Lundi, la conseillère nationale genevoise Isabelle Pasquier-Eichenberger avait les CFF en travers de la gorge. La raison: L'ex-régie fédérale a annoncé des modifications d'horaire dès le 14 août prochain en raison de travaux. Valables jusqu'au samedi 9 décembre 2023, elles rallongeront les temps de trajet, en particulier en Suisse romande sur les axes de Genève vers la Broye, Fribourg et le Valais, résume la RTS.
Depuis la Berne fédérale, l'élue verte suit de près les questions relatives aux transports. Elle a déposé il y a trois semaines une motion exigeant des CFF un geste financier pour les voyageurs utilisant les infrastructures romandes. Avec l'appui de collègues de tous partis, elle demande un soutien du Conseil fédéral dans sa démarche. Une démarche qui devient toujours plus urgente au vu de la péjoration du rail dans notre coin de pays? Interview.
Isabelle Pasquier-Eichenberger, qu’est-ce qui vous dérange dans la manière dont les CFF ont annoncé que les trains avanceront au ralenti dès cet été en Suisse romande en raison de travaux?
J’ai rencontré cinq fois les CFF durant la dernière session parlementaire pour discuter de la Suisse romande et du nouvel horaire. Ce qui me surprend, c’est qu’il n’a été question à aucun moment de ces travaux lors de nos discussions. Des allongements de trajets supplémentaires étaient pourtant au cœur de nos échanges! C’est tout de même fou que l'on apprenne la nouvelle sur les réseaux sociaux. Non pas que l'on ait besoin de tout savoir. Mais en termes de confiance, cela laisse à désirer.
Vous êtes une conseillère nationale genevoise. Ce trajet Genève-Berne vous concerne donc de près. Quel sera l’impact de ces 15 minutes supplémentaires sur votre planning?
Moi qui habite en ville, j’ai un train direct. Ce n’est pas dramatique d'y rester un quart d'heure de plus. Mais la situation est ironique. La liaison du Pied du Jura, qui va être supprimée, devient la plus rapide pour rejoindre Berne pendant les six mois qui viennent. Cela montre bien l’importance de cette ligne alternative!
C’est une mesure temporaire pour permettre la remise en état des infrastructures. Vous n’êtes pas heureuse que les CFF se mettent à la rénovation?
Oui, cela va de soi. Tout ce changement horaire est lié à la nécessité de mettre à niveau les infrastructures. Mais mon souci majeur, c’est que le rail reste attractif.
Parlons franchement, est-ce que les CFF négligent la Suisse romande?
Comme l’a dit mon collègue le conseiller aux Etats libéral-radical vaudois Olivier Français dans Forum hier soir (ndlr: mardi), l’équipe en place aux CFF hérite d’un système et d’infrastructures vieillissantes en Romandie. D'abord, les travaux ont été trop régulièrement repoussés. La Suisse romande compte le plus d’infrastructures ayant dépassé leur durée de vie. Ensuite, nous avons des infrastructures qui ont souvent été sous-dimensionnées. Il nous manque des voies de dépassement, des aiguillages pour le croisement des trains. Cela explique en partie les travaux considérables. Il faut veiller à minimiser la dégradation de l’offre, car nous devons absolument encourager la population à privilégier les transports collectifs.
Vous avez déposé une motion exigeant de l’ex-régie fédérale qu’elle fasse un geste commercial pour les voyageurs. Les réactions ont-elles été prometteuses?
La réponse du Conseil fédéral sera connue fin août, juste avant la prochaine session. Mais l’accueil au Parlement était positif, une vingtaine d’élus d’à peu près tous les partis ont signé ma motion. La nécessité d’améliorer le rail en Suisse romande est transpartisane. Il y a une unanimité au sein de la députation romande pour améliorer le réseau.