La situation était pourtant simple. Une société suisse devait réparer du matériel militaire en provenance de Taïwan. Mais au lieu de le faire en terres neutres, l’entreprise Leica Geosystems a fait réviser les pièces de missiles en question dans une usine… chinoise, rapporte la «SonntagsZeitung». Et ce, à un moment où le conflit entre la Chine et Taïwan menace de s’envenimer.
Le système de missiles dont il est question, nommé Hsiung Feng, sert principalement à combattre les navires et les porte-avions. Il est donc indispensable pour se défendre contre la marine chinoise en cas d’attaque.
Or, des pièces du système de guidage des missiles, appelées théodolites et mesurant les angles entre deux points, avaient été renvoyées il y a quelque temps au fabricant Leica Geosystems, dans le canton de Saint-Gall. En cause: différents problèmes techniques.
Aujourd’hui, Taïwan a reçu en retour les pièces réparées. Problème? Comme le démontrent les documents d’importation, celles-ci n’ont pas été expédiées depuis la Suisse, mais directement depuis la province chinoise de Shandong. Les pièces militaires proviennent de ce fait directement du camp ennemi. Ce qui n’a pas manqué de choquer l’armée taïwanaise, craignant que les pièces aient pu être discrètement manipulées pour les neutraliser. Ou pire…
Succursale chinoise dans le viseur
Sur son site Internet, l’entreprise Leica Geosystems fait de la publicité pour la «Swiss Technology». Elle a son siège à Heerbrugg et appartient au groupe suédois Hexagon. Elle exploite cependant également une succursale chinoise pour la maintenance et la réparation des pièces destinées à la zone asiatique. Contactée, l’entreprise suisse ne s’est pas exprimée sur l’incident, écrit encore l’hebdomadaire.
Pour mémoire, Taïwan déploie les missiles Hsiung-Feng pour tenir en respect la Chine. La grande puissance asiatique considère l’île du Pacifique comme faisant partie de sa propre république. Taïwan, en revanche, insiste sur son indépendance. Depuis l’invasion russe en Ukraine, certains craignent de plus en plus que la Chine ne prenne une mesure similaire à celle de la Russie contre Taïwan pour s’approprier le territoire convoité.
Taïwan lève l’alerte
Au final, concernant ces théodolites, plus de peur que de mal. L’alerte a pu être levée: ces pièces n’ont pas été manipulées, aucune faille de sécurité n’a été constatée et le système de défense est à nouveau opérationnel.
L’entreprise suisse a néanmoins été réprimandée. Selon les médias, Taïwan a demandé à Leica Geosystems de procéder différemment à l’avenir. Impossible de se permettre de telles situations risquées à une époque aussi délicate.