La communauté internationale fait face à un «tournant historique», a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, lors de la réunion avec ses homologues du G7, qui s'est tenue il y a trois jours à Hiroshima. Il y a appelé ses collègues chefs de la diplomatie à démontrer au monde leur «forte détermination» à défendre «l'ordre international fondé sur l'état de droit».
Un rappel qui ne pourrait être plus urgent. Face à la menace croissante de la république populaire de Chine, la façade d'unité occidentale – et européenne en particulier – s'effrite.
Poignées de mains en Chine et désunion en Europe
Alors qu'Annalena Baerbock, la cheffe de la diplomatie allemande, prévient que les États européens «ne doivent pas se retirer dans leur coquille», le président français, Emmanuel Macron, adopte un tout autre ton. L'Europe ne doit pas se laisser entraîner dans des crises «qui ne sont pas les nôtres», a-t-il indiqué après une visite en Chine. Ces déclarations fortement contrastées sont représentatives de la cacophonie européenne sur la question chinoise.
Les visites successives de nombreux chefs d'État européens, auxquels le dirigeant chinois Xi Jinping a fait la cour ces dernières semaines, l'ont également montré. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, ne sont que quelques-uns des nombreux visiteurs qui ont enchaîné les poignées de main en Chine. Ses visiteurs ont offert à Xi Jinping une démonstration de la désunion européenne et transatlantique. Ce n'est pas ainsi que les choses devraient se passer, selon plusieurs observateurs.
L'unité européenne est essentielle
Car l'unité européenne est la seule solution pour se positionner clairement sur la question de l'Indo-Pacifique. C'est du moins l'avis de Fabian Zuleeg, économiste en chef de l'European Policy Centre à Bruxelles, qui a répondu à Blick. «L'Europe n'a pas su se préparer à cette crise, a déclaré l'expert. Et maintenant, nous ne savons pas dans quelle direction aller.»
D'un côté, certaines nations européennes préfèrent une relation plus étroite avec les États-Unis, étant donné le rôle crucial qu'ils jouent dans les domaines de la sécurité et de la défense. De l'autre, plusieurs pays craignent d'irriter la Chine et de mettre en péril leurs relations économiques étroites. Mais l'Europe devra bientôt faire un choix.
Avec le climat de plus en plus tendu entre la Chine et les États-Unis ainsi que le déplacement des centres de gravité économiques et politiques vers l'Indo-Pacifique, l'Europe doit se repositionner. Sans une stratégie claire et commune, l'Europe sera reléguée à un rôle secondaire dans le monde – voire laissée sur le carreau.