Suite et certainement pas fin de la saga Joachim Son-Forget. Dans une interview accordée à Blick vendredi dernier, l’ancien député des Français de Suisse voulait jouer l’apaisement avec l’Union démocratique du centre (UDC), parti auquel il souhaite adhérer. Il assurait, en outre, que, contrairement à ses homologues genevois, la section vaudoise de la formation conservatrice lui avait réservé un bon accueil. Surtout ses plus jeunes membres.
Problème: Emmylou Maillard, présidente des Jeunes UDC Vaud, n’est pas du tout de cet avis, confie-t-elle à Blick. La jeune femme estime même que son adhésion «ne serait pas une bonne chose». En cause: les polémiques incessantes depuis que le très critiqué ancien élu macroniste – passé par le Parti socialiste avant de rallier Eric Zemmour – a ouvert la bouche. Aïe…
L’ancienne présidente du Conseil communal de Vallobre (VD) affirme cependant qu’elle respectera dans tous les cas la décision de la section d’Yverdon-les-Bains (VD), seule habilitée à trancher la question. Et digresse sur les élections fédérales de cet automne, durant lesquelles elle compte visiblement exister. Interview.
Joachim Son-Forget dit avoir le sentiment d’être bien accueilli par la section vaudoise de l’UDC, surtout par les jeunes. C’est vrai, vous lui ouvrez les bras?
D’abord, il faut rappeler que c’est à la section locale d’Yverdon-les-Bains de décider si elle accepte la demande d’adhésion de Monsieur Joachim Son-Forget. À ce jour, ce n’est pas encore fait. Ensuite, en tant que présidente des Jeunes UDC Vaud, c’est moi qui gère les recrutements ou encore la fidélisation des membres. Je n’ai entendu aucun des nôtres lui souhaiter la bienvenue et nous n’avons par ailleurs pas thématisé sa demande d’adhésion.
On comprend entre les lignes que vous n’êtes pas vraiment favorable à sa venue…
(Elle réfléchit) Je trouve dommage de polémiquer avant même d’être membre d’un parti. Et c’est ce qu’a fait Monsieur Son-Forget. Il y a bien d’autres manières plus utiles de faire de la politique. La population vaudoise a besoin de stabilité, d’engagements concrets et de personnalités proches d’elle. Surtout pas de polémique inutile. Pour vous répondre franchement, je me plierai à ce que décide la section d’Yverdon. Toutefois, à titre personnel, je trouve que son adhésion ne serait pas une bonne chose: ça a mal commencé, je vois mal comment ça pourrait bien finir.
Le buzz, c’est pourtant le fonds de commerce de l’UDC. Vous changez de stratégie? Vous en avez marre des polémiques?
Les choses sont plus nuancées que ça. Être polémique dans le bon sens du terme, à savoir être piquant, incisif, appeler un chat un chat, ça n’a rien de négatif et c’est même nécessaire. Contrairement à la polémique inutile. Par exemple: critiquer, comme l’a fait Monsieur Son-Forget, la section genevoise de l’UDC après que sa demande n’a pas été traitée comme il le désirait.
Mais, tant qu’on parle de vous, c’est mission accomplie, non?
J’estime que le bad buzz est rarement une bonne chose. Après, ça arrive à tout le monde de déraper, l’erreur est humaine. Mais ça ne doit pas être le but. Encore moins en cette année d’élections fédérales, durant laquelle nous allons plus que jamais aller à la rencontre de la population.
Vous aussi, vous avez eu votre polémique quand vous avez comparé, l’année dernière lors d’un congrès, le certificat Covid à l’étoile imposée aux juifs par les nazis. Vous vous en souvenez?
Chaque personne qui s’engage avec cœur et conviction pour un sujet qui le porte a déjà, une fois ou l’autre, fait une erreur de langage. J’ai présenté mes excuses et mes regrets aux personnes blessées par mes propos. Je répète que je n’ai jamais voulu minimiser la Shoah ou tout autre crime contre l’humanité. Ce que savent pertinemment les personnes qui étaient présentes ce soir-là. J’ai tiré une leçon de cet épisode difficile: je me concentre désormais sur la politique de fond et travaille mieux mes arguments.
La politique de fond, c’est ça qui va dominer votre campagne pour les élections fédérales de cet automne?
Oui, bien entendu. Le pouvoir d’achat et la sécurité sont des thématiques qui m’apparaissent comme prioritaires. Il faut aider et faciliter la vie des personnes qui travaillent, notamment en diminuant les taxes et les impôts qui serrent à la gorge la classe moyenne. Concernant la sécurité, on parle évidemment de la sécurité dans l’espace public. Mais pas seulement: on pense aussi malheureusement aux violences domestiques. Pour y parvenir, il faut que les peines prononcées par la justice soient plus sévères.
Dans quel cas, par exemple?
Je peux vous citer le cas des viols. Je suis surprise d’entendre des groupements féministes militer avec véhémence pour une nouvelle définition du consentement, tout en se battant pour qu’un violeur condamné puisse s’en tirer avec du sursis. Le viol, ça doit envoyer en prison. Point à la ligne. Voilà de la politique concrète.
Pour espérer représenter votre vision au Conseil des États, les noms des conseillers nationaux Michaël Buffat et Jacques Nicolet se murmurent en coulisse. L’un de ces profils vous conviendrait?
Ce sont deux personnalités compétentes, à l’écoute et d’expérience. Tous les deux seraient légitimes à se présenter.
Vous n’avez pas l’impression que les jeux sont déjà faits? Le socialiste Pierre-Yves Maillard et le libéral-radical Pascal Broulis sont favoris.
Je constate surtout que les premiers couteaux sont des hommes qui ont dépassé la cinquantaine et que chez les Verts, le second est un homme un poil plus jeune. La gauche a entériné une liste loin de la diversité qu’elle réclame pourtant en permanence.
La droite va être plus… égalitaire?
Pourquoi pas? Rien n’est impossible.
Y compris une candidature de votre part?
J’y songe. Je peux dire que je me mets à la disposition de l’UDC Vaud. Je ne ferme aucune porte.
Dans le cas où vous vous présenteriez, vous pensez vraiment avoir vos chances?
Si on se présente, c’est qu’on y croit. J’estime qu’aujourd’hui, une jeune femme, qui a son franc-parler, a toutes ses chances. On l’a vu avec l’élection de la conseillère d’État Valérie Dittli, que personne ne donnait gagnante.
On dit que la Chambre haute est le terrain de jeu des sages. Or, vous n’avez que 24 ans. Vous pensez réellement avoir l’expérience et les compétences que demande cette fonction?
J’entre tout de même dans ma huitième année au sein du parti pour lequel j’ai beaucoup fait de terrain. J’ai une bonne expérience de la politique communale, j’ai d’ailleurs été présidente du Conseil communal de Vallorbe. Et puis, ça fait presque trois ans que je suis présidente des Jeunes UDC Vaud. Rien n’est joué d’avance, il n’y a pas de vraie règle. Ce qui est sûr, c’est que la population a aussi besoin d’être représentée par des femmes et des jeunes. Mais, bien sûr, chez nous, les compétences priment sur tout le reste. Les femmes «quotas», nous les laissons à la gauche.