Il est «très remonté». Au point qu’aujourd’hui, Marc-Olivier Buffat appelle dans Blick «les peinturlureurs» du climat à manifester. Oui, vous avez bien lu: le président du PLR Vaud encourage les militants écologistes à sortir leurs banderoles et slogans.
Mais «pacifiquement» et «en respectant la loi». Pas de surprise. Le politicien n’a tout de même pas basculé dans le camp de ceux qui occupaient la colline du Mormont pour pointer du doigt le cimentier Holcim.
Marc-Olivier Buffat se fend d’un coup de gueule, comme il en a le secret. Après avoir lancé sa première pique sur Twitter, il fustige ce jeudi le silence «des militants climatiques et des zadistes» lorsque des projets éoliens, de barrages ou photovoltaïques sont repoussés aux calendes grecques pour cause d’oppositions.
Not in my backyard
«J’ai beaucoup de respect pour les habitants de Bavois mais quand j’apprends qu’un moratoire sur les éoliennes prévues sur le terrain communal y est demandé par des élus, je m’interroge.» Et le Lausannois d’asséner: «Où sont ceux qui manifestent dans les banques au nom de l’urgence climatique? Où sont ceux qui militent au siège de Nestlé? Personne ne veut d’hélices dans son jardin. Mais les militants iront-ils leur dire que leurs arguments sont égoïstes et que l’urgence climatique doit passer avant?»
Le libéral-radical s’appuie sur un article de «24 heures» concernant le cas du village du Nord vaudois. Les exemples du genre ne manquent pas, rappelle-t-il au passage. «Des communes fribourgeoises s’opposent aussi aux éoliennes. Dans un autre registre, le barrage Bex-Massongex — qui pourrait alimenter des milliers de personnes en électricité — est aussi paralysé par des recours.»
Le député a récemment réussi à faire passer un postulat pour raccourcir les délais de recours sur les projets à visée climatique. Il estime que les 30 jours laissés aux opposants à des projets écologiques sont excessifs.
Marc-Olivier Buffat salue d’ailleurs «la position courageuse» de la conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga, qui souhaite limiter les possibilités de recours contre les projets hydroélectriques et éoliens. «C’est une action concrète, cela accélérera les procédures, se réjouit-il. Concernant les militants climatiques, il faut que le masque tombe. Ils prennent en otage la cause du climat à des fins qui sont antidémocratiques. En réalité, ils sont surtout contre le grand capital, c’est une lutte déguisée.»
«Un barrage, c’est du béton»
«Nous sommes ouvertement anticapitalistes, ce n’est pas un secret», envoie Robin Augsburger, au nom de la Grève du climat. Selon ce Neuchâtelois, il est fort peu probable que les appels à manifester de Marc-Oliver Buffat soient entendus. «Ce n’est pas notre rôle de servir d’auxiliaire à l’Etat et donc de militer pour des projets étatiques. Notre priorité, avec nos moyens limités, c’est de mettre en avant des sujets peu traités par les politiques.»
En outre, sur le fond, Robin Augsburger s’oppose à la vision du président du PLR Vaud: «La transition écologique ne suffit pas. Le discours libéral réfléchit uniquement aux sources d’énergie dans une vision de croissance. Nous, nous voulons stopper cette croissance. Nous devons produire moins».
Mais la Grève du climat est en faveur des projets éoliens et de développements écologiques, non? «Globalement, nous demandons plus d’énergie renouvelable, affirme le Chaux-de-Fonnier. Mais nous n’avons pas de position unifiée sur la question; certains projets éoliens et hydrauliques ne sont pas vraiment écologiques. Un barrage, c’est du béton. Il faut toujours considérer dans chaque cas spécifique l’énergie grise nécessaire à la réalisation d’une infrastructure.»