Anuschka Roshani a fait couler beaucoup d'encre. Depuis que l'ancienne journaliste de Tamedia a rendu publiques, début février, ses expériences de sexisme et de mobbing chez son ancien employeur, nombre de ses consœurs critiquent une culture d'entreprise patriarcale dans les médias.
«Nous sentons qu'il y a beaucoup de colère», confirme Romi Hofer, porte-parole de Syndicom, le syndicat des travailleuses et travailleurs des médias et de la communication. Cette colère, elle pourrait éclater lors de la grève féministe qui aura lieu le 14 juin prochain.
Romi Hofer ajoute: «Actuellement, nous discutons avec les personnes actives dans les médias de ce qui doit changer dans la branche, en vue de la grève et au-delà.» La syndicaliste ne veut pas encore révéler tout ce qui est prévu, mais elle confirme: «On entendra certainement parler des femmes des médias au plus tard le 14 juin.»
La votation sur l'AVS a «donné la rage» à de nombreuses femmes
Bien au-delà du secteur médiatique, un grand nombre de personnes se mobilisent actuellement pour la prochaine grève féministe. En début de semaine, l'Union syndicale suisse (USS) a lancé la campagne pour la journée d'actions. Quatre ans après la grande grève de 2019, il n'y a toujours guère de progrès quant à la situation financière et sociale des femmes, écrit l'USS. Elle appelle donc à une nouvelle «grande grève féministe».
Lirija Sejdi est convaincue que la journée d'actions de cet été sera «un énorme carton». Cette féministe coordonne les collectifs qui participeront à la grève en Suisse alémanique: «L'élan de 2019 est de retour». La militante l'explique notamment par la votation sur l'AVS de l'automne dernier: «Celle-ci a donné la rage à beaucoup de femmes. Nous avons constaté une mobilisation accrue après la votation.» De nombreux collectifs se sont énormément développés. En outre, Lirija Sejdi dit aussi sentir la volonté de s'impliquer le 14 juin de la part des organisations et des femmes de droite.
Certaines associations ne se sont pas encore prononcées
En attendant, l'Union suisse des paysannes et des femmes rurales n'a pas encore décidé si elle appellerait à la grève. Mais sa présidente Anne Challandes indique: «À l'occasion du 14 juin, nous aimerions motiver les femmes à s'engager dans des organisations, des comités ou des fonctions politiques de manière ciblée pour des améliorations en faveur des femmes.»
Alliance F, l'association faîtière des femmes en politique suisse, n'a pas non plus répondu à la question de savoir si elle soutenait officiellement la journée d'actions. En 2019 déjà, l'organisation, qui s'engage pour l'égalité entre femmes et hommes, était restée longtemps muette à ce sujet, à la surprise et à la colère de nombreuses femmes. Ce n'est que peu de temps avant la journée d'actions que la coprésidente et conseillère nationale vert'libérale Kathrin Bertschy avait fait savoir que l'organisation soutenait la grève. En ce qui concerne la journée d'actions de cette année, alliance F fait savoir qu'elle compte plusieurs organisations qui y participent, tandis que d'autres préfèrent mettre le travail parlementaire au premier plan: «Nous sommes très détendues à ce sujet.»
Religieuses et féministes
Pendant ce temps, les Femmes protestantes en Suisse (FPS) sont déjà en plein dans les préparatifs. «Nous mettrons nous-mêmes quelque chose sur pied le 14 juin», promet la présidente Gabriela Allemann. En effet, l'égalité n'est toujours pas atteinte, ni dans l'Église, ni dans la société.