Obsolètes à la livraison
La Confédération devra payer elle-même le rééquipement des F-35 tout neufs

A peine arrivé en Suisse, le moteur du tout nouvel avion de combat F-35 doit déjà être remis à neuf. C'est la Confédération qui doit payer. On ne sait pas encore combien lui coûtera cette mise à niveau, en plus du coût exorbitant des avions.
Publié: 07.07.2024 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 07.07.2024 à 08:14 heures
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A peine arrivé en Suisse, le moteur du tout nouvel avion de combat F-35, sujet aux pannes, doit déjà être amélioré. La Confédération savait déjà, au moment de la signature du contrat d'acquisition, que le ministère de la Défense américain étudiait un perfectionnement du moteur.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer

C'est l'acquisition la plus chère de l'histoire de l'armée suisse: la Confédération a déboursé 6 milliards de francs pour les 36 avions de combat américains F-35 qui doivent être livrés à partir de 2027. Mais ces appareils devront bientôt être modernisés. Ce n'est que récemment que le Conseil fédéral a confirmé au Parlement les rapports des médias à ce sujet.

Depuis longtemps déjà, le moteur est considéré comme le point faible de l'avion. Les turbines du constructeur Pratt & Whitney ont la réputation d'être sujettes aux pannes. Le ministère américain de la Défense a décidé de poursuivre le développement de certaines parties du moteur et du système d'air de refroidissement correspondant jusqu'en 2029 au plus tôt. 

Cela signifie que, comme les jets destinés à la Suisse sortiront des chaînes de production avant cette date, ils seront encore livrés avec le moteur obsolète et devront déjà être mis à niveau peu de temps après.

«C'est assez choquant»

Ce que l'on ne savait pas jusqu'à présent, c'est que le rééquipement des jets doit être payé par le commanditaire, c'est-à-dire le Département de la défense (DDPS). C'est ce que confirme l'Office fédéral de l'armement Armasuisse sur demande. Pourtant, lors de la signature du contrat d'acquisition, on savait que le ministère américain de la Défense faisait examiner un développement du moteur.

La conseillère nationale des Vert-e-s Marionna Schlatter ne se montre guère surprise: «J'ai toujours craint que cet avion ne devienne un puits sans fond», déclare la politicienne en charge de la sécurité. «Je n'ai jamais cru que le F-35 serait la variante la plus avantageuse pour la Suisse, comme on nous l'a toujours vendu.» Les expériences d'autres pays l'ont également montré. «Mais que nous devions remettre en état les jets à nos frais, à peine arrivés, est assez choquant.»

En revanche, le conseiller national UDC Mauro Tuena ne veut pas céder si vite. Selon ses informations, le contrat de maintenance n'aurait été fixé que pour les cinq premières années. 

Comme la mise à niveau ne devrait avoir lieu que dans la deuxième moitié des années 2030, il n'est pas encore définitivement clair que la Confédération devra effectivement supporter elle-même les coûts, dit-il, contredisant les informations officielles d'Armasuisse: «J'attends de la Confédération qu'elle entre dans les négociations avec une certaine fermeté. Il n'est pas possible que nous devions payer un supplément pour cette mise à niveau.»

La Confédération ne veut pas donner de chiffres sur les coûts supplémentaires

Armasuisse ne veut en revanche pas estimer de combien le rééquipement devrait renchérir le marché de 6 milliards. Un porte-parole explique qu'il n'est ni possible ni sérieux de faire des déclarations à l'heure actuelle. Le Conseil fédéral tente toutefois de garder la balle au centre en expliquant que le grand nombre de pièces produites dans le monde entier a un effet positif sur les coûts par avion.

Selon la planification actuelle, la mise à niveau sera installée sur les F-35 suisses dans le cadre d'une grande maintenance dans les années 2030. L'installation s'étendra sur plusieurs années, explique Armasuisse.

Mais la Confédération assure que le moteur actuel répond également aux exigences suisses. En l'état actuel des connaissances, les avions peuvent donc être exploités en vol «sans maintenance supplémentaire ou tout au plus avec une maintenance supplémentaire minime».

Le son de cloche est différent aux États-Unis, pays producteur. Le Government Accountability Office (GAO), qui effectue des contrôles et des évaluations pour le compte du Congrès américain, a déjà mis en garde à plusieurs reprises contre l'augmentation des coûts d'exploitation.

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