L'Ukraine a la priorité devant la Suisse. La confédération devra encore attendre sur sa livraison de missiles Patriot à 300 millions de francs. Malgré les contrats établis avec Washington, les Américains veulent fournir en priorité à Kiev les armes guidées, révélait Blick ce mardi matin. La Suisse doit donc pour l'instant attendre son tour. Les Etats-Unis eux-mêmes, la Bulgarie et l'Espagne sont également concernés par ces retards.
On ne sait pas combien de temps durera ce délai de latence. Mais en attendant, la capacité de défense de la Suisse reste faible. Les systèmes de lancement commandés et les anciens missiles PAC-2 ne sont pas concernés – seuls les PAC-3 commandés ultérieurement passent sous le nez de la Confédération.
Sur la défense militaire
La Suisse doit tirer des leçons de cette expérience
Au Parlement, cette décision fait grand bruit. «C'est comme pendant la pandémie de Covid-19. Dès que les problèmes arrivent, c'est chacun pour soi», déclare le conseiller national UDC Thomas Hurter. Les priorités des Etats-Unis ont changé, et cela a des répercussions sur la Suisse, analyse-t-il: «La décision des Etats-Unis montre à quelle vitesse la fiabilité peut changer.»
La Suisse doit tirer des leçons de cette expérience, estime Thomas Hurter: «Nous ne devons pas mettre un système d'armes hors service avant que le nouveau commandé ne soit arrivé», dit-il en faisant référence à la mise hors service prévue du Tiger F-5. Dans ce cas précis, il aurait fallu attendre que le F-35 soit livré. Car vu la situation politique mondiale actuelle, une telle lacune présente un danger accru.
La socialiste Franziska Roth soutient cette décision
La conseillère aux États socialiste Franziska Roth soutient le traitement préférentiel de l'Ukraine. «Je trouve que c'est une bonne chose de laisser la priorité à d'autres pour 'nos' systèmes Patriot», déclare la Soleuroise.
Selon elle, l'Ukraine a besoin de la solidarité européenne. «Comme nous ne pouvons et ne voulons pas livrer des armes directement, la moindre des choses est de ne pas mettre des bâtons dans les roues des autres par notre politique d'achat pour soutenir l'Ukraine», estime l'élue PS.
La socialiste rappelle que la Suisse «part de scénarios extrêmement improbables selon lesquels les Russes auraient déjà progressé jusqu'à Innsbruck, Munich ou Milan». Ce n'est qu'à ce moment-là que les Patriot, avec leur portée relativement modeste de 200 à 300 kilomètres, pourraient entrer en action. «Et seulement si les pays voisins nous fournissent les données de destination nécessaires», précise encore l'élue.
Même son de cloche chez le président du Centre, Gerhard Pfister: «En Ukraine, des capacités de défense suffisantes sont actuellement plus demandées qu'en Suisse – heureusement pour nous», indique-t-il à Blick. L'élu du centre ne semble pas vraiment surpris par cette nouvelle. Le Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) et le chef de l'armée suisse Thomas Süssli ont signalé à plusieurs reprises ces dernières années que de nombreux Etats commandent davantage d'armes, en raison de la guerre en Ukraine. Et les capacités de production et de livraison ne suffisent plus, rappelle encore Gerhard Pfister.