La Chine est fâchée avec Berne
Pékin fustige le vote du Conseil national sur Taïwan

Pékin a vivement réagi à la décision cette semaine du Conseil national de renforcer ses liens avec le Parlement de Taïwan. L'ambassade de Chine à Berne la qualifie d'«ingérence grossière» dans les affaires intérieures de l'État communiste.
Publié: 04.05.2023 à 12:23 heures
En février dernier, une délégation du Conseil national (ici Fabian Molina, PS/ZH) avait effectué une visite à Taïwan, rencontrant notamment la présidente, Tsai Ing-wen.
Photo: Keystone/AP

Lors de la discussion de mardi à Berne sur le «soi-disant renforcement de la coopération entre le Conseil national et le Yuan législatif (assemblée monocamérale de Taïwan)», des parlementaires ont tenu mardi des «propos irresponsables», a écrit l'ambassade sur son site mercredi peu avant minuit. «Tous ces actes se sont grossièrement immiscés dans les affaires intérieures de la Chine», ajoute-t-on.

«Il n'y a qu'une seule Chine dans le monde. Cette politique d'une seule Chine constitue également le fondement des relations bilatérales avec la Suisse», insiste la représentation chinoise.

Les organes parlementaires doivent mettre en œuvre intégralement et précisément la politique étrangère définie par la Confédération, exige encore Pékin, invitant à ne pas renforcer la position des «séparatistes» de «l'indépendance de Taïwan».

«Position suisse pas remise en cause»

Ce mardi, le Conseil national a adopté une motion de commission visant à un renforcement de la collaboration avec le Parlement taïwanais. L'UDC et le Parlement se sont opposés.

La collaboration doit notamment contribuer au renforcement de la démocratie, à la promotion de la paix et de la stabilité dans la région et à l'approfondissement des échanges économiques, politiques, scientifiques et culturels entre la Suisse et Taïwan, a indiqué Nicolas Walder (Vert-e-s/GE), pour la commission.

Cette position ne remet pas en cause la politique constante de la Suisse en ce qui concerne la Chine unique, a appuyé Edith Graf-Litscher (PS/TG) au nom du Bureau du Conseil national. Le Conseil des États doit encore se prononcer.

Visite controversée

La Suisse ne reconnaît pas Taïwan en tant qu'État en raison de la politique d'une seule Chine depuis 1950. En dehors des relations diplomatiques, Berne entretient cependant des échanges avec l'État insulaire, notamment au niveau des experts de l'administration, y compris à un haut niveau. Les organes judiciaires et le Parlement sont libres d'organiser leurs relations comme ils l'entendent.

Sur mandat du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), le Trade Office of Swiss Industries (Tosi) représente les intérêts suisses à Taïwan, y compris les services consulaires comme la délivrance de visas.

En février dernier, une délégation du Conseil national avait effectué un voyage sur l'île. Les cinq représentants issus des Verts, du PS et de l'UDC avaient rencontré plusieurs responsables, dont la présidente, Tsai Ing-wen. Ils ont appelé à un dialogue diplomatique pour résoudre le conflit entre l'île et son voisin chinois. Pékin avait vivement critiqué cette visite.

La Chine considère l'île démocratique comme une de ses provinces et n'exclut pas de recourir à la force pour y exercer sa souveraineté. Pékin a mené d'importants exercices militaires autour de ce territoire récemment.

(ATS)

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