Nous ne sommes définitivement pas à un rebondissement près, dans l’affaire Y-Parc. Souvenez-vous: en décembre, nous révélions que l’entrepreneur accusé d’agression par l’ancienne directrice de ce parc scientifique et technologique d’Yverdon-les-Bains (VD), le plus vieux et le plus grand de Suisse, était blanchi par la justice. L’avocat de la victime des coups, Me Raphaël Mahaim, nous annonçait dans les jours suivants que sa cliente ne ferait pas recours contre cette décision. Fin de l’affaire, comme tout le monde s’y attendait logiquement? Tant s’en faut!
L’homme qui croyait être mis hors de cause pour ces faits remontant à mars 2021 a finalement appris qu’une personne avait pris la plume pour s’opposer à l’ordonnance de classement et de suspension émise par le Ministère public, datée du mardi 22 novembre 2022. Cet individu n’est pas n’importe qui, puisqu’il s’agit de Ruben Ramchurn, ancien vice-président de l’UDC du district Jura-Nord vaudois et ex-président de la section yverdonnoise du parti conservateur.
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Blick s’est procuré l’argumentaire de ce trublion de la politique, en retrait de ses fonctions depuis qu’il a tenté en vain de faire accepter l’adhésion à son parti de l’ancien député français Joachim Son-Forget. Présumé innocent, celui qui a été directeur d'EMS est par ailleurs visé par une instruction pénale. Il serait impliqué dans un trafic de faux pass sanitaires français, révélait le site Watson. Il aurait également organisé des fêtes chez lui en dépit des restrictions sanitaires, avec la mise à disposition de drogue, résumait «24 heures». Des accusations que conteste formellement le principal intéressé.
Un recours enflammé
«J’ai l’impression que, depuis le départ, le Ministère public a bâclé l’enquête, comme s’il n’avait pas envie de la résoudre», écrit Ruben Ramchurn, dans son opposition de cinq pages. Il enchaîne: «On s’est contenté de prendre de l’ADN, alors qu’il n’y a que dans les séries TV américaines qu’on trouve de l’ADN après que la pluie est tombée pendant des heures. [L’ancienne directrice] est restée inconsciente et échouée sur le bord du canal. Il n’y avait donc évidemment que mon ADN sur elle puisque c’est moi qui l’ai retrouvée juste avant l’arrivée de la police. En outre, vu que l’agression semblait préméditée, il semble évident que son auteur aurait mis des gants.»
Un rappel des faits s’impose. Replongeons-nous dans notre article du 1er décembre et dans le récit de l’ex-dirigeante d'Y-Parc, licenciée quelques mois après avoir été passée à tabac, le 17 mars 2021. Dans les grandes lignes, elle indiquait que, le jour des coups, elle était partie faire un jogging dans les champs non loin de son lieu de travail.
Alors qu’elle s’était arrêtée en chemin et qu’elle regardait son chien gambader, elle aurait aperçu un homme vêtu d’un jean et d’un pull à capuche, masquant son visage. Celui-ci aurait tenté de donner un coup de pied à son fidèle compagnon à quatre pattes avant de s’approcher d’elle, à quelque 50 centimètres. Puis, blackout.
La jeune femme se serait ensuite réveillée, par terre, dans une flaque d’eau, après avoir été frappée. En tentant de retourner à sa voiture, elle aurait été prise de vertiges et aurait vomi, chutant même à plusieurs reprises.
Rebondissements en série
Le bilan médical est sérieux: elle a souffert «de plusieurs tuméfactions, ecchymoses et douleurs à la palpation, notamment au niveau du visage, du flanc droit et de la jambe et du bras gauche», liste le Ministère public. Les soupçons de la victime se sont immédiatement portés sur «son ex-copain», l’entrepreneur qui était brièvement passé par Y-Parc avant d’en être viré pour «non-paiement du loyer et travaux non autorisés», notamment.
Parallèlement, l’homme pointé du doigt, dont le nom et les actes présumés se murmuraient sur toutes les lèvres au sein du landerneau politique, se défendait en affirmant être en réalité la victime de celle qui l’accuse. Dans notre enquête publiée le 8 juin 2021, fruit de trois semaines de recherches, il étayait ses assertions avec des dizaines et des dizaines de documents: enregistrements vocaux, courriels, messages échangés sur l’application WhatsApp et… copie de son historique d’appels.
Ainsi, une nuit, l’Yverdonnoise — qui avait d’après l’entrepreneur en question «un comportement obsessionnel» — lui avait laissé pas moins de 45 appels en absence. Il affirmait, en outre, avoir toujours réglé ce qu’il devait à Y-Parc et que son expulsion était fondée sur des motifs «mensongers». La vraie raison selon lui? Il aurait payé au prix fort le fait d’avoir dénoncé le comportement de la dirigeante. Neuf témoignages qui se recoupent venaient souligner cette interprétation.
En janvier de cette année, le conseil d’administration revenait complètement sur les justifications avancées pour le faire quitter ses locaux. «Nous n’avions pas d’autres informations que celles remontées par notre ancienne directrice et nous n’avons compris qu’après coup qu’elle nous transmettait parfois de mauvaises informations», nous confiait Pierre-Luc Maillefer, président ad intérim du conseil d’administration, avant que Pascal Broulis, ancien conseiller d’Etat et actuel candidat au Conseil des Etats libéral-radical, ne le remplace. De son côté, leur ex-employée maintenait sa version des faits par la voix de son avocat, le conseiller national et candidat écologiste au Conseil des Etats Raphaël Mahaim.
Un rappel des faits s’impose. Replongeons-nous dans notre article du 1er décembre et dans le récit de l’ex-dirigeante d'Y-Parc, licenciée quelques mois après avoir été passée à tabac, le 17 mars 2021. Dans les grandes lignes, elle indiquait que, le jour des coups, elle était partie faire un jogging dans les champs non loin de son lieu de travail.
Alors qu’elle s’était arrêtée en chemin et qu’elle regardait son chien gambader, elle aurait aperçu un homme vêtu d’un jean et d’un pull à capuche, masquant son visage. Celui-ci aurait tenté de donner un coup de pied à son fidèle compagnon à quatre pattes avant de s’approcher d’elle, à quelque 50 centimètres. Puis, blackout.
La jeune femme se serait ensuite réveillée, par terre, dans une flaque d’eau, après avoir été frappée. En tentant de retourner à sa voiture, elle aurait été prise de vertiges et aurait vomi, chutant même à plusieurs reprises.
Rebondissements en série
Le bilan médical est sérieux: elle a souffert «de plusieurs tuméfactions, ecchymoses et douleurs à la palpation, notamment au niveau du visage, du flanc droit et de la jambe et du bras gauche», liste le Ministère public. Les soupçons de la victime se sont immédiatement portés sur «son ex-copain», l’entrepreneur qui était brièvement passé par Y-Parc avant d’en être viré pour «non-paiement du loyer et travaux non autorisés», notamment.
Parallèlement, l’homme pointé du doigt, dont le nom et les actes présumés se murmuraient sur toutes les lèvres au sein du landerneau politique, se défendait en affirmant être en réalité la victime de celle qui l’accuse. Dans notre enquête publiée le 8 juin 2021, fruit de trois semaines de recherches, il étayait ses assertions avec des dizaines et des dizaines de documents: enregistrements vocaux, courriels, messages échangés sur l’application WhatsApp et… copie de son historique d’appels.
Ainsi, une nuit, l’Yverdonnoise — qui avait d’après l’entrepreneur en question «un comportement obsessionnel» — lui avait laissé pas moins de 45 appels en absence. Il affirmait, en outre, avoir toujours réglé ce qu’il devait à Y-Parc et que son expulsion était fondée sur des motifs «mensongers». La vraie raison selon lui? Il aurait payé au prix fort le fait d’avoir dénoncé le comportement de la dirigeante. Neuf témoignages qui se recoupent venaient souligner cette interprétation.
En janvier de cette année, le conseil d’administration revenait complètement sur les justifications avancées pour le faire quitter ses locaux. «Nous n’avions pas d’autres informations que celles remontées par notre ancienne directrice et nous n’avons compris qu’après coup qu’elle nous transmettait parfois de mauvaises informations», nous confiait Pierre-Luc Maillefer, président ad intérim du conseil d’administration, avant que Pascal Broulis, ancien conseiller d’Etat et actuel candidat au Conseil des Etats libéral-radical, ne le remplace. De son côté, leur ex-employée maintenait sa version des faits par la voix de son avocat, le conseiller national et candidat écologiste au Conseil des Etats Raphaël Mahaim.
Plus loin, le conseiller communal (législatif) de la cité thermale avance une thèse qui pourrait s’apparenter à un complot orchestré contre sa personne. «Vous avez prêté serment de servir la justice, je vous demande de bien y repenser, lance l’ex-cadre de l’UDC. Si la justice vaudoise a les moyens de convoquer près d’une dizaine de personnes pour essayer de me mettre sur le dos une affaire de certificats sanitaires, comment ne les a-t-elle pas pour enquêter sérieusement sur cette affaire autrement plus grave, où on a essayé d’assassiner une femme? Pourquoi le Ministère public n’a pas convoqué les protagonistes pour davantage de vrais interrogatoires? Est-ce que nous vivons dans un canton où il est plus grave d’être soupçonné d’avoir permis à des gens d’obtenir de faux certificats vaccinaux européens et d’avoir organisé des fêtes chez soi avec de la 'drogue' que d’avoir essayé d’assassiner quelqu’un?»
Il développe sa théorie: «Pour l’amour de Dieu, de notre patrie et de nos lois, donnez-nous encore envie de croire à la justice! […] Condamnez-moi à tout ce que vous voulez, mais rendez justice à [l’ancienne directrice d’Y-Parc], elle n’est pas responsable de mes fautes et elle a le droit, comme toute femme victime, à la justice et à la protection, même si elle a été ma compagne. Dans quel type d’État vivrions-nous si elle devait payer pour moi?»
Une démarche irrecevable
Le Tribunal cantonal n’a pas été sensible à cette prose enflammée. Dans un arrêt daté du 27 mars, la Chambre des recours pénale juge le recours de l’Yverdonnois irrecevable. La raison? «Le recourant qui, au moment des faits à tout le moins, n’avait pas le même domicile que la victime, a été entendu le 17 mars 2021 par la police en qualité de personne appelée à donner des renseignements. Il l'a été une seconde fois le 8 septembre 2022, en qualité de témoin cette fois, à sa demande. Il a alors notamment indiqué avoir eu accès à certaines parties du dossier. Or, le recourant n’a jamais déclaré vouloir participer à la procédure; il n’a en particulier pas fait valoir de préjudice propre lié à l’infraction qui aurait été commise au détriment de [l’ancienne directrice d’Y-Parc]. Il n’a au demeurant, tout au long de la procédure, pas été considéré, à juste titre, comme partie, de sorte que l’ordonnance attaquée ne lui a pas été notifiée.»
En clair, Ruben Ramchurn «n’a pas d’intérêt juridiquement protégé à contester le classement et la suspension prononcée par l’ordonnance, précise le Tribunal cantonal. Son recours est ainsi irrecevable.»
Une décision que salue l’avocat de l’entrepreneur accusé, Me Diego Roggero. «La procédure abusive et infondée diligentée à l’encontre de mon client sur de fallacieuses accusations a enfin vu son épilogue, à la suite de l’abandon définitif de toutes les prétendues charges par le Tribunal cantonal, réagit l'homme de loi. Vu le caractère calomnieux des accusations ayant entraîné cette procédure, ces dernières font déjà à leur tour l’objet d’une procédure pénale, dirigée cette fois-ci contre les accusateurs de mon client.»
Le défenseur va plus loin et s’interroge: «Les motivations et la détermination de chacun des accusateurs devront d’ailleurs être analysées par la justice, celles-ci semblant avoir été motivées par des intérêts personnels très divergents. En effet, et pour preuve, la victime de cette agression n’a finalement pas contesté l’acquittement légitime de mon client par le Ministère public, au contraire de son ancien compagnon, Monsieur Ramchurn. Mon client peine encore aujourd’hui à comprendre les prises de position vindicatives et haineuses de ce dernier jusque devant le Tribunal cantonal, qui a su n’y donner aucune suite. Mon client espère maintenant que la justice saura expliquer les raisons pour lesquelles il a été accusé à tort par ces personnes clairement mal intentionnées.»
Accusations réitérées
Joint par téléphone ce vendredi matin, Ruben Ramchurn indique qu’il n’a pas encore décidé s’il compte faire recours au Tribunal fédéral. «J'ai encore une vingtaine de jours pour le faire, mais je ne sais pas si cela vaut la peine puisque [l’entrepreneur qu’il accuse] est protégé par la justice», s’agace-t-il. Qu’est-ce qui lui permet de l’affirmer? «C’est un indic qui travaille secrètement pour la police et je suis maintenant convaincu que c’est lui qui a agressé [l’ancienne directrice d’Y-Parc].»
Questionné sur la raison de son recours alors que son amie avait renoncé à le faire, l’ex-politicien assure qu’il s’agissait «uniquement de dire ce qu’il avait sur le cœur». «La vérité finira par éclater et elle sera terrible pour la justice, la police, le conseil d'administration d'Y-Parc et les journalistes comme toi, qui ont détruit la vie de [l’ancienne directrice d’Y-Parc]», adresse-t-il encore à l'auteur de ces lignes.