Du 8 au 10 avril, le commandement militaire chinois «a accompli avec succès diverses tâches» de préparation militaire «autour de l'île de Taïwan avec l'exercice 'Joint Sword'», a indiqué l'armée dans un message diffusé sur les réseaux sociaux. Il a «testé de manière approfondie sa capacité de combat» interarmées «en conditions réelles», a-t-il ajouté.
Dénoncées par Taïwan et les États-Unis, qui ont appelé à la «retenue» tout en déployant un destroyer dans des eaux revendiquées par Pékin, ces manœuvres qui ont mobilisé une dizaine de navires de guerre et jusqu'à environ 70 aéronefs ont reçu lundi un soutien politique explicite de la Russie.
«La Chine a le droit souverain de réagir (aux) actions provocatrices» des États-Unis, «notamment en conduisant des manœuvres», a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Bouclage et blocus aérien simulés
Lancées samedi, les manœuvres chinoises visaient à protester contre une rencontre mercredi de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, avec le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy. Objectif? Simuler un «bouclage» du territoire de 23 millions d'habitants réclamé par Pékin, a expliqué l'armée chinoise. Et notamment un «blocus aérien», selon la télévision d'État CCTV.
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«L'indépendance de Taïwan et la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan s'excluent mutuellement», a déclaré Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d'un briefing régulier, jugeant nécessaire de s'«opposer fermement à toute forme de séparatisme pour l'indépendance de Taïwan».
Le commandement du théâtre d'opérations Est de l'Armée a précisé que le Shandong, l'un des deux porte-avions de la Chine, a «participé à l'exercice du jour». Lors des manœuvres, des avions de chasse et des navires de guerre ont simulé des bombardements ciblés contre l'île.
Bruits de bottes
Les États-Unis ont semblé eux aussi vouloir faire une démonstration de force: le destroyer américain USS Milius a mené lundi une «opération de liberté de navigation» dans un secteur de mer de Chine méridionale revendiqué par Pékin. Une «intrusion» immédiatement dénoncée par la Chine.
Le Japon a indiqué avoir fait décoller ces derniers jours des avions de chasse en réponse à ceux ayant décollé et atterri du porte-avions Shandong.
Sur une vidéo publiée lundi sur le compte WeChat du commandement du théâtre d'opérations Est de l'Armée, un pilote chinois dit être «arrivé près de la partie nord de l'île de Taïwan» avec des missiles «verrouillés en place».
Dans une autre vidéo, accompagnée d'une musique dramatique, le coup de sifflet d'un officier fait courir le personnel militaire en position tandis qu'un barrage simulé sur Taïwan apparaît à l'écran.
Les Taïwanais inquiets
De quoi inquiéter la population. «Nous, les gens ordinaires, on veut juste une vie simple et stable», confie à l'AFP Lin Ke-qiang, habitant de 60 ans de l'île Beigan sur l'archipel de Matsu, qui appartient à Taïwan mais est visible de la côte chinoise. «Si une guerre arrive, maintenant que leurs missiles sont si avancés, nous n'avons aucune chance de résister, on sera écrasés», ajoute cet homme qui travaille comme cuisinier.
Samedi, Tsai Ing-wen a dénoncé l'«expansionnisme autoritaire» de la Chine et assuré que Taïwan «continuerait à travailler avec les États-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie».
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis qui, malgré l'absence de relations officielles, fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.
Elle considère Taïwan comme une province qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pékin vise cette réunification par la force si nécessaire.
«Sérieux avertissement»
Les exercices à tirs réels de lundi étaient prévus dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, selon les autorités maritimes chinoises locales.
Les manœuvres «servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant 'l'indépendance de Taïwan' et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.
Le dernier déploiement important autour de l'île avait eu lieu en août: la Chine avait engagé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles en réponse à une visite sur l'île de la démocrate Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États-Unis.
(ATS)