Si l'on en croit le Parlement, l'énergie éolienne manque de souffle. Une quarantaine d'installations fournissent aujourd'hui 0,15 térawattheure d'électricité par an, soit moins d'1% du mix électrique suisse. L'Assemblée fédérale veut donc aller de l'avant dans ce domaine. Avec la guerre en Ukraine, la Suisse doit devenir encore plus rapidement indépendante du pétrole et du gaz russes.
Limiter les possibilités de recours
La commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national s'engage pour une offensive éolienne. L'objectif: le vent doit à l'avenir permettre de fournir un térawattheure d'électricité par an. Pour ce faire, la commission veut mettre le turbo sur l'énergie éolienne et rationaliser la procédure juridique.
L'initiative parlementaire de la commission demande en substance que la nécessité d'obtenir une autorisation de construire soit supprimée pour les projets éoliens prêts à être réalisés. Elle coupe ainsi littéralement l'herbe sous le pied des éventuels opposants au niveau communal. En effet, les projets éoliens très avancés devraient à l'avenir recevoir l'autorisation de construire du canton seulement. En règle générale, ce sont les communes qui s'en chargent aujourd'hui. La condition préalable est l'existence d'un plan d'affectation déjà entré en force. Le permis de construire ne pourrait alors être contesté que devant le Tribunal cantonal, ce qui limite les voies de droit pour les recours.
Röstigraben constaté
Un sondage représentatif réalisé par l'institut de recherche Sotomo pour le compte de Blick montre que les communes ne sont pas prêtes à accepter les permis de construire. Certes, une majorité de 53% est favorable à la limitation des possibilités de recours contre les éoliennes, mais l'enquête révèle un Röstigraben sur cette question.
En Suisse romande, 61% des personnes sondées se prononcent clairement ou plutôt clairement contre la position pro-éolienne du Conseil national. La situation est différente en Suisse alémanique, où 56% sont favorables à la limitation des possibilités d'opposition.
La Romandie est plus concernée
Le rejet en Suisse romande est probablement aussi lié au fait que la population y est davantage concernée, puisqu'une grande partie des éoliennes helvétiques se trouvent en zone francophone. Le plus grand parc du pays se trouve par exemple sur le Mont-Crosin dans le Jura bernois, près de Saint-Imier: on y trouve 16 éoliennes.
De plus, cinq des six projets qui pourraient profiter du programme d'accélération de l'éolien se trouvent en Suisse romande: Mollendruz, Eoljorat, Sur Grati (tous trois dans le canton de Vaud), Charrat en Valais et Crêt-Meuron à Neuchâtel.