Le programme du parti sous la loupe
Certaines revendications de l'AfD sont déjà une réalité en Suisse

En regardant de plus près le programme du parti d'extrême-droite allemand AfD, une grande partie de leurs revendications sont déjà appliquées en Suisse. Blick met en lumière les similitudes en neuf points.
Publié: 04.09.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 04.09.2024 à 07:00 heures
L'AfD de Björn Höcke a obtenu d'excellents résultats lors des élections en Thuringe.
Photo: AFP
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Samuel Schumacher

Radical, extrême-droite, proche des nazis: après le succès de l'AfD en Thuringe et en Saxe, les critiques ne cessent pas en Allemagne et la moitié du monde regarde nos voisins du nord avec une profonde inquiétude.

Après une campagne électorale tumultueuse, il est essentiel d'analyser les véritables intentions de l'AfD. Blick a scruté leur programme et constate que la Suisse incarne déjà ce que l'AfD aspire à instaurer en Allemagne. Les neuf points suivants illustrent comment ce que l'AfD souhaite pour l'Allemagne est depuis longtemps une réalité dans notre pays.

1

Plus de démocratie directe

L'AfD souhaite organiser en Allemagne des «votations populaires sur le modèle suisse». Il faut plus de démocratie directe, moins de dirigisme politique de la part de l'état-major berlinois.

En Suisse, les électeurs sont appelés aux urnes quatre fois par an. De plus, nous élisons tous les quatre ans le Parlement national, ainsi que les parlements et les gouvernements cantonaux.

2

Plus d'autodétermination des pays dans l'UE

L'AfD veut une Europe des États souverains, c'est-à-dire moins de prescriptions de Bruxelles et de Strasbourg. Sans la mise en œuvre rapide de réformes profondes, elle veut faire sortir l'Allemagne de l'UE et lancer une nouvelle Communauté économique européenne (CEE).

Cela correspond à ce que la Suisse, pays non membre de l'UE, a déjà aujourd'hui avec ses accords bilatéraux.

3

Moins de visibilité pour l'islam

Le parti d'extrême droite affirme avec force que «l'islam ne fait pas partie de l'Allemagne». Il plaide pour l'interdiction des nouvelles mosquées financées par des fonds étrangers ou gérées par des associations jugées contraires à la Constitution. De plus, l'AfD milite pour l'interdiction du voile intégral.

En Suisse, l'interdiction du port de la burqa a été approuvée de justesse en 2021. Quant à l'interdiction de la construction de minarets, elle va au-delà de la volonté de l'AfD de durcir les conditions de création de nouvelles mosquées.

4

Pas d'armes pour l'Ukraine

Même si cela ne figure pas directement dans le programme du parti, l'AfD a clairement indiqué pendant la campagne électorale qu'elle ne voulait plus livrer d'armes à l'Ukraine. En plus, le parti souhaite rapidement mettre fin à cette guerre par voie diplomatique.

La Suisse est restée fidèle à sa neutralité, au moins en ce qui concerne les livraisons d'armes à l'Ukraine. La Confédération n'a pas envoyé une seule cartouche, ni même des gilets pare-balles aux troupes de Volodymyr Zelensky. Le Conseil fédéral s'est montré ouvert aux discussions avec la Russie lors de la dernière conférence du Bürgenstock.

5

Un service militaire obligatoire

En 2011, l'Allemagne a aboli le service militaire obligatoire. L'AfD veut revenir sur cette décision et réengager tous les citoyens masculins âgés de 18 à 25 ans.

La Suisse a maintenu le service militaire obligatoire depuis la création de l'Etat en 1848.

6

Abolir l'impôt sur les successions

L'AfD plaide pour l'abolition de l'impôt sur les successions. Selon eux, il serait «hostile aux classes moyennes» et menacerait la gestion prudente de la transmission du patrimoine d'une génération à une autre.

En Suisse, les conjoints survivants et, dans la plupart des cas, les enfants sont exonérés de l'impôt sur les successions.

7

Repenser la sortie du nucléaire

L'AfD estime que la sortie du nucléaire décidée par le gouvernement d'Angela Merkel en Allemagne a été précipitée. Elle demande une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires allemandes.

En Suisse, quatre des cinq centrales nucléaires d'antan sont toujours en service. Il n'existe pas de limitation légale de la durée de vie des centrales nucléaires. Les sociétés d'exploitation Axpo et Alpiq ont déjà prolongé la durée de vie prévue de leurs réacteurs de 50 ans initialement à 60 ans.

8

Renforcer le système d'apprentissage

L'AfD réclame une garantie durable pour le maintien du système de formation duale, qui associe des places d'apprentissage en entreprise à des enseignements dans des écoles professionnelles publiques. Ce modèle, pilier de la formation en Allemagne, est aujourd'hui fragilisé par la montée en puissance de l'académisation.

En Suisse, le système de formation duale est profondément ancré dans l'identité nationale. Aucun autre pays au monde ne compte autant d'apprentis aussi bien formés que la Suisse.

9

Libre choix des listes dans les urnes

En Allemagne, lors des élections fédérales organisées tous les cinq ans, les électeurs sont confrontés à des listes de partis prédéfinies, qu'ils ne peuvent modifier. Cependant, ils ont la possibilité de voter directement pour un candidat de leur circonscription. L'AfD milite pour une réforme permettant aux électeurs de composer librement leurs listes électorales, en supprimant les noms de candidats qu'ils jugent indésirables.

En Suisse, les électeurs sont les maîtres incontestés du cumul des mandats, de la biffure de noms et du panachage, une pratique qui leur permet de personnaliser largement leurs bulletins de vote.

Conclusion: Beaucoup des propositions défendues par l'AfD sont déjà une réalité en Suisse. Par exemple, le parti réclame la suppression des systèmes scolaires intégratifs, prônant un retour à la scolarisation des enfants ayant des troubles du comportement ou des difficultés d'apprentissage dans des classes séparées. Cette même revendication est actuellement portée en Suisse, non par des extrémistes, mais par le parti libéral-radical (PLR).

Dans ce contexte, il n'est guère surprenant que l'immigration de citoyens allemands en Suisse atteigne des niveaux records. Fin 2023, quelque 324'000 Allemands résidaient en Suisse. A leurs yeux, notre pays semble offrir une alternative attrayante à l'Allemagne.

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