Pour l’armée suisse, les 36 F-35A commandés représentent la pointe de sa flotte aérienne. Sur son site, l'armée décrit ces avions de combats ultra-sophistiqués comme des appareils furtifs dotés d'un «grand avantage technologique» permettant une utilisation jusqu'aux années 2060. Lors de l’évaluation, le F-35A aurait démontré «les coûts d'acquisition et d'exploitation les plus bas, tout en offrant de loin le meilleur rendement». Mais visiblement, tout le monde ne partage pas cet avis.
Le milliardaire Elon Musk, désigné par Donald Trump pour prendre la tête d'une commission devant sabrer dans les dépenses de l'Etat fédéral américain, s'en est pris lundi aux avions de combat modernes, affirmant que les drones représentaient le futur des conflits dans les airs. «Les avions de combat avec pilotes sont obsolètes à l'ère des drones. Avec pour seul résultat la mort des pilotes», a déclaré le patron de SpaceX et Tesla sur sa plateforme X.
Elon Musk poursuit et s'en prend directement au F-35, pourtant produit du constructeur américain Lockheed Martin et considéré comme le fleuron des forces aériennes des Etats-Unis: «Pendant ce temps-là, t'as des idiots qui construisent encore des avions de combat avec pilote comme le F-35», avait-il réagi dimanche en publiant une vidéo où des centaines de drones se tiennent en formation à quelques dizaines de mètres de hauteur.
Des critiques qui ne sont pas neuves
Avion furtif dit de cinquième génération, le F-35 a aussi fait l'objet de contrats d'exportation vers la Roumanie, la Pologne, ou encore l'Allemagne. Sa mise au point a souffert de sa complexité, notamment pour la conception des programmes informatiques, et ses coûts d'exploitation très élevés sont régulièrement décriés par ses détracteurs.
«La conception du F-35 a été défaillante au niveau des prérequis, car on lui a demandé d'être trop de choses pour trop de monde», a déclaré lundi Elon Musk, pour qui le F-35 est devenu une machine «complexe et onéreuse» sans aucune spécialité au combat.
Une pression sur la Russie et la Chine
Mais pour Mauro Gilli, chercheur à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, «ce qui rend le F-35 (...) onéreux, ce sont les logiciels et les composants électroniques, pas le pilote en soi». «C'est important car un drone réutilisable aurait besoin de tous les composants électroniques tape-à-l'oeil du F-35», a déclaré le chercheur sur X.
Il souligne en outre que l'existence d'un programme aux technologies aussi avancées que le F-35 force les rivaux des Etats-Unis à se lancer dans des programmes pour y répondre, notamment de radars avancés.
«Par leur simple existence, le F-35 et le B-1 forcent la Russie et la Chine à effectuer des choix stratégiques qu'ils n'auraient pas à faire autrement (c'est à dire allouer des ressources budgétaires)», selon Mauro Gilli.
«Même si Musk avait raison (et il a tort), supprimer ces programmes relâcherait les contraintes» sur ces rivaux des Etats-Unis, a-t-il ajouté.