La lutte pour l'égalité est un thème essentiel, a relevé l'Union syndicale suisse (USS) mardi à Berne. Les femmes ont des salaires moins élevés et des rentes parfois «misérables», elles accomplissent plus de tâches non rémunérées et restent confrontées à des discriminations, a-t-elle regretté.
L'organisation pointe le relèvement de l'âge de la retraite pour les femmes et la persistance des écarts de revenus entre les sexes pour estimer que la situation des femmes ne s'améliore pas vraiment. «En 2020, la moitié des femmes gagnaient moins de 4470 francs brut par mois», note l'USS.
Selon l'Office fédéral de la statistique (OFS), le revenu des femmes - calculé globalement, en incluant les personnes sans activité lucrative - était alors en moyenne 43,2% inférieur à celui des hommes. Cela s'explique aussi par leur surreprésentation dans les emplois mal rémunérés et leur sous-représentation dans les postes bien payés.
Sur la Grève
Part discriminatoire d'environ 18%
Plus spécifiquement, au niveau des salaires, la différence moyenne entre les sexes était de l'ordre de 18%. «La part inexpliquée et potentiellement discriminatoire de cette différence est d'environ 8,5%», a précisé à Keystone-ATS Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l'USS.
En 2020, seule une femme sur dix était rétribuée plus de 8712 francs brut par mois, observe l'USS, toujours sur la base des chiffres de l'OFS. Le problème des bas revenus est surtout féminin: les éducatrices de la petite enfance, les vendeuses ou les coiffeuses gagnent à plein temps entre 3500 et 5000 francs mensuels, après un apprentissage. Dans le même temps, dans les professions «typiquement masculines» comme couvreur ou maçon, les salaires sont supérieurs à hauteur d'environ 1000 francs par mois, selon les statistiques fédérales.
Pour corriger le tir, l'USS en appelle à une large mobilisation le 14 juin prochain, dans le prolongement de la grande grève des femmes du 14 juin 2019, qui avait réuni un demi-million de personnes dans toute la Suisse, selon les chiffres syndicaux. Cette année, l'accent de la mobilisation sera mis plus spécifiquement dans les entreprises.
Une grande partie du travail non rémunéré
La faîtière syndicale se préoccupe aussi du travail non rétribué. Les femmes sont employées plus souvent à temps partiel que les hommes par nécessité, et elles accomplissent la majorité du travail domestique et de la prise en charge de tiers. Tout cela est non rémunéré, ce qui débouche sur des rentes forcément beaucoup plus faibles. Une femme sur trois ne perçoit ainsi pas de 2e pilier.
«Les conditions de travail s'améliorent là où les syndicats sont forts et moyennant une mobilisation collective», a déclaré Natascha Wey, secrétaire générale du Syndicat suisse des services publics (SSP) et vice-présidente de l'USS. «Le taux de couverture des conventions collectives (CCT) doit progresser dans les branches dites féminines.»
Si les femmes accomplissent autant de travail non rémunéré, cela tient au fait que la Suisse est à la traîne des pays européens sur le plan des structures d’accueil extrafamilial, critique l'USS. Elle se classe au 38e rang des 41 pays examinés dans une publication de l'Unicef (2021). Alors que les pays nordiques investissent jusqu’à 2% de leur PIB dans les offres de garde d’enfants, la Suisse en est à 0,1%.
Les syndicats soulignent par ailleurs les progrès restant à faire pour combattre le harcèlement et les violences sexuelles.
(ATS)