Les CFF voulaient tirer profit de leur électricité. L'idée aurait été de revendre le courant de traction, soit le type de courant spécifique nécessaire à l'exploitation ferroviaire, produite en grande partie par les CFF eux-mêmes, au double de son prix. Avec comme conséquence le fait que la grande majorité des trajets en train ainsi que le transport de marchandises auraient été plus chers. La Confédération a tiré le frein d'urgence.
Actuellement, les CFF, sous la direction de Vincent Ducrot, peuvent commercialiser le courant de traction à d'autres compagnies ferroviaires pour 10,5 centimes par kilowattheure. Selon des informations de Blick, ils auraient souhaité le vendre à 20,5 centimes. Une nouvelle confirmée par la compagnie ferroviaire qui indique avoir demandé en août une augmentation des tarifs de 10 centimes, et ce, pour les deux prochaines années.
Les trains deviendraient plus chers
Selon l'Office fédéral des transports (OFT), une augmentation d'un centime du prix du courant de traction entraîne une hausse de 10% des coûts de l'électricité. Si l'on extrapole cette hausse au frais d'exploitation d'un train, celui-ci augmente d'1%. - Avec 10 centimes de plus, le prix des trains aurait donc augmenté de 10%.
Stefan Meierhans est moniteur de prix. Pour lui, il est clair qu'une forte augmentation aurait des répercussions sur le porte-monnaie des passagers et des autres entreprises de transport. Même les CFF le reconnaissent.
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Exigence revue à la baisse
Entre-temps, les chemins de fer nationaux ont eux-mêmes fait marche arrière. Ils expliquent que leur requête était premièrement liée à la sécheresse extrême de l'été, qui a entraîné une baisse de la production d'énergie et qui les a poussés à acheter de l'électricité sur le marché à des prix élevés afin de permettre aux trains de continuer à circuler. Il en a résulté des pertes, ce qui n'est pas autorisé par la loi sur les chemins de fer.
Entre-temps, la situation s'est calmée et les CFF ont baissé leurs exigences. Une hausse de 5 à 6 centimes était tout de même envisagée jusqu'à ce que la Confédération intervienne en proposant une autre solution, selon l'OFT.
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Contraire aux objectifs climatiques
Le courant ferroviaire des CFF provient à 90% de l'énergie hydraulique - principalement de leurs propres installations. Il existe en outre des contrats de livraison avec des partenaires. Les coûts supplémentaires devraient donc rester limités sur l'année.
Pour certains, cette situation privilégiée rend incompréhensible une telle requête. Le président de la commission des transports du Conseil national et de l'Initiative des Alpes, Jon Pult (PS), met en garde contre une augmentation des prix: il ne faut pas défavoriser le transport de marchandises sur le rail par rapport à la route. Cela va à l'encontre des objectifs climatiques de la Suisse.
Pour Josef Dittli (PLR), conseiller aux Etats et président de l'Association de l'économie rurale, la démarche des CFF ne va pas non plus dans le bon sens. Il comprendrait une augmentation modérée, car le prix du diesel a augmenté et donc les frais du transport routier aussi. «Mais sur la route, l'économie de marché a la priorité. Sur le rail, il y a un monopole».
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Petite augmentation, mais sur une plus longue durée
L'OFT accordera aux CFF une petite augmentation du prix la semaine prochaine. Mais la hausse des coûts du chauffage, l'inflation et le renchérissement des primes d'assurance maladie pèsent déjà lourdement sur les citoyens. La Confédération insiste, les CFF ne devraient pas taxer directement les passagers.
L'entreprise n'a cependant pas complètement capitulé. Au lieu d'une forte augmentation limitée à deux ans, la hausse des prix, plus faible, sera plus durable.