C'est officiel: samedi, la journaliste Susanne Wille a été nommée à la tête de la SSR. Elle succèdera à Gilles Marchand fin octobre. De lourdes responsabilités et de grands challenges l'attendent. Mais la nouvelle directrice est prête à les relever. Interview.
Susanne Wille, comment avez-vous conquis le cœur des délégués de la SSR?
Nous devons prendre soin des valeurs de la SSR, à commencer par l'indépendance et le journalisme de qualité. Pour moi, ce n'est pas négociable. En même temps, nous devons être prêts à nous remettre en question. Nous devons être prêts à repenser la SSR.
Quel est votre message aux contribuables?
La SSR appartient à tout le monde! Chacun a le droit de s'exprimer sur la SSR, de la critiquer et même de la féliciter. J'ai un devoir envers le public et je ferai de mon mieux.
Au Palais fédéral, la SSR a de nombreux détracteurs. Comment comptez-vous gagner leur confiance?
En tant que journaliste politique à Berne, je m'efforçais déjà de parler avec tout le monde et de valoriser toutes les opinions à travers tout l'éventail des partis. Nous devons être forts sur le plan qualitatif et pratiquer du bon journalisme.
Que ferez-vous différemment de votre prédécesseur?
Je ne suis pas en train de me distinguer de Gilles Marchand. Il est en poste et le restera jusqu'à fin octobre. Gilles Marchand avait une autre mission: il a gagné une votation et devait faire des économies. Ma mission est de conduire la SSR vers l'avenir. Nous devons penser aujourd'hui à après-demain pour rester pertinents demain.
Comment faire lorsque vous ne savez pas encore de combien d'argent vous disposerez?
Nous devons penser en termes de scénarios. Il y a un an, nous n'avions pas vraiment affaire à l'intelligence artificielle (IA). Aujourd'hui c'est différent. Nous devons regarder vers l'avant. Nous avons surtout besoin d'un nouvel état d'esprit, car nous ne savons pas ce qu'il en sera dans dix ans.
Gilles Marchand avait déclaré à Blick que l'initiative pour une redevance à 200 francs était une «attaque contre la Suisse». Vous êtes d'accord?
Je vais prendre le temps de me faire une idée et de discuter avec les politiques et les nombreux collaborateurs. Il est extrêmement important que nous montrions pourquoi la SSR est nécessaire. Prenons l'exemple de l'Eurovision: le succès de Nemo montre ce que la promotion des talents peut apporter. Nous pouvons être une vitrine de la culture musicale, mais nous devons aussi offrir un journalisme de qualité en quatre langues. En même temps, nous devons avoir l'esprit d'entreprise et remplir le mandat que nous confie la politique.
Allez-vous devenir la nouvelle «hache de Leutschenbach»? (ndlr: surnom donné à Nathalie Wappler, directrice de la SRF)
Je ne suis pas d'accord avec ce terme. Nathalie Wappler avait une mission entrepreneuriale très dure, et elle a réussi à transformer la SRF. C'est le rôle d'un dirigeant de prendre des décisions qui sont désagréables, mais qui permettent d'atteindre les objectifs à long terme.
Comment allez-vous faire pour que le ministre des médias Albert Rösti vous soutienne?
Monsieur le conseiller fédéral et moi-même ne nous sommes pas encore rencontrés en vue de cette fonction. Je me réjouis de cette première rencontre. Nous allons certainement avoir un échange objectif et constructif.
Qui est le plus important pour la SSR? Albert Rösti ou Gerhard Pfister (Le Centre), Thierry Burkhart (PLR) ou Marcel Dettling (UDC)?
C'est une bonne question journalistique (rires). Je ne fais pas de hiérarchie: tous ont des rôles différents. La Suisse a l'un des systèmes politiques les plus passionnants au monde. Oui, c'est parfois intense d'échanger des idées. Mais chacune de ces personnes remplit une fonction dans notre système. Elles sont toutes importantes.
L'année prochaine, la Suisse accueillera l'Eurovision. Comment s'appuyer sur Nemo pour booster la SSR?
Le booster Nemo agit déjà! C'est très agréable de voir à quel point l'énergie positive est déjà présente.
La «NZZ» vous a qualifié d'«apte à faire de la gymnastique». Quel sport pratiquez-vous?
Je cours, je nage, je danse et je bouge beaucoup. C'est comme ça que j'arrive à trouver les meilleures idées.