Prix élevés de l'énergie, choc des primes, inflation. Les porte-monnaies se vident. Alors qu'une perte de pouvoir d'achat en fait frémir plus d'un, le Conseil fédéral garde son sang-froid. Il ne voit pas la nécessité de prendre des mesures immédiates contre les prix élevés de l'énergie et le renchérissement et rejette plusieurs interventions du Parlement.
Notre série sur l'inflation
Au grand dam du chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy: «Les situations extraordinaires exigent des mesures extraordinaires.» Il faut maintenant que le Parlement fasse un geste. Ce mercredi, le Conseil national débat, lors d'une session extraordinaire, de mesures d'allègement pour la population. Lundi prochain, ce sera au tour du Conseil des Etats. Blick explique les principales propositions.
Compenser la hausse des prix
Normalement, les rentes AVS sont adaptées tous les deux ans à l'évolution des salaires et des prix. Comme les salaires n'ont guère augmenté alors que l'inflation a été forte, les retraités risquent de perdre leur pouvoir d'achat en 2023. C'est ce que veut éviter une alliance de centre-gauche. Elle demande une pleine compensation pour cette hausse des prix l'année prochaine. La rente minimale grimperait ainsi de 30 ou 40 francs.
L'UDC réplique avec une contre-proposition qui n'augmenterait la rente minimale que de 20 francs environ. Le parti veut ponctionner des fonds pour le développement ou les dépenses culturelles. Cette proposition a peu de chances d'aboutir. Mais les choses sont compliquées également pour la proposition de centre-gauche. Les deux camps s'équilibrent à peu près au Conseil national.
L'augmentation ne profiterait pas seulement aux 2,5 millions de rentiers AVS, mais aussi aux bénéficiaires de rentes AI et de prestations complémentaires. Cela serait d'autant plus important que la compensation du renchérissement fait souvent défaut pour les rentes du deuxième pilier.
La santé coûte un paquet
Outre le renchérissement, ce sont surtout les coûts de la santé qui pèsent sur les porte-monnaies. Les assureurs prévoient une hausse des primes allant jusqu'à 10% pour l'année prochaine. Une forte augmentation qu'une alliance de centre-gauche, là aussi, veut atténuer. La contribution de la Confédération à la réduction des primes devrait donc, selon cette alliance, être augmentée de 30% en une seule fois. Ainsi, les revenus faibles et moyens seraient davantage soulagés. On s'attend également à une décision serrée sur ce dossier.
Sur les primes maladies
Là encore, l'UDC contre-attaque: elle demande que les primes d'assurance maladie puissent être entièrement déduites de l'impôt fédéral direct - ce qui favoriserait davantage les revenus élevés. De plus, le Conseil fédéral a adopté en juin un projet visant à augmenter la déduction fiscale. Pour les couples mariés, par exemple, de 3500 à 6000 francs. Malgré les sympathies bourgeoises, il ne devrait donc pas y avoir de majorité pour la nouvelle proposition.
Les carburants pointés du doigt
L'UDC souhaite également agir sur les prix des carburants: la Confédération devrait, selon le parti présidé par Marco Chiesa, renoncer temporairement à sa part de l'impôt sur les huiles minérales. Elle perdrait ainsi plus d'un milliard de francs. Reste à savoir si cette baisse serait réellement perçue par les automobilistes et l'industrie. En Allemagne, qui accorde temporairement un rabais à la pompe, l'effet s'est vite dissipé. Et cet été déjà à Berne, des propositions similaires ont échoué. Il ne devrait pas en être autrement cette fois-ci.
Les Vert-e-s poursuivent une approche plus ciblée: les écologistes demandent un «supplément énergétique» temporaire pour les ménages de condition économique modeste. Ce coup de pouce reviendrait donc à ceux qui sont touchés par les prix élevés de l'énergie, qu'il s'agisse de pétrole, de gaz ou d'électricité. Mais cette proposition ne devrait pas convaincre la majorité. D'autant que le Conseil fédéral renvoie la balle à un groupe de travail qui examine actuellement différentes mesures.
Idées trop divergentes?
Lundi déjà, le Conseil des Etats se prononcera sur des interventions similaires, parfois de même teneur. En outre, il a sur la table une intervention du PS demandant un «chèque fédéral», lorsque le renchérissement dépasse 5%. Le PS pense à une contribution pouvant aller jusqu'à 260 francs par adulte. Le chèque serait limité de manière échelonnée aux revenus bas et moyens. Le pronostic est risqué et la proposition devrait être rejetée.
En somme, les recettes contre la hausse des prix sont multiples. Mais les idées divergent tellement qu'il existe un risque de blocage. Et la population pourrait se retrouver à nouveau les mains vides...