L’année 2020 était le moment idéal pour déménager. En juin, l’Office Fédéral de la Statistique (OFS) dénombrait 4,6% de logements vacants en plus par rapport à 2019. Une tendance éphémère qui s’inverse déjà: en 2021, c’est au contraire un recul de 9,5% qui est observé, selon l’OFS. Il s’agit du premier recul du taux de logements vacants depuis douze ans.
Le communiqué de l’instance stipule en effet que seulement 1,54% du parc immobilier national est actuellement disponible, ce qui représente 71’365 logements vacants dans tout le pays. Les régions les plus touchées par cette soudaine saturation sont la Suisse orientale (baisse de 2,08% à 1,74%) et de la Suisse du Nord-Ouest (baisse de 1,96% à 1,64%).
Personne ne veut aller sur Soleure
À l’échelle des cantons, les plus bouchés sont Zoug, avec seulement 0,34% de logements libres, Genève avec 0,51%, Zurich avec 0,72% et… les Grisons, avec un taux de 0,87%. Si un changement de canton vous tente, il faudrait plutôt chercher un nouveau foyer du côté de Soleure, qui affiche le taux de logements vacants le plus élevé en Suisse (soit 3,15%).
Les cantons latins moins touchés
Les cantons latins peuvent souffler un coup: toujours selon l’OFS, l’évolution est restée stable dans les régions de Suisse romande et du Tessin. Seuls le Valais et Fribourg ont connu une baisse significative du nombre de logements vacants (-223 et -74 respectivement), dans les quatre autres cantons romands, le nombre de logements vacants a augmenté. Du côté de nos compatriotes alémaniques en revanche, il semblerait qu’une bulle immobilière soit en train de se former: «les grands cantons des Grisons, d’Argovie et de Lucerne, notamment, ont enregistré une baisse du taux de vacance de plus d’un demi-point de pourcentage chacun», précise Rhyem Kouti, responsable de service à l’OFS.
Un exode vers la campagne
Ces chiffres confirment une tendance que de nombreux observateurs avaient prédite: la pandémie de Covid-19 a provoqué une sorte d’exode urbain, même si l’OFS prévient qu’il ne faut pas surestimer cet effet. Il avance que la diminution des logements vacants est due au ralentissement de la construction durant la première année de la pandémie, mais également de «l’évolution des besoins en logement et le développement constant de la population (en clair, l’augmentation de cette dernière, ndlr).»
Avec la baisse de l’offre, la demande s’adapte forcément: «Nous remarquons aujourd’hui qu’un acheteur ou un locataire est prêt à louer ou à acheter un logement en dehors des centres, ajoute Rhyem Kouti. Les appartements neufs (datant de moins de deux ans) sont demandés, mais il y a 25% ou 2200 appartements neufs de moins qu’il y a un an à la même date.»
Une tendance que confirme Philippe Thalmann, professeur associé à l’EPFL au sein du laboratoire d’économie urbaine et environnementale: «Quand on regarde de plus près les cantons qui ont connu une forte baisse du nombre de logements vacants, celle-ci s’est surtout produite dans les campagnes où le nombre de logements vacants était élevé, souvent parce qu’on y a beaucoup construit ces dernières années. Les centres-villes n’ont pas vu cette baisse. À Lausanne, le nombre de logements vacants a augmenté de 192 unités (0,24% du parc).»
Les gens ont cherché à s’installer dans des maisons individuelles (plutôt rares en centres urbains), et le nombre de maisons vides a, en conséquence, baissé de 19%. Pour Philippe Thalmann, «l’évolution est donc compatible avec ce que prédisaient les observateurs: la crise du Covid-19 avec le confinement partiel et le télétravail ont poussé une partie de la population à chercher un logement plus grand, à la campagne. C’est dans ce segment que le nombre de logements vacants a baissé. Dans les villes et pour les petits logements, ça a été le mouvement inverse.»
Il ne faut toutefois pas faire de conclusions hâtives. Le professeur relativise: «La méthode de recensement n’est pas d’une précision absolue, donc il ne faut pas surinterpréter une variation faible du nombre de logements vacants.» Il précise effectivement que le nombre de logements vacants a diminué, en chiffre absolu, de 7’467 unités, pour un parc total de logements de plus de 4’600’000 logements.