Informé de sa quarantaine
L'OFSP a informé le président du CS par SMS de l'obligation de quarantaine

António Horta-Osório ne savait-il vraiment pas qu'en fuyant à l'étranger, il enfreignait l'obligation de quarantaine ? Les recherches menées par Blick rendent sa déclaration peu crédible. Des spéculations sur sa succession circulent déjà.
Publié: 11.12.2021 à 06:40 heures
Photo: jordi adria
Ulrich Rotzinger und Conny Tovar

António Horta-Osório survivra-t-il à la tempête autour de sa personne? Le doute est permis. Le président du Conseil d’administration de Credit Suisse s’est empêtré encore plus profondément dans le scandale en donnant des excuses maladroites à propos de sa violation de quarantaine.

Pour rappel: Mercredi 8 décembre, nous révélions que le banquier avait négligé de respecter une quarantaine fin novembre, en reprenant l’avion pour la péninsule ibérique trois jours après être revenu de Grande-Bretagne, alors pays à risque. Il aurait dû respecter une quarantaine de dix jours. Un communiqué envoyé pour éteindre l’incendie met de l’huile sur le feu: António Horta-Osório affirme avoir violé la quarantaine «involontairement», sous-entendant qu’il ne l’avait pas fait exprès.

Or cette excuse tient de moins en moins la route: selon les règles en vigueur, il aurait dû recevoir un SMS de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) dès qu’il eut foulé le tarmac de l’aéroport de Kloten. En effet, tout voyageur entrant en Suisse doit remplir un formulaire d’entrée, lequel requiert de donner son numéro de téléphone portable. UN SMS est ensuite envoyé à ce numéro lors de l’entrée en Suisse, avec les règles à respecter et les mesures en vigueur. Un tel SMS a bel et bien été envoyé à son numéro, comme l’OFSP nous l’a confirmé.

Le Credit Suisse n’a pas souhaité commenter cette information. Pas plus que les déclarations sur la quarantaine qu’António Horta-Osório a faites le 1er décembre, devant environ 70 membres de la Chambre de commerce américano-suisse (AmCham) dans son discours, relié par appel vidéo depuis sa maison à Wollerau, dans le canton de Schwyz. Une visioconférence qui a donc lieu entre son retour de Londres et son départ pour la péninsule ibérique, alors qu’il est censé observer une quarantaine de dix jours.

Discours depuis la quarantaine

«Au début de son discours, António Horta-Osório s’est excusé de ne pas pouvoir être présent sur place en raison des nouvelles conditions d’entrée», rapporte un participant qui a assisté à cette manifestation dans les locaux du réassureur Swiss Re. «A la fin de son exposé, il a dit qu’il était en train de contempler le lac de Zurich et qu’il était en quarantaine chez lui», poursuit ce participant qui souhaite rester anonyme.

Le même jour de cette conférence, le président de Credit Suisse prend l’avion. «Je ne peux vraiment pas imaginer que l’équipe d’António Horta-Osório ne l’ait pas informé au mieux sur les règles actuelles, après qu’une exception a été demandée aux autorités», déclare ce participant bien connecté.

Pas d’exception pour un président d'une grande banque

Ces éléments viennent s’ajouter à ce que nous vous relations déjà dans notre premier article: comment António Horta-Osório peut-il plaider l’ignorance, alors qu’il a demandé au médecin et ex-conseiller aux Etats PLR Felix Gutzwiller de vérifier s’il pouvait être exempté de la quarantaine? Exemption que les autorités lui ont d’ailleurs catégoriquement refusée. Felix Gutzwiller a confirmé le rôle qu’il a joué aux journaux de CH Media et s’est étonné qu’António Horta-Osório ait rompu la quarantaine.

Entre-temps le président du Conseil d’administration de Credit Suisse a essayé de mettre fin à la polémique, en s’auto-dénonçant. Mais les milieux financiers zurichois spéculent déjà sur la succession de celui qui vient d’être élu à la tête de la deuxième banque de Suisse. «L’ancien CEO d’UBS Sergio Ermotti pourra-t-il jouer les sauveurs et sortir Credit Suisse de sa crise de réputation?», se demande le portail financier Finews. Le Tessinois est actuellement président du réassureur Swiss Re. Le conseil d’administration de Credit Suisse ainsi que son CEO Thomas Gottstein rencontreraient désormais de «gros problèmes» de crédibilité dans leur communication, notamment à l’interne.

Adaptation par Jocelyn Daloz


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