Contrairement aux rumeurs, Alain Berset a gardé les pieds sur terre. Mais récemment, il était de nouveau «prêt à décoller», cette fois à bord d'un avion de chasse de l'Armée suisse.
L'été dernier, le Fribourgeois avait déjà fait connaissance avec la police aérienne française. Cette année, en vertu de son mandat présidentiel, il a voulu faire connaissance avec l'armée de l'air locale. Afin de ne pas se retrouver dans une zone aérienne interdite comme en France, il était prévu que le socialiste ne prenne pas lui-même les commandes, mais qu'il vole en tant qu'invité dans un jet F/A-18 Hornet.
Le Hornet avec Alain Berset dans ses bagages aurait dû décoller l'après-midi du 25 août 2023 de l'aéroport militaire de Payerne (VD). Le plan de vol prévoyait de traverser l'espace aérien pendant une heure avant de ramener le conseiller fédéral à Payerne.
Programme sans vol
Mais le socialiste a soudainement annulé le programme. La raison? C'est justement... qu'il n'y en avait pas. Autrement dit, aucune raison professionnelle n'aurait justifié un tel vol, qui n'aurait été effectué que par pur plaisir.
Interrogé sur les intentions de vol de son chef, son département de l'Intérieur est d'abord resté muet. On a même voulu faire croire à Blick que le conseiller fédéral romand avait été invité par les Forces aériennes à voler sur un jet, mais qu'il avait précisément refusé. Si on s'en était tenu à cette déclaration, on serait toutefois passé à côté de la vérité.
Finalement, le département d'Alain Berset a fait la déclaration suivante: «Le président de la Confédération Berset a visité l'aérodrome militaire de Payerne pour découvrir et apprécier le travail et l'engagement des Forces aériennes. Il avait toutefois opté au préalable pour un programme sans vol dans un F/A-18.»
Oui, mais seulement «quelques jours» avant le vol, comme le confirme l'armée. Ce qui intéressait l'amateur de sensations aériennes, c'était l'expérience de l'avion de combat, et non la visite de l'aéroport militaire. Il fallait toutefois éviter à tout prix que l'on révèle que le président de la Confédération avait pris les airs. Selon plusieurs de nos sources, Alain Berset aurait en effet insisté pour que le secret soit gardé.
L'armée déclare à ce sujet qu'il va de soi que toutes les demandes des magistrats — indépendamment de leur contenu — sont traitées de manière confidentielle.
Berset sort des rangs
Alain Berset avait déjà (ou encore) fait les gros titres il y a trois semaines, parce qu'il s'était rendu en hélicoptère à la Streetparade de Zurich pour faire la fête sur un char, boa de plumes, bière et cigare à la main. Si l'on avait appris que le président était passé du char à l'avion de combat, cela lui aurait probablement été vertement reproché.
«C'est sans doute pour cela qu'il a annulé son vol», suppose-t-on à Payerne. Le département de l'Intérieur reste encore une fois silencieux à ce sujet. Même si le fait que le conseiller fédéral sorte des sentiers battus quelques mois avant de quitter ses fonctions irrite, particulièrement en période d'élections fédérales.
Pendant 60 minutes, le conseiller fédéral socialiste devait profiter d'une ambiance digne du film Top Gun. Et ceci à un coût largement supérieur aux 10'000 francs du vol réalisé en hélicoptère. La conseillère nationale verte Marionna Schlatter le dit très clairement: l'heure de vol avec le F/A-18 coûte exactement 50'750 francs. «Comme le vol était prévu dans le cadre d'une mission d'entraînement, il a également eu lieu sans passager supplémentaire», précise toutefois l'armée sur demande.
«Il n'y a donc pas de vol supplémentaire et toutes les heures de vol coûtent en moyenne le même prix, que l'avion soit occupé par une ou deux personnes», informe le porte-parole Stefan Hofer. Le pilote devait de toute façon faire son vol à des fins d'entraînement. Un magistrat sur le deuxième siège n'aurait de ce fait pas entraîné de frais supplémentaires.
Pas de pudeur
Au cours des deux dernières années, seuls trois politiciens bourgeois ont participé «à l'invitation des forces aériennes». Il s'agit des conseillers aux Etats Thierry Burkart et Andrea Caroni, ainsi que de la conseillère nationale Maja Riniker, tous libéraux-radicaux. L'armée souligne que des journalistes ont également bénéficié de ces vols.