La maladie qui gratte fait son grand retour
La gale est en hausse en Suisse, mais les chiffres manquent toujours

Dans les écoles, les foyers et les maisons de retraite, les cas de gale sont de plus en plus nombreux. Mais les chiffres exacts manquent: en Suisse, il n'existe aucune déclaration obligatoire de la maladie. Des experts donnent leurs recommandations.
Publié: 30.07.2024 à 16:07 heures
|
Dernière mise à jour: 30.07.2024 à 16:47 heures
1/5
La gale est aussi un fléau en Suisse. (Image symbolique)
chantal_hebeisen_0.jpg
Chantal Hebeisen

Ça gratte. Beaucoup. Et c'est contagieux. Depuis quelques années, les déclarations de cas de gale se multiplient. En mars dernier, deux recrues d'une caserne de Gossau (SG) ont été infectées. En Thurgovie et à Zurich, des élèves d'une école primaire et des enfants en bas âge dans des crèches ont également expérimenté des démangeaisons insupportables.

Les médecins suisses le confirment: la gale est de retour. «Il y a dix ans, nous voyions nettement moins de cas chez nous, mais depuis la vague de réfugiés de 2015, il y en a beaucoup plus», explique Simon Müller, dermatologue en chef à l'hôpital universitaire de Bâle. Cela s'expliquerait par la contamination favorisée par l'exiguïté des lieux et les mauvaises conditions d'hygiène lors de la fuite des personnes en exil. Ces derniers temps, ce sont en effet surtout les résidents des foyers d'asile qui sont touchés. Mais les maisons de retraite et les crèches n'y échappent pas.

Les symptômes de la gale se manifestent tardivement

Mais c'est quoi, au juste la gale? Cette maladie très contagieuse se manifeste lorsque des acariens s'infiltrent sous la couche supérieure de la peau et y déposent leurs œufs. La contamination se fait par contact cutané, mais aussi par les textiles: l'acarien de la gale survit jusqu'à trois jours sur les tissus, dans les tapis ou les canapés. Dans le corps, il reste viable pendant 30 à 60 jours.

Lorsqu'une personne est infectée par le parasite, il faut attendre deux à trois semaines avant que les symptômes tels que les vésicules et les démangeaisons n'apparaissent. Les sensations de grattage, qui surviennent surtout la nuit, sont provoquées par les excréments de l'acarien sous la peau.

Pas de déclaration obligatoire en Suisse

Contrairement à l'Allemagne par exemple, la gale n'est pas une maladie à déclaration obligatoire en Suisse. Par conséquent, les chiffres manquent, et il est difficile de déterminer le nombre de cas précis sur le territoire.

Lorsqu'une institution, comme une école ou un foyer, est touchée, une déclaration est généralement faite au service médical cantonal. Mais les cas n'y sont pas documentés. Impossible donc de dire avec précision s'il y a effectivement plus de cas ou non. Il est toutefois probable qu'il y ait des différences locales dans le nombre de cas et les foyers d'infection.

Contaminations lors de rapports sexuels

Le médecin-chef zurichois Robert Dahmen, de l'hôpital municipal Triemli, constate que les jeunes et les enfants qui ont des contacts étroits dans les écoles, les foyers ou les garderies sont particulièrement touchés. Les jeunes adultes, eux, s'infectent souvent lors de rapports sexuels. La gale n'est pas classée parmi les maladies sexuellement transmissibles, mais comme la peau est fine dans la zone intime, l'infection se contracte plus facilement.

A l'hôpital de Triemli, 60 à 100 cas sont traités en moyenne chaque mois, selon le Dr. Dahmen. A Bâle, l'hôpital accueille en moyenne quatre à six patients. Selon le dermatologue Simon Müller, de nombreux centres d'asile et maisons de retraite à Bâle ont mis en place des mesures de protection de leur propre chef. Les personnes à risque, qui ont peut-être eu un contact cutané avec des personnes atteintes, sont traitées à titre prophylactique avec l'anti-acarien à base de perméthrine. La propagation est ainsi rapidement interrompue. En règle générale, de telles mesures sont appliquées sur place après instruction du médecin cantonal.

Les acariens deviennent résistants aux produits

Simon Müller recommande également cette procédure dans les crèches ou les écoles. «Comme il faut beaucoup de temps pour que les symptômes apparaissent, les acariens peuvent se propager sans que l'on s'en aperçoive, et sans que la maladie soit connue. Ce faisant, ils peuvent également réinfecter les personnes traitées.» Le médecin rappelle qu'il est important d'appliquer le traitement correctement: «La pommade anti-acariens doit également être appliquée à des endroits que l'on a tendance à oublier, comme le nombril, la région génitale, sous les ongles et, chez les nourrissons, sur la tête.»

«
«Comme il faut beaucoup de temps pour que les symptômes apparaissent, les acariens peuvent se propager sans que l'on s'en aperçoive, sans que la maladie soit connue»
Simon Müller
»

On constate toutefois que les acariens développent toujours plus de résistances à la perméthrine en Europe. Les personnes concernées sont donc en principe traitées deux fois, ajoute Simon Müller. Et si deux personnes ou plus d'une même famille sont touchées, elles reçoivent en plus des comprimés antiparasitaires d'ivermectine.

Les mesures de protection contre la gale suffisent

Selon Simon Müller, il serait toutefois utile de recenser systématiquement les cas et de surveiller si les produits sont efficaces, afin de détecter les résistances à la perméthrine en Suisse et de pouvoir réagir en conséquence.

De son côté, le Dr. Robert Dahmen précise que les coûts et les bénéfices doivent être soigneusement évalués: «Les mesures de protection existantes suffisent tant qu'elles sont respectées de manière conséquente.» Des situations comme celle des enfants infectés dans une école thurgovienne pourraient ainsi être évitées. Un père contaminé s'était enduit d'eau vinaigrée au lieu de pommade par ignorance pour se soigner – et avait contaminé ses bambins à plusieurs reprises. Les enfants n'avaient pas pu aller à l'école pendant des semaines.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la