Repenser la future politique de sécurité
Viola Amherd utilise-t-elle la commission seulement pour soutenir sa ligne politique?

La guerre en Ukraine a changé beaucoup de choses. Viola Amherd a spécialement mis en place une commission chargée de repenser la future politique de sécurité. Mais la ministre de la Défense suscite des inquiétudes quant à sa position avec l'OTAN.
Publié: 29.08.2024 à 15:59 heures
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Dernière mise à jour: 29.08.2024 à 20:03 heures
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La ministre de la Défense Viola Amherd est régulièrement confrontée à des vents contraires.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer

La ministre de la Défense Viola Amherd est de plus en plus confrontée à des vents contraires. Le Parlement s'agace de la voir régulièrement faire cavalier seul... et pas à pas se rapprocher de l'OTAN.

Afin de donner une large assise à la future politique de sécurité de la Suisse après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le Département de la défense (DDPS) a présenté il y a un an une commission d'étude – composée de représentants de tous les partis, d'historiens ou de philosophes.

Sa mission? Repenser et participer à l'élaboration de la future stratégie de politique de sécurité. Son rapport contenant plus de 100 recommandations est désormais disponible. Seulement, même au sein de la commission, le document est contesté.

La Commission servirait à soutenir le cap actuel

Dans son rapport de 68 pages, la commission recommande par exemple d'orienter davantage la politique de neutralité sur la Charte de l'ONU, qui fait la distinction entre agresseur et victime avec le droit de se défendre. En outre, l'armée suisse devrait coopérer plus étroitement avec l'OTAN et l'UE. Parallèlement, l'interdiction de réexporter du matériel de guerre suisse vers des pays occidentaux clairement définis doit être assouplie.

En outre, le budget de l'armée doit être augmenté à 1% du produit intérieur brut d'ici 2030. Enfin, l'effectif théorique de l'armée doit être augmenté en obligeant les doubles nationaux à effectuer leur service militaire dans notre pays.

Le résultat n'est guère surprenant. Dès la fin de l'année 2023, même des membres de Blick avaient soupçonné Viola Amherd d'avoir composé la commission de manière à obtenir le résultat souhaité. En d'autres termes: la conseillère fédérale du Centre utilise la commission uniquement comme feuille de vigne pour soutenir sa ligne de conduite. Désormais, Viola Amherd pourra toujours s'y référer.

«Les soupçons se sont confirmés»

«Sur le plan formel, la commission était une farce», juge la conseillère nationale des Vert-e-s Marionna Schlatter. Les thèmes ont été fixés unilatéralement et les discussions refusées. «Le soupçon que seule la ligne de Viola Amherd devait être soutenue s'est confirmé.» Son collègue de l'UDC Thomas Hurter est du même avis et parle d'une «expertise de complaisance». Car sinon, il aurait manqué des discussions approfondies au-delà de l'assiette.

En effet, sur 22 membres de la commission, les partis n'ont pu en nommer que 6. Viola Amherd a choisi elle-même le reste, les sceptiques de la neutralité, les sympathisants de l'OTAN et les partisans de l'UE formant la majorité. A tel point que même l'adhésion à l'OTAN a été discutée, avant d'être finalement rejetée par une majorité. Les jalons étaient donc posés dès le début.

Viola Amherd n'a jamais semblé vouloir attendre le rapport actuel. En effet, entre-temps, elle a remanié la politique de sécurité à sa guise. Ainsi, la cheffe du DDPS a annoncé il y a un an déjà vouloir adhérer au système européen de défense aérienne Sky Shield. Elle a également maintenu imperturbablement ses plans pour le nouveau Secrétariat d'État à la politique de sécurité (Sepos), malgré toutes les réserves.

Viola Amherd transforme allègrement le DDPS à sa guise

Il y a quelques jours seulement, le Conseil fédéral a de nouveau suivi Viola Amherd: la Suisse doit coopérer plus étroitement avec l'UE sur le plan militaire et participer à l'avenir à deux projets de l'initiative de défense Pesco de l'UE – que cela plaise ou non au Parlement.

Le Conseil national vient pourtant de donner un signal clair contre un lien trop étroit avec l'OTAN: la Suisse ne doit pas participer à des exercices dans le cadre d'attaques d'un pays membre de l'OTAN. Le Conseil des Etats ne s'est pas encore prononcé à ce sujet.

«Je ne sais pas ce que l'on aurait pu faire de plus»

En revanche, Viola Amherd ne veut pas entendre parler d'une composition unilatérale de la commission. «Je ne connais même pas personnellement la plupart des experts, je ne sais donc pas quel est leur arrière-plan politique», a-t-elle expliqué jeudi devant les médias. Toutes les opinions sont représentées dans le rapport. «Je ne sais pas ce que l'on aurait pu faire de plus», a déclaré la conseillère fédérale. Le rapport contient d'ailleurs des recommandations de toutes parts.

Le DDPS souligne également que le travail de la commission n'a absolument rien à voir avec la politique de sécurité actuelle. Le rapport sur la politique de sécurité 2021 en constitue toujours la base, et la commission doit fournir des impulsions pour l'élaboration du prochain rapport en 2025. Mais d'ici là, Viola Amherd crée déjà de nombreux faits, avaient alors grogné les membres de la commission.

Ils n'en sont pas restés là. Alors que d'autres ne faisaient que menacer, Christian Catrina, ancien chef de la politique de sécurité au DDPS, avait jeté l'éponge en tant que rapporteur de la commission. Et le conseiller national socialiste Pierre-Alain Fridez a lui aussi quitté la commission avant la fin des travaux, confirme un article du «Temps».

«Pendant que nous discutions de l'orientation future de la politique de sécurité, Viola Amherd prenait continuellement de nouvelles décisions d'orientation, explique-t-on au sein de la commission. Elle semble se moquer de sa commission d'étude.»

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