Cela aurait dû être un banal post de campagne électorale, comme on en voit beaucoup en ce moment. Mais lorsque Vivienne Huber, membre des Jeunes UDC, publie sur Twitter le slogan «Moderne à l'extérieur, conservatrice au fond», une vague de haine s'abat sur la jeune Argovienne de 21 ans, comme l'écrit «20 minutes». «Les poules peuvent-elles vraiment être élues au Conseil national?», peut-on lire, entre autres.
«Je ne prends pas personnellement de telles déclarations. Mais ce sexisme m'a tout de même choquée, déclare Vivienne Huber à Blick. C'est typique: s'ils ne peuvent rien critiquer sur le fond, la tolérance disparaît et ils s'en prennent aux apparences.» Dans des messages privés et des entretiens personnels, elle aurait reçu beaucoup d'encouragements. Pour la candidate UDC, il est clair qu'«en politique, il faut avoir le cuir épais».
Certains tweets bien en dessous de la ceinture proviennent de votants du parti, mais également de personnes qui, selon la description de leur profil, sont plutôt classées à gauche. La plupart se cachent derrière des profils anonymes.
Le PS condamne également le sexisme
Mais les commentaires haineux contre la jeune femme de l'UDC font bondir même son adversaire politique, le Parti socialiste. Ainsi, Florin Schütz, responsable du PS Suisse pour les médias sociaux, a réagi avec indignation. Il condamne sur Twitter le bodyshaming et le sexisme dont Vivienne Huber est victime: «L'espace des commentaires est un véritable enfer.»
«Je condamne le sexisme, quel que soit le camp politique dont il émane. Il n'y a aucune justification à cela», déclare aussi l'ancienne présidente des Jeunes socialistes Ronja Jansen à «20 Minutes». La conseillère nationale PS Tamara Funiciello affirme que presque toutes les femmes sont victimes de commentaires sexistes en public: «Les femmes ne sont pas encore aussi bien représentées en politique que leurs collègues masculins. Si on change cela, elles seront aussi perçues différemment.»
Le Conseil fédéral veut des règles plus strictes
Vivienne Huber estime qu'il n'est malgré tout pas nécessaire de mettre en place des réglementations plus strictes contre le discours haineux: «Une société libre doit pouvoir supporter quelque chose. Il n'y a pas besoin de règles, mais de décence et de respect mutuel.»
Mais il est clair que la candidate de 21 ans n'est pas la première femme politique à être touchée par des discours haineux sur le Net. Le Conseil fédéral réfléchit d'ailleurs à la manière de réglementer Google, Facebook et Twitter. Les utilisateurs de ces plateformes pourraient être davantage surveillés. Mais il faudra sans doute attendre encore quelques années avant qu'un tel projet ne voie le jour.