La problématique des économies d'énergie est actuellement à l'ordre du jour. Mais il ne s'agit pas du seul domaine dans lequel les ménages font leurs comptes. En termes d'achats, les consommateurs réduisent aussi la voilure. L'heure des discounters suisses a donc sonné. «Nous accueillons actuellement de nombreux nouveaux clients dans nos filiales», nous explique-t-on chez Aldi. Il faut dire le groupe fait de la publicité depuis des semaines avec le slogan «Aldi aide». De son propre aveu, il place dans ses rayons des actions spéciales supplémentaires, en raison du renchérissement qui sévit.
De son côté, Denner se lance aussi dans la brèche. «Nous nous battons tous les jours pour des prix bas. D'autant plus dans la situation actuelle», peut-on lire un prospectus publicitaire. On y trouve aussi une liste des marques propres dont le prix a été durablement baissé. Celles-ci sont «très appréciées» par les clients soucieux des tarifs, fait savoir le service de presse de la filiale de Migros. Cette dernière confirme également une augmentation de sa clientèle.
Lidl est quant à lui plus fréquenté que jamais. «Nous sentons que la préoccupation liée aux prix est davantage présente dans l'esprit de nos clients ces derniers temps, explique la porte-parole Jacqueline Fäs. Les produits de marques dites propres et les offres promotionnelles sont très demandés.»
On se détourne du bio
Les discounters ne répondent pas aux questions qui concernent leur chiffres d'affaires ou des données plus précises sur la clientèle. Ils ne souhaitent pas être qualifiés de profiteurs de la crise par ricochet. Le constat est toutefois frappant: alors que la clientèle d'Aldi, Denner et Lidl se tourne de plus en plus vers les produits bio, les aliments conventionnels sont davantage consommés chez les grands distributeurs.
«Pour la première fois, nous percevons effectivement que les clientes et les clients modifient leur comportement d'achat et se tournent de plus en plus vers des articles moins chers au lieu de produits premium ou bio», déclarait récemment le patron de Migros, Fabrice Zumbrunnen, dans une interview accordée à Blick. «Nous sentons que les gens sont préoccupés par leur porte-monnaie», ajoutait-il.
Pic de l'inflation en début d'année prochaine?
Interrogée, Coop entre moins dans les détails. Chez le détaillant bâlois, les produits Naturaplan restent certes «très appréciés», mais c'est surtout le segment des prix bas, avec les 1140 produits estampillés Prix-Garantie, qui est «actuellement très demandé».
En août, l'Office fédéral de la statistique (OFS) a calculé une inflation de 3,5% en Suisse pour un panier de produits prédéfini. De nombreuses personnes concernées perçoivent toutefois ces augmentations comme nettement plus importantes.
En effet, pour les biens de consommation courante, l'inflation serait plutôt de 5,9% selon une analyse de Wellershoff & Partners. Le pic de l'inflation interviendrait, selon cette dernière, seulement au début de l'année prochaine.
(Adaptation par Thibault Gilgen)