Ça paraît inexorable: année après année, les primes d’assurance maladie augmentent, et 2023 ne fera pas exception. La prochaine hausse sera de 6,6% en moyenne, a annoncé le Conseil fédéral ce mardi. En cause: les coûts de la santé, toujours plus élevés. En réaction, des parlements cantonaux tentent d’agir pour soulager les ménages, comme le Grand Conseil neuchâtelois, qui souhaite davantage de subsides. Même volonté en Valais. Un moyen de s’attaquer aux symptômes, mais pas aux origines du mal. Economiste de la santé et professeure à l’Université de Saint-Gall, Beatrix Eugster propose quelques pistes en ce sens.
1. Prévenir, c’est guérir
«Lorsque les gens bougent plus, mangent plus sainement et fument moins, leur impact sur les coûts de la santé diminue», explique l’experte, également membre du comité directeur de la Swiss society of health economics.
2. Se rendre chez son médecin plutôt qu’à l’hôpital
Se précipiter aux urgences au moindre problème — pour un rhume, par exemple — coûte cher au système de santé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle choisir le modèle du médecin de famille, au sein duquel seules les prestations prescrites par ce dernier sont remboursées, fait baisser la prime d’assurance.
3. Dire aux gens ce qu’ils coûtent
Des études montrent qu'on hésite moins à se rendre chez son médecin ou à recourir à des soins lorsque c’est pris en charge par une assurance. L’économiste de la santé demande ainsi davantage de transparence: «Les gens doivent savoir combien ils coûtent» — pour qu’ils en prennent conscience. Dans cette même logique, la franchise et la quote-part aident aussi à freiner les coûts de la santé.
4. Imposer des salaires fixes aux médecins
En Suisse, les praticiennes et praticiens sont payés en fonction des prestations fournies, dont certaines sont inutiles, critique Beatrix Eugster. Par exemple, «une fois qu’un médecin fait l’acquisition d’un scanner pour faire des IRM, il en prescrit soudainement davantage», explique la professeure de l’Université de Saint-Gall. Et ce, parce que chaque IRM lui rapporte de l’argent. Même chose pour les césariennes, plus rentables que les accouchements par voie naturelle. «On pourrait changer ce paradigme si on donnait aux médecins un salaire fixe, indépendant des traitements ou des prestations délivrés», suggère la spécialiste. Un cinquième des coûts de la santé est imputable à des prestations superflues, selon la Haute école des sciences appliquées de Zurich.
5. Mettre en place le dossier électronique du patient
De nombreuses prestations sont fournies deux fois. Par exemple, il arrive qu’une personne fasse une radiographie chez son médecin traitant, puis une deuxième quelques semaines plus tard chez un spécialiste. La solution, selon la spécialiste? «Le dossier électronique du patient permettrait de remédier à ce problème.» En Suisse, ce projet est vieux de quinze ans.
6. Interdire aux médecins de vendre eux-mêmes des médicaments
En fonction du canton et de la commune, il est possible pour un cabinet médical de vendre lui-même les médicaments prescrits. «Lorsque c’est le cas, les médecins gagnent de l’argent sur chaque boîte et ont tendance à en prescrire davantage», analyse-t-elle. Ils rechigneraient par ailleurs à prescrire des génériques, moins chers.
7. Agir sur le nombre de sites hospitaliers
«Un hôpital doit atteindre une taille critique pour pouvoir être exploité efficacement», souligne notre interlocutrice. Avant de préciser qu’elle ne réclame pas de fermetures de sites, soulignant qu’une telle décision politique doit être mise en perspective non seulement avec les finances du canton concerné, mais aussi avec le confort de la population et la question des emplois qui pourraient être en jeu.