La police fait irruption dans le mauvais appartement
«Je me suis retrouvé nu comme un ver dans le couloir, complètement perplexe»

Bien qu'Alain B. n'ait rien à se reprocher, la police s'est soudain retrouvée dans son appartement, à Berne. Elle cherchait un homme qui n'avait rien à voir avec lui. La police cantonale bernoise confirme l'intervention, mais ne reconnaît pas de faute professionnelle.
Publié: 05.09.2024 à 21:02 heures
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Alain B. habite dans l'appartement où les policiers ont fait irruption. Mais il n'est pas l'homme que les agents recherchaient et n'a rien à voir avec l'affaire.
Photo: Gina Krückl
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Gina Krückl

Alain B.* vient d'emménager dans son nouvel appartement et voilà que la police débarque chez lui à Rüfenacht, à Berne. Tout juste réveillé et encore nu, le trentenaire doit prouver aux agents qu'il n'est pas le criminel qu'ils recherchent. L'homme se dit que «ça ne peut pas être normal».

Il est 9 heures le jeudi 22 août. Après un long service la veille, Alain B. a fait la grasse matinée. «Je n'étais pas encore vraiment réveillé et je me suis assis dans le salon, nu comme je le suis peu après m'être levé.» Quand on a sonné à sa porte d'entrée, il n'a pas répondu parce qu'il n'attendait pas de visite. Puis, lorsqu'on frappe violemment à la porte de son appartement, il a regardé par le judas. «J'ai vu deux hommes que je ne connaissais pas. Alors je suis retourné dans le salon.» Mais c'est alors que la porte de son appartement s'est soudainement ouverte.

Un inconnu recherché

«Je me suis retrouvé nu comme un ver dans le couloir et j'étais complètement perplexe», raconte Alain B. Il lui a fallu un certain temps avant de réaliser qui était présent dans son appartement et ce qu'ils lui voulaient. «Les policiers cherchaient un homme que je ne connaissais pas. Et ils pensaient que c'était moi.» L'un des agents ne l'aurait pas quitté d'une semelle, tandis qu'il aurait pris un pantalon de survêtement dans sa chambre.

Alain B. leur aurait ensuite donné une carte d'assurance et une carte bancaire – les premiers objets qui l'identifiaient. Finalement, les policiers sont repartis. «En partant, ils m'ont menacé que si je mentais, cela aurait de graves conséquences.»

Choqué, il en a parlé avec sa mère. «Ma mère a ensuite appelé la police, mais ils ont nié qu'une intervention avait eu lieu à mon adresse. Au lieu de cela, ils ont parlé d'escrocs se faisant passer pour des policiers.» Ce n'est que l'après-midi qu'un agent l'aurait contacté pour lui expliquer l'intervention. Il lui a aussi présenté ses excuses.

«Pas de faute professionnelle»

Interrogée par Blick, la police cantonale bernoise confirme l'intervention. Celle-ci a eu lieu sur la base d'un mandat d'arrêt. Il n'est pas possible de dire qui était recherché pour des raisons d'enquête. «Il y avait un soupçon fondé que la personne recherchée se trouvait dans cette maison», explique un porte-parole de la police cantonale. Comme il n'y avait pas de nom sur la sonnette de l'appartement, les policiers auraient tenté leur chance à cet endroit.

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«Il n'y a pas eu de comportement fautif. Ni de notre côté, ni du côté de l'habitant.»
Police cantonale de Berne
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Mais Alain B. n'avait tout simplement pas eu le temps d'acheter de nouvelles plaques d'identification au cours des deux semaines qui ont suivi son déménagement. Le porte-parole poursuit: «Comme personne n'a ouvert après avoir sonné et frappé à plusieurs reprises, les agents ont ouvert la porte non verrouillée et se sont annoncés à nouveau.» Les policiers seraient entrés brièvement dans l'appartement pour des raisons de sécurité, le temps que «le mauvais suspect» prenne ses vêtements et papiers d'identité. «Le contrôle d'identité a eu lieu dans la cage d'escalier.»

Selon le porte-parole de la police, la police cantonale peut comprendre qu'une telle expérience puisse susciter de fortes émotions. L'intervention n'engendrera pas de conséquences: «Il n'y a pas eu de comportement fautif. Ni de notre côté, ni du côté de l'habitant.» La communication après l'intervention s'est également déroulée conformément aux règles. «Lorsque la mère d'Alain B. a appelé, on lui a assuré que l'intervention serait clarifiée et que nous prendrions directement contact avec la personne concernée ultérieurement. C'est ce que nous avons fait.»

«Ce qui m'est arrivé pourrait arriver à n'importe qui»

Alain B. ne se contente pas de cette explication: «Il n'est pas possible que des policiers suisses agissent ainsi avec quelqu'un qui n'a rien fait.» D'autant plus que la police confirme même qu'il n'a lui-même rien fait de mal. «Cela signifie que ce qui m'est arrivé pourrait arriver à n'importe qui.»

Tragiquement, quelque chose de similaire est déjà arrivé à Alain B. en 2021, avec des conséquences nettement plus graves cette fois-là. Un faux témoignage l'avait conduit dans une prison espagnole, alors qu'il était innocent. «Je suis resté deux jours dans une cellule de cinq personnes, sans lumière du jour et avec des toilettes cassées, avant que le Département fédéral des affaires étrangères ne me fasse sortir. Au début, je ne savais même pas pourquoi j'étais là.»

Comme il vient de déménager, Alain B. suppose que les policiers ont cherché son ancien locataire. «Mais d'après ce que je sais, il n'habitait plus ici depuis un certain temps.» Et quand bien même: il aurait changé d'adresse à la commune peu après son déménagement. «La police ne devrait-elle pas vérifier les données relatives aux habitants, avant de pénétrer dans l'appartement de quelqu'un qui n'a rien à voir avec tout ça?»

*Nom connu

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