faudrait également créer de la transparence au niveau des cantons. Seuls quelques cantons disposent aujourd'hui d'une législation en la matière.

Les recettes ne sont en outre qu'une partie de l'équation. Les partis ne sont toujours pas tenus de révéler à quoi et combien ils dépensent. Le montant de leur fortune reste également un secret pour les partis. L'autorité anti-corruption du Conseil de l'Europe (Greco) a critiqué cette situation dans un rapport publié en mai dernier. Elle a déjà demandé des améliorations.

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