Ouf! C’est un message rassurant qui apparaît sur WhatsApp, ce mardi 19 septembre. «Bonjour, j’ai survécu au loup la nuit passée!» Nous ne sommes pas dans un remake de la fable d’Esope, mais en plein dans la campagne de Sébastien Pedroli, candidat socialiste au Conseil national. La longue discussion qui suit au bout du fil est à la hauteur de son challenge qui ressemble un peu à une journée des métiers améliorée: extraordinaire!
Sa dernière immersion l’a mené sur les pas d’un berger à plus de 2000 mètres d’altitude, non loin du Piz de Trescolmen, dans le canton… des Grisons. «J’ai vécu l’horreur même si mes soucis ne sont évidemment pas comparables à ceux de mon accompagnateur, se marre le Vaudois. Pour être honnête, je ne fais jamais de randonnées et j’ai peur quand je conduis sur les routes de montagne.»
À lire aussi
Imaginez le tableau. «Depuis le village San Bernardino, nous sommes encore montés un sacré bout en voiture, sur une voie très étroite. J’étais terrorisé. Puis, il a fallu continuer l’ascension à pied. Mon maître de stage du jour m’avait annoncé 30 à 40 minutes d’effort pour arriver à son troupeau. Une estimation peut-être valable pour un berger qui fait ça toute la journée, mais pas pour un avocat qui sort du bureau!»
Avant d’aller plus loin dans son récit, un peu de contexte. Ce Payernois s’est lancé dans un défi inédit, cet été. À la fin du mois de juin, le spécialiste du droit de la famille publie sur son profil Facebook un message enjoignant ses contacts — qu’il connaît personnellement ou non — à le prendre en stage une journée sur leur lieu de travail.
Objectif: comprendre et affronter très concrètement les difficultés du plus grand nombre possible de métiers. À ce jour, celui qui est aussi député au Grand conseil a notamment partagé le quotidien et les difficultés d’un carreleur, d’une salariée d’une garderie, d’un employé de La Poste et des CFF. Et, vous ne l’aurez (étonnement) pas vu venir… d’une cartomancienne!
Pedroli avec le loup
Revenons à nos moutons. Sébastien Pedroli ne raconte pas d’histoire: sa «promenade de santé» grisonne l’a fait souffrir. «Je n’en pouvais plus quand mon guide m’a dit qu’il ne restait plus que 200 mètres, confie-t-il. Je me suis dit: 'C’est bon, tu peux le faire, ce n’est que deux terrains de foot' (ndlr: à prononcer «fotte»). J’ai failli finir à quatre pattes.»
Finalement arrivé à destination, l’élu du parti à la rose reprend son souffle – et découvre un troupeau d’environ 500 têtes, avec qui il passera la nuit. «Pour protéger les animaux du loup, il y avait sept ou huit chiens ainsi qu'un parc électrique qu'il faut monter chaque soir, c’était très impressionnant! J’ai pu mesurer le travail de dingue que cela représente.»
Toujours d'après l'élu, il est indéniable qu'il y a «un problème loup» pour les éleveurs. Mais il y aurait certainement une autre voie que simplement celle «du prélèvement». À l'instar de la solution utilisée par le pâtre rencontré, à savoir des chiens de protection et des filets électrifiés.
Un «équilibre» qui a toutefois un coût. «Je peux vous dire que les gros toutous du berger avaient une autre allure que mon spitz nain. Allez savoir combien de kilos de viande ils mangent par jour… En tout cas, les nourrir et s’en occuper représente des frais. Mais parallèlement, les revenus n’augmentent pas. C’est un problème qu’il faut résoudre en revalorisant ces jobs.»
Des expériences uniques et sincères
Avec ses grosses gouttes de sueur, de pluie et de grappa avalées à 9h30 du matin (!), cette plongée formatrice lui aura ouvert les yeux sur une réalité qu’il ne connaissait pas. Un peu comme lorsque le politicien s’est rendu une journée chez… une voyante installée à Lucens, dans la Broye. «Début août, j’ai pu voir son travail et tirer les cartes avec elle, narre Sébastien Pedroli. Sans rire, j’ai été impressionné par l’accompagnement social, au téléphone ou en présentiel, que représente son activité!»
Ah bon? Le consultant pour l’ASLOCA est formel: «Cette dame était en tout cas très loin de la pratique de certains arnaqueurs, assure-t-il. On a par ailleurs discuté de la dépendance à la voyance, ou à la pseudo-voyance, et on s’est dit qu’une initiative en vue de limiter la durée des appels surtaxés, comme c’est déjà le cas en Belgique, pourrait être un bon premier pas.»
Le prétendant à la Chambre basse n’a pas osé demander à la diseuse de bonne aventure si la population l’enverrait à Berne le 22 octobre. Mais là n’est pas l’important. «De toutes mes expériences, notamment à La Poste où j’ai été très surpris de voir comme tous les délais de traitement imposés au personnel en charge des colis sont hyper serrés, j’ai pu tirer des convictions fortes. Les problématiques rencontrées par ces gens sont sérieuses et méritent une bien meilleure attention.»
Par exemple? «Je suis plus que jamais convaincu qu’il faut instaurer un salaire minimum à 4000 francs, insiste-t-il. J’ai vu trop de travailleurs gagner moins que ça. Je parlais précédemment de la revalorisation du métier de berger, mais je pense que beaucoup d’autres doivent aussi être davantage considérés, comme celui de plombier. Bref. En agissant de la sorte, j’ai eu l’impression d’être vraiment proche des gens que je veux représenter sous la Coupole fédérale et de leur réalité. Pas comme certains qui se contentent de se montrer dans les repas de soutien durant quelques semaines…»