Le coup de communication s'est finalement retourné contre eux. Dans une lettre reçue début février par des centaines de milliers de seniors, plusieurs anciens conseillers fédéraux mettent en garde contre une acceptation de l'initiative pour une 13e rente AVS. Parmi les signataires, on retrouve Adolf Ogi, Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann. Ils appellent tous à voter non le 3 mars prochain, car une 13e rente AVS «renchérirait la vie pour tous, y compris pour les retraités».
Les réactions ne se sont pas faites attendre, et pas seulement dans les colonnes de commentaires. Comme le rapportent les journaux de CH Media, une tempête de critiques s'est abattue sur l'ancien conseiller fédéral de l'Union démocratique du centre (UDC) Adolf Ogi. Il aurait reçu une pile de lettres et d'innombrables emails, tous négatifs, dont beaucoup «en dessous de la ceinture».
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«Shame on you, you are absolutely a A.» (en françaus: «Honte à vous, vous êtes un trou du c**.»), a écrit quelqu'un à Adolf Ogi. «Il n'y a plus de joie», estime une autre personne en se référant à la fameuse phrase d'Adolf Ogi «la joie règne». En tant qu'ancien conseiller fédéral, on doit «se taire», estiment de nombreuses personnes. D'autant plus que les conseillers fédéraux touchent une généreuse retraite qui s'élève à 234'000 francs par an.
«Un manque de respect»
Adolf Ogi ne comprend pas les réactions. «Il est inadmissible que l'on diffame ainsi les anciens conseillers fédéraux», déclare-t-il à CH Media. «Ce sont aussi des êtres humains avec des droits et des devoirs.» Il ressent un «manque de respect». Pour lui, c'est une attaque à la démocratie directe: n'aurait-il plus le droit de défendre la position du Conseil fédéral?
Mais alors comment l'ancien conseiller fédéral gère-t-il les réactions? Il les transmet au secrétariat de l'UDC, qui doit maintenant y répondre avec un texte pré-rédigé par ses soins. On peut notamment y lire: «Je respecte votre opinion, mais je ne la partage pas.»
Ce déferlement de commentaires montre à quel point les émotions sont exacerbées par la question de la 13e rente AVS, mais aussi à quel point l'initiative jouit d'une grande sympathie au sein de la population, même parmi la base de l'UDC. Les adversaires de l'initiative populaire de la gauche redoutent le jour de la votation, le 3 mars prochain. Ils ont peut-être sous-estimé la popularité de l'initiative. Pas certain dans tous les cas que la lettre des anciens conseillers fédéraux, derrière laquelle se trouve l'alliance du non, fasse pencher la balance.