D’où proviendra notre électricité à l’avenir? Du soleil? Du vent? Ou d’une centrale nucléaire? L’agression russe contre l’Ukraine a remis en question de nombreuses certitudes de la politique énergétique suisse.
Le Parlement se penche actuellement sur l’approvisionnement énergétique futur. À partir de lundi, le Conseil national débattra pour assurer l’approvisionnement en électricité de la Suisse à moyen et long terme.
Le solaire arrive en tête
Grâce à un questionnaire soumis à ses lecteurs en février, Blick a voulu savoir ce que désirait vraiment la population quant à l’approvisionnement en énergie du pays. Solaire, nucléaire, éolien… Comment répondre à la pénurie d’électricité? Nous avons récolté l’avis de plus de 9000 personnes en Suisse romande et alémanique.
Les résultats du sondage montrent que l’énergie nucléaire bénéficie d’un large soutien chez une majorité de la population. Près de 55% des personnes interrogées estiment que les centrales nucléaires jouent un rôle important pour remédier à la pénurie d’électricité en Suisse. L’énergie nucléaire arrive en troisième position – derrière les installations solaires sur les bâtiments (77%) et les grandes installations hydroélectriques (74%).
Le nucléaire a de nouveau la cote
En 2017 encore, le peuple a approuvé à 58% la Stratégie énergétique 2050 qui comprend l’abandon du nucléaire. Ce vote a été un triomphe pour la ministre de l’Énergie de l’époque, Doris Leuthard.
Mais peu après, les grandes discussions sur la promotion des alternatives énergétiques ont commencé. Pour les installations solaires, ce sont les investissements qui n’étaient guère rentables. Pour l’énergie hydraulique, ce sont les prix bas de l’énergie qui empêchaient son développement. Et pour l’énergie éolienne, la résistance tenace et les oppositions ont bloqué les projets pendant des années.
Aujourd’hui, tout semble à nouveau différent: une initiative populaire visant à lever l’interdiction de construire des centrales nucléaires est même en pleine phase de récolte de signatures. Intitulée «De l’électricité en tout temps. Stop au black-out», elle a été lancée à la fin de l’été 2022 et veut inscrire dans la Constitution que l’approvisionnement en électricité doit être garanti à tout moment, y compris, si nécessaire, par de nouvelles centrales nucléaires.
Et ce, bien que les Vert-e-s exigent que toutes les centrales nucléaires existantes soient déconnectées du réseau d’ici à 2037 au plus tard. Seulement voilà: les électeurs ne sont pas de cet avis. Selon un sondage, ils rejetteraient la demande des Vert-e-s à 64%. Seul un bon tiers de la population est pour ou plutôt pour l’arrêt des centrales nucléaires à cette date.
Plutôt pas de subventions pour les exploitants de centrales nucléaires
Ainsi, 56% des personnes interrogées sont pour ou plutôt pour que la Suisse planifie rapidement ou finance de nouvelles centrales nucléaires afin de garantir l’approvisionnement en électricité.
Seulement, lorsqu’il s’agit de financer ce projet, les ardeurs se tempèrent: 49% pensent que l’État devrait aider les exploitants de centrales nucléaires lorsque l’exploitation n’est plus rentable, et 51% sont contre.
Il est intéressant de noter que les 18-35 ans sont les plus opposés à la fermeture des quatre centrales nucléaires. Pour 60%, il n’est pas question de les débrancher d’ici à 2037. L’opposition est tout aussi forte chez les plus de 55 ans. La tranche d’âge intermédiaire est en revanche un peu plus sceptique à l’égard des centrales nucléaires. C’est ce qui ressort des réponses à plusieurs questions.
Les installations solaires sur les bâtiments sont bien accueillies
La population est très favorable à l’obligation d’installer des panneaux solaires sur les bâtiments commerciaux et publics. 60% des personnes interrogées y sont favorables, 17% plutôt favorables. Seule une personne sur cinq est plutôt en désaccord. Les électeurs de Suisse romande sont nettement favorables à ce projet: ils le soutiennent à 92%. En Suisse alémanique, le taux d’approbation est de 72%.
Si l’on en croit les votants, les installations solaires devraient également être disposées à l’avenir dans les bâtiments d’habitation. Le soutien est toutefois moins net que pour les nouveaux bâtiments commerciaux et publics: 69% y sont plutôt ou clairement favorables. Ici aussi, le Röstigraben est frappant: Les Romands se prononcent beaucoup plus clairement en faveur de l’énergie solaire que les Alémaniques (87 contre 63%).
Deux tiers des personnes interrogées soutiennent en outre le développement de l’énergie hydraulique dans les Alpes par le biais de grands projets. Seuls 12% pensent que ce n’est pas une bonne idée. Quel que soit le parti politique auquel les électeurs s’identifient, leur soutien est supérieur à 50%. L’un de ces projets prévoit de rehausser de 23 mètres le barrage du lac du Grimsel. Cela devrait permettre de presque doubler sa capacité.
