Le conflit entre la Chine et Taiwan a atteint un nouveau degré d'escalade depuis mardi soir. Malgré les avertissements de la Chine et l'opposition du président américain, Joe Biden, la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, s'est rendue à Taipei ce mardi. Une provocation évidente pour les Chinois.
Pékin n'a donc pas tardé à montrer les muscles. Peu après l'atterrissage de Nancy Pelosi, le gouvernement chinois a annoncé que des «manœuvres militaires de grande envergure» étaient en cours. Au total, cinq régions situées dans les eaux au large de Taïwan seront bouclées jusqu'à dimanche. La Chine a également annoncé des exercices militaires, «y compris des exercices de tirs». Certaines des régions concernées empiètent largement sur les eaux territoriales de Taïwan, une provocation qui donne une nouvelle tournure à ce conflit latent.
Des dizaines de jets sur chaque porte-avions
Dans les régions du nord, du sud-ouest et du sud-est de Taïwan, les forces aériennes et maritimes chinoises effectueront des exercices communs dans les jours à venir, a annoncé mardi le colonel Shi Yi. Des exercices de tir et des tests de missiles seront effectués dans le détroit de Taïwan, situé à l'ouest de l'île, tandis que des missiles balistiques seront testés à l'est. Selon des informations en provenance de Taipei, la capitale de Taïwan, 27 avions de combat chinois auraient notamment pénétré dans la zone de défense aérienne de l'Etat insulaire ce mercredi.
Divers avions de combat en action
Un nombre croissant d'avions de combat chinois a été aperçu au-dessus de Taïwan ces dernières heures. Pékin possède environ 4000 avions de combat, dont plus de dix modèles différents sont en service. Une cinquantaine de J-15 de Shenyang sont par exemple stationnés sur les deux porte-avions.
Ceux-ci sont en service depuis 2013 et disposent de systèmes de recherche et de localisation ultramodernes ainsi que de matériaux absorbant les radars afin de les rendre invisibles pour l'ennemi. Les avions sont équipés de 12 missiles de défense moyenne, courte ou navale.
De nombreux jets plus anciens sont également disponibles. Le Chengdu J-7, par exemple, est en service depuis 1966 et n'est plus produit. Malgré cela, les experts estiment que le J-7 constitue toujours la plus grande partie de la flotte d'avions de combat chinoise - environ 350 unités seraient opérationnelles.
Le J-7 atteint une vitesse de pointe de 2200 kilomètres par heure et est équipé de deux mitrailleuses et de huit supports pour différents missiles guidés. L'avion est également équipé de quatre conteneurs pour 12 petits missiles sol-air non guidés.
Des lance-roquettes sont testés
Selon toute vraisemblance, différents lanceurs de missiles seront utilisés pour les tests dans l'ouest de l'île, dont, par exemple, la série PHL. L'armée chinoise en possède plus de 1000 en état de combattre. Le lance-roquettes PHL-03 peut être équipé de 12 roquettes à la fois, chacune parcourant entre 70 et 130 kilomètres.
Des missiles plus petits devraient toutefois permettre d'atteindre des cibles situées jusqu'à 450 kilomètres. Cela suffirait pour franchir le détroit d'environ 180 kilomètres de large entre la Chine et Taiwan.
Les Chinois ont aussi des missiles intercontinentaux
Selon les indications du gouvernement chinois, des missiles plus petits sont aussi testés à l'est de l'île. Mais on ne sait pas exactement lesquels. En outre, Pékin dispose également de missiles intercontinentaux dont la portée peut atteindre 13'500 kilomètres.
Le dernier modèle en date est le Dongfeng 41, qui peut être équipé de dix à douze ogives, voire d'ogives nucléaires. Sa portée peut atteindre 15'000 kilomètres, ce qui en fait, selon les experts, le missile intercontinental disposant de la plus grande portée.
Par ailleurs, le Dongfeng 31 et le Dongfeng 26 sont toujours en service. Ils ont une portée de 5000 à 8000 kilomètres. Le nombre exact de fusées chinoises en service est toutefois tenu secret.
(Adaptation par Thibault Gilgen)