La commission de l'économie du Conseil national veut modifier les règles en vigueur pour le télétravail, qu'elle juge dépassées. Elle soutient donc une proposition du président du Parti libéral-radical (PLR) Thierry Burkart qui souhaite assouplir la loi sur le travail.
Le politicien de droite argumente que les employés souhaitent adapter leurs horaires de travail à domicile de manière plus flexible à leurs besoins personnels. Mais les règles en vigueur rendraient cela impossible: il existe des prescriptions strictes concernant le repos quotidien et l'interdiction de travailler le dimanche.
Travailler 24 heures sur 24?
Aujourd'hui, par exemple, un employé ne peut fournir son travail que dans un cadre horaire de 14 heures dans son bureau à domicile. «Si un employé commence le travail à 7 heures, il doit impérativement cesser son activité à partir de 21 heures. Un papa qui va chercher son enfant à la crèche à 18 heures n'a donc pas le droit de traiter des e-mails urgents le soir une fois l'enfant couché», explique Thierry Burkhart.
Le droit en vigueur rendrait ainsi la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale difficile. Le PLR veut donc élargir le cadre du temps de travail quotidien à 17 heures pour les personnes qui peuvent et veulent fixer elles-mêmes leurs horaires de travail. Concrètement, cela signifie que la personne devrait pouvoir travailler jusqu'à minuit, même si elle s'est mise à l'ordinateur le même jour à sept heures du matin.
Plus de flexibilité pour bosser le dimanche
Mardi, la commission de l'économie a approuvé l'initiative parlementaire PLR par 17 voix contre 7. Elle souhaite en outre que le travail dimanche à domicile ne nécessite plus d'autorisation à l'avenir. Le travail de nuit et du dimanche est aujourd'hui interdit, sauf si l'entreprise dispose d'une autorisation correspondante.
Selon le PLR, il ne s'agit en aucun cas d'augmenter le temps de travail. Sa durée maximale reste inchangée. Mais pour le parti de droite, les gens doivent pouvoir prolonger leur temps de travail pendant la journée. Une adaptation nécessaire aux méthodes de travail modernes, argue l'initiant. C'est la seule manière d'exploiter les chances de la numérisation, peut-on lire dans un communiqué du parti.
La durée maximale du travail est aujourd'hui de 45 heures par semaine pour les travailleurs dans les entreprises industrielles, le personnel de bureau, les employés techniques, ainsi que le personnel de vente dans les grandes entreprises du commerce de détail. Un total de 50 heures par semaine s'applique à tous les autres secteurs.
«Une attaque totale contre la loi sur le travail»
Mais cette initiative ne fait pas l'unanimité. La gauche et les syndicats s'insurgent contre la décision de la commission. «On prétexte une nouvelle réglementation du home office pour lancer une attaque totale contre la loi sur le travail. Les partenaires sociaux se sont récemment mis d'accord sur des assouplissements afin de satisfaire les branches concernées», déclare le conseiller national socialiste David Roth.
Selon lui, la Suisse a déjà les semaines de travail les plus longues et les conditions de travail les plus flexibles d'Europe. «Ces propositions sont incendiaires pour la santé des employés et vont à l'encontre d'une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, contrairement à ce qu'affirment leurs partisans», poursuit le parlementaire.
Selon un communiqué de presse, l'Union syndicale suisse (USS) craint, elle aussi, «le travail gratuit, le stress et le burnout» en cas de modification de la loi. Cette décision est inacceptable, selon les syndicats. L'USS a assuré qu'elle s'opposerait à «de telles relations de Far West».