La rentrée politique commence fort. Sans langue de bois, le président du PLR Vaud Marc-Olivier Buffat étrille la stratégie Covid des autorités cantonales et fédérales. Celui qui est aussi député au Grand Conseil assure à Blick que la politique vaccinale actuellement menée — qu'il qualifie de «molle» — n'est pas suffisante. Il plaide pour des «injonctions» plutôt que pour des recommandations.
Vous estimez que les autorités manquent de courage politique face aux discours antivax. Qu’est-ce que cela signifie?
D’abord, un constat s’impose. On est en train de prendre du retard par rapport aux pays voisins, où davantage de personnes sont totalement vaccinées. Chaque semaine de retard se paie. Chez nous, on ne cesse de ménager la minorité non vaccinée au détriment de la majorité. Regardons en dehors de nos frontières comment cela se passe. Même s’il y a une certaine résistance au vaccin en France, avec de nombreuses manifestations, il y a en parallèle un discours très fort du président Macron.
Qu’est-ce qui vous séduit chez lui?
Je ne dis pas qu’il fait tout juste mais il a sonné le ralliement, instauré une mesure conséquente avec le pass sanitaire et a obtenu un regain de la vaccination. Chez nous, alors que la rentrée politique est là, nos décideurs cantonaux et fédéraux sont absents. Je suis frappé par leur silence assourdissant. Je crois pourtant que tout le monde est rentré de vacances.
L’ancien conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz disait: «Les Suisses se lèvent tôt mais se réveillent tard». Je dirais même très tard. Prenons la rentrée scolaire. Je suis sidéré de voir que les pratiques ne sont pas harmonisées entre les cantons (les élèves entre 12 et 16 ans doivent porter le masque dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel, mais pas en Valais, dans le Jura ou à Fribourg, ndlr.).
Ce sont les joies du fédéralisme. En quoi est-ce problématique?
C’est le capharnaüm. Chaque canton y va de sa petite méthode et il n’y a aucune volonté de pousser à la vaccination dans le cadre scolaire. Comment voulez-vous que les choses s’améliorent ainsi? Ces gens sont capables de faire une réforme du français que personne n’a demandée, mais quand il s’agit de s’accorder sur des mesures sanitaires, il n’y a plus personne. Les antivax et ceux qui hésitent encore doivent être mis face à leurs responsabilités, c’est maintenant ou jamais.
Le conseiller fédéral Alain Berset et la conseillère d’Etat vaudoise en charge de la Santé Rebecca Ruiz rappellent systématiquement l’importance de la vaccination. Que devraient-ils faire de plus?
Des actes, bon sang! Concernant les personnes qui rentrent de vacances, l’Office fédéral de la santé publique se contente de faire des recommandations. On en est encore là, sérieusement? Les recommandations passent désormais largement au-dessus de la tête des gens. On a maintenant besoin d’injonctions. Il faudrait par exemple imposer un dépistage Covid aux personnes non vaccinées qui rentrent de vacances et non pas seulement leur suggérer d’en faire un.
Mais encore?
Nous sommes en panne d’informations, de clarification et de motivation politique. Pourquoi ne pas mettre à l’école un système de vaccination pour les enfants? On ne peut pas se contenter de masquer tout le monde et d’attendre quelques semaines pour voir ce qu’il se passe, il faut la carotte et le bâton. Plus on impose des contraintes à des personnes vaccinées à cause d’une minorité, plus on risque de créer des conflits sociaux. Il faut se donner les moyens d’accélérer les choses, en allant au contact des gens qui hésitent, des parents et des élèves. L’école est le lieu idéal pour inciter et parler de la vaccination. On ne peut plus y aller mollement.
Le conseiller d’Etat genevois Mauro Poggia estime que la solidarité à l’égard des non-vaccinés à ses limites et veut donc les faire passer à la caisse en cas d’hospitalisation. C’est ce genre de propositions choc qui vous séduisent?
Pas du tout. Mais, avec le temps qui passe, je pense que ce genre de propositions vont faire florès. Inévitablement, comme je vous le disais, il va y avoir du mécontentement chez les gens vaccinés qui doivent continuer de montrer patte blanche. Et c’est normal. Je ne suis pas la position de Monsieur Poggia, mais elle est révélatrice de ce que nos autorités risquent de créer avec leur attentisme et leur politique molle, inaudible.
Je vais d’ailleurs demander à mes députés d’intervenir. Dans le canton de Vaud, quelle est la ligne du Conseil d’Etat? Quelle est sa direction? Que compte-t-il mettre en place pour vacciner celles et ceux qui rechignent? Les gens ont le droit de savoir ce qui les attend.
À entendre votre inquiétude, faudrait-il réfléchir à rendre la vaccination obligatoire?
Je ne vais pas jusque-là. Je respecte la liberté de choix. Mais il faut dire très clairement à la population que si à fin octobre il n’y a pas 75-80% des gens qui sont entièrement vaccinés, il y aura à nouveau des mesures contraignantes, même si on ne pourra pas tout refermer. Par exemple, un pass sanitaire quelconque sera probablement introduit. On ne pourra plus non plus voyager, cela va devenir très compliqué.
En tant que PLR, j’aimerais affirmer qu’un discours franc et honnête peut suffire à améliorer les choses. Mais il faut aussi accompagner les discours incitatifs par des propositions concrètes de vaccination au lieu de démanteler les centres les uns après les autres. Avec cet attentisme qui caractérise nos autorités, on a l’impression de revivre mars 2020. Qu’attendent-elles pour aller au contact de la population?
Les centres ferment parce que toutes les personnes qui souhaitaient se faire vacciner ont pu le faire. À ce propos, l’Office fédéral de la santé publique l’a dit: les mesures doivent de fait être allégées. Y êtes-vous favorable, malgré la situation qui semble empirer?
Je pense qu’il faut être extrêmement vigilant. On ne connaît pas bien le variant Delta. Il a une force de frappe considérable. On entend vaguement parler d’une 3e dose de vaccin depuis quelques semaines, mais rien de concret. Est-ce que cela va à nouveau être la course au vaccin? Les gens s’inquiètent. Ce n’est en tout cas pas le moment de desserrer la vis. Il faut mettre les individus non vaccinés devant des impératifs sanitaires clairs. Les personnes fondamentalement antivax, on ne les convaincra jamais. Par contre, le ventre mou qui hésite si. Cela doit être la priorité.