Le drame de Tête-Blanche (VS) a ébranlé la Suisse tout entière, prouvant une nouvelle fois que la montagne était dangereuse. Mais les conditions météorologiques ne sont pas les seuls éléments qu'il faut prendre en compte lors d'une expédition. Même lors une journée ensoleillée, la nature peut être redoutable – voire fatale.
Les trous karstiques, aussi appelés dolines, sont de véritables pièges mortels pour les randonneurs en raquettes. Ces trous sont les premiers à être cachés sous la neige. Ils sont comparables à des crevasses, souligne le Club Alpin Suisse, mais ne sont pas visibles, car recouverts d'une fine couche de neige.
En Suisse, il existe de nombreuses zones karstiques, notamment dans les Alpes glaronaises et l'Oberland bernois. En janvier 2023, un homme de 38 ans a perdu la vie en tombant dans un tel trou. Dimanche dernier, un randonneur en raquettes a de nouveau été victime d'un accident fatal – au même endroit.
Sur le drame en Valais
L'homme est décédé sur le coup
L'homme et deux amis étaient en route sur l'itinéraire enneigé vers le sommet du Churfirsten, le Selun, à 2204 mètres d'altitude. Le randonneur n'a pas vu le trou karstique et a subi une chute de plusieurs mètres dans le vide. Bien que ses deux amis aient immédiatement appelé les secours, les sauveteurs n'ont rien pu faire pour l'homme, décédé sur le coup.
Le fait qu'un deuxième accident mortel se produise au même endroit a éveillé les consciences. Thomas Diezig est le président de la commune de Wildhaus-Alt St. Johann (SG). Il a tiré la sonnette d'alarme: «Nous n'allons pas continuer à assister à ces accidents sans rien faire.»
Pourtant, le trou karstique en cause dans les deux décès avait bien été signalé sur le parcours par des barres en fer. Mais lorsque la neige devient lourde et épaisse, les barrières s'abaissent et on ne les distingue plus, explique un randonneur à ski au «St. Galler Tagblatt». Pour ce dernier, il est clair que celui qui n'est pas conscient de la problématique des trous karstiques de la région ne reconnaîtra pas non plus les barrières comme des avertissements au danger.
Les indications de sécurité sont recouvertes par la neige
Mais ce n'est pas si simple. Des centaines de trous karstiques jonchent la région du Selun. «A qui revient la responsabilité si les dolines sont indiquées sur une carte, mais qu'une personne est victime d'un accident dans un trou non sécurisé?», se demande Thomas Diezig.
Les barrières autour du trou en cause dans les deux récents décès ont été installées l'année dernière après le premier accident. A l'époque déjà, des mesures de prévention avaient été réclamées avec insistance. Mais ces barrières sont également exposées aux forces de la nature. Les indications de sécurité devraient être de deux ou trois mètres plus hautes pour être visibles toute l'année, poursuit le président de la commune.
Le CAS avait déjà corrigé l'itinéraire
Le Club alpin suisse (CAS) avait déjà corrigé l'itinéraire du sentier de randonnée à ski après l'accident du premier randonneur à raquettes. Mais de telles mesures sont insuffisantes. «Tout le monde ne s'informe pas au préalable sur son itinéraire de randonnée. Et une fois qu'une trace de ski est tracée, les prochains skieurs de randonnée ou en raquettes la suivent», se désole le président de la commune st-galloise.
Le tracé des chemins doit donc encore être réaménagé, selon lui. En outre, la communication dans la région devrait être revue en collaboration avec l'office du tourisme du Toggenburg, pour informer la population concernant la problématique des trous karstiques.
Environ 20% de la surface de la Suisse sont des régions karstiques, comme l'indique le CAS sur son site Internet. Les paysages caractéristiques de ces zones sont les grottes, les puits, les champs de charriage et de grattage ou les dolines. Ces derniers ne sont généralement pas mentionnés de manière spécifique sur les cartes en dessous d'un diamètre de dix mètres. Ce sont donc les plus petits trous qui sont particulièrement dangereux: recouverts de neige et non indiqués, ils deviennent de vrais pièges mortels pour les randonneurs.