Les images de Cressier en juin resteront gravées dans les esprits. À la suite des fortes averses, des torrents de boue avaient envahi les rues et même les maisons du village neuchâtelois. Les dégâts étaient considérables. Pour certain le travail de toute une vie avait été emporté. Nous vous avions emmené sur place le lendemain de ces dramatiques événements.
Cet été, Presque toute la Suisse a été touchée par les intempéries – grêle, tempête, déluge… causant des dégâts majeurs et coûtant des millions de francs.
Il faut bien se l’avouer, les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents.
La crise climatique amplifie les risques
La cause en est le réchauffement climatique qui aurait multiplié par neuf la probabilité de telles intempéries. Ce risque continue d’augmenter. Cela représente un danger pour les individus et l’environnement, mais pas seulement. «Les catastrophes naturelles vont mettre à mal le marché du logement à l’avenir», déplore Marius Zumwald, spécialiste des questions environnementales et climatiques au sein de la société de conseil en immobilier Wüest Partner.
Cela ne concerne pas seulement quelques maisons situées dans des endroits particulièrement vulnérables. Au contraire, selon une nouvelle analyse de la firme, une maison individuelle sur dix est située dans une zone présentant un risque important d’inondation.
Outre celles-ci, les glissements de terrain, les torrents de boue et les chutes sont également à prendre en compte en Suisse. Ce sont les propriétaires de Bellinzone (TI) qui doivent craindre le plus les inondations, et dans une moindre mesure ceux des villes de Zurich, Berne, Locarno (TI) et Lucerne.
Le canton de Glaris détient le record des torrents de boues. Les glissements de terrain concernent particulièrement les habitants de Montreux (VD) et de Bellinzona (TI), et également les propriétaires de maisons à Altstätten (SG), Arosa (GR) et Schwyz.
Diminution importante de la valeur du bien
La société Wüest Partner a cherché à savoir si ces phénomènes naturels dévastateurs avaient un impact sur les prix de l’immobilier. «L’incidence est parfois considérable», prévient Marius Zumwald. Les propriétaires de maisons situées dans des zones présentant un risque moyen ou élevé de chutes de pierres, d’éboulements et de glissements de terrain sont victimes de la plus grande diminution de la valeur de leur bien, entre 5,3 et 5,8% selon les estimations. C’est-à-dire que le prix d’une habitation originellement situé à un million de francs descendrait de 58’000 francs.
Les maisons individuelles situées dans des zones inondables valent en moyenne 1,2% de moins. Si le risque d’inondation est particulièrement considérable, les propriétaires doivent s’attendre à des pertes d’environ 3,3%. La menace d’une potentielle destruction des bâtiments est également à prendre en compte dans ses secteurs.
Il y a plus inquiétant encore: malgré le fait que les catastrophes naturelles sont en augmentation, de nombreux acteurs du marché immobilier continuent à construire dans des zones à risque. Ils ne sont pas encore conscients de la dangerosité de leurs projets de construction, s’alarme Marius Zumwald.
«Il ne faut pas garder des souvenirs sentimentaux à la cave»
Que peuvent faire les propriétaires dont le bien se situe dans une zone à risque? «La meilleure façon de se prémunir contre les phénomènes météorologiques extrêmes est de souscrire une bonne assurance contre les dommages indirects», relève Marius Zumwald. «Si possible, la structure des bâtiments devrait être analysée et si besoin consolidée.»
19 cantons suisses obligent les propriétaires à assurer leurs biens immobiliers. Dans les cantons restants (Genève, Tessin, Uri, Schwyz, Valais, Appenzell Rhodes-Intérieures et Obwald), des assurances privées peuvent être envisagées.
Patrick Schnorf, responsable de la recherche chez Wüest Partner, offre également un conseil pratique pour les habitants de ces zones à risque. «Ne gardez pas votre album de famille ou autres objets ayant une valeur émotionnelle dans la cave de votre maison.» Les sous-sols sont généralement les premiers endroits à subir les dégâts des inondations.
Adaptation: Jessica Chautems