Isabelle Chassot, Heidi Z'graggen, Karin Kayser-Frutschi – la liste des espoirs féminins du Centre qui se sont retirés prématurément de la course à la succession de la conseillère fédérale Viola Amherd est longue. Les femmes du parti ont jusqu'à lundi se trouver une candidate, après quoi le délai pour les inscriptions expirera.
Ce manque de prétendantes n'a par ailleurs pas empêché certaines représentantes du parti de tirer à boulets rouges sur leurs homologues masculins. Ces derniers ont certes dû faire face à des désistements, mais ils se sont au moins trouvés un candidat, en la personne du président de l'Union suisse des paysans, Markus Ritter.
Déclaration maladroite sur les femmes
Le Saint-Gallois ne fait pourtant pas l'unanimité. Christina Bachmann-Roth, présidente des Femmes du Centre, n'a pas hésité à critiquer vertement le candidat. En cause: des propos maladroits tenus par Markus Ritter mardi devant les médias. Selon lui, l'absence de candidates serait due à la difficulté qu'auraient les femmes du Centre à diriger un département tel que celui de la défense. Des propos jugés provocants et décevants par Christina Bachmann-Roth, qui l'a fait savoir à «20 Minuten».
Sous la coupole fédérale, la prise de position de Christina Bachmann-Roth suscite une certaine forme d'étonnement, y compris parmi les figures du Centre. «En ce moment, nous n'avons certainement pas besoin d'une guerre de tranchées», estime notamment la conseillère nationale centriste Yvonne Bürgin, dont les positions ont évolué depuis l'annonce du départ de Viola Amherd.
Les nombreux refus impliquent des revendications plus discrètes
De base, Yvonne Bürgin plaidait en faveur d'un ticket à trois candidats, se permettant même de critiquer l'âge de certains prétendants dans l'émission Arena de la SRF. Aujourd'hui, elle se dit plus réservée sur ce point «La commission de sélection doit faire son travail en toute tranquillité et les derniers candidats potentiels doivent pouvoir se décider sans être perturbés.»
Sollicitées par Blick, d'autres femmes du Centre expriment des doutes similaires à ceux d'Yvonne Bürgin. Elles se gardent toutefois de toute critique publique. Le consensus est désormais clair: les frictions internes ne feront que nuire au parti. Et attaquer le seul candidat actuel à cause d'une déclaration maladroite n'aidera personne.
Christina Bachmann-Roth elle-même ne souhaite pas s'exprimer davantage sur le sujet. Auparavant, l'Argovienne et d'autres femmes du Centre avaient déjà tiré à boulet rouge sur le président sortant du parti Gerhard Pfister, exigeant notamment une enquête indépendant sur les conflits persistants au sein du secrétariat général de la formation.
Une conseillère aux Etats Lucernoise pourrait se lancer
Parmi les voix critiques envers Gerhard Pfister, celle de la conseillère aux Etats Andrea Gmür. Deux jours après l'annonce de la démission de Viola Amherd, la Lucernoise avait posé un ultimatum au président du parti: «Si l'affaire n'est pas réglée d'ici l'élection du Conseil fédéral, M. Pfister ne pourra pas figurer sur le ticket», avait-elle déclaré dans les pages du «Tages-Anzeiger». Un jour plus tard, Gerhard Pfister se retirait de la course au Conseil fédéral.
Depuis, Andrea Gmür est devenue l'un des derniers espoirs de candidature féminine. La sénatrice a jusqu'à lundi midi pour se lancer… ou pour laisser définitivement le champ libre aux hommes.