Succession de Viola Amherd
Sexe, drogues, santé: Les candidats au Conseil fédéral doivent tout dire à cet homme

En quête de candidats pour succéder à Viola Amherd, Le Centre n'a pas droit à l'erreur. A ce titre, l'ex juge fédéral Heinz Aemisegger passe au crible les différents candidats. Consommation de drogues, vie sexuelle: tout y passe! Blick explique comment il procède.
Publié: 28.01.2025 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 28.01.2025 à 06:26 heures
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Qui va succéder à la ministre de la Défense Viola Amherd?
Photo: keystone-sda.ch
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Joschka Schaffner

Les désistements se succèdent: Le Centre peine à trouver des candidats à la succession de Viola Amherd. Hormis le président de l'Union suisse des paysans (USP) Markus Ritter, qui devrait annoncer sa candidature mardi, force est de constater que les figures du parti ne se bousculent pas au portillon dans l'espoir de décrocher un siège au Conseil fédéral.

Le parti devra pourtant présenter un ticket à deux et celui-ci devra être idéalement composé d'un homme et d'une femme. Et la tâche s'annonce ardue pour Le Centre, car en plus de devoir trouver des candidats, la formation doit se prémunir de tout mauvais choix.

A ce titre, les papables – si tant est qu'il y en ait – doivent faire l'objet d'un examen approfondi. Consommation de drogue, vie sexuelle, risque de chantage: rien ne peut être caché. Toutes les casseroles doivent être retrouvées et dépoussiérées. Une tâche compliquée qui incombe à l'ancien juge fédéral fédéral Heinz Aemisegger.

Le spectre de l'affaire Zuppiger

Si Le Centre cherche aujourd'hui à se prémunir de toute mauvaise surprise, c'est notamment à cause de l'antécédent de 2011. Il s'agissait alors de trouver un successeur à la conseillère fédérale du Parti bourgeois-démocrate (PBD) Eveline Widmer Schlumpf, un siège pour lequel l'Union Démocratique du Centre (UDC) avait un candidat tout trouvé en la personne de Bruno Zuppiger.

Alors que le conseiller national venait à peine d’être désigné par son parti, un scandale éclatait. Le journal «Weltwoche» accusait Bruno Zuppiger d’avoir détourné 25 millions de francs provenant de l’héritage d’une ancienne employée. Les investigations menées en amont par l'UDC s'étaient révélées lacunaires. Face à la pression, Bruno Zuppiger avait fini par retirer sa candidature et avait même été condamné à une peine de 13 mois de prison avec sursis.

Après l'éclatement de ce scandale, Le Centre a donc fait appel aux services de Heinz Aemisegger. Une première fois en 2018, au moment de trouver une personnalité pour succéder à la conseillère fédérale Doris Leuthard. L'ex-juge avait alors passé au crible les divers candidats et c'est finalement Viola Amherd qui avait glané le pactole en accédant au Conseil fédéral.

Un interrogatoire approfondi

Alors comment l'ancien juge s'y prend-il pour s'assurer de la parfaite intégrité des différents candidats? Tout commence par un interrogatoire, basé sur les directives de la Confédération, explique Heinz Aemisegger. Ce dernier peut également faire appel à des experts supplémentaires. 

Ses maîtres-mots tout au long de la procédure: la discrétion. Comme l’indique Le Centre, aucune directive n’est adressée par le parti à l’ancien juge fédéral. Une fois l’examen terminé, Heinz Aemisegger transmet les résultats «sous une forme appropriée» à la commission de sélection, dirigée par le président démissionnaire du Centre, Gerhard Pfister, et le chef du groupe parlementaire, Philipp Matthias Bregy.

La liste des règles de la Confédération auxquelles les candidats au Conseil fédéral doivent se soumettre est longue. L'ensemble des données personnelles doit être transmis, y compris toutes les adresses e-mail et les informations liées aux comptes des candidats sur les réseaux sociaux. Toutes sortes de facettes idéologiques sont également passées au crible, par exemple les convictions religieuses et politiques, ou encore les «opinions philosophiques». Tous les antécédents judiciaires, les dettes et les relations d'affaires doivent également être divulgués.

Les fonctionnaires échouent régulièrement à l'examen

Ensuite, on entre dans un chapitre beaucoup plus intime: les maladies physiques et psychiques, les préférences sexuelles ou encore les relations avec ses propres parents doivent être communiquées en toute transparence, en vertu du règlement fédéral en vigueur. Dans certains cas doivent être motivés, les données des proches ou même des partenaires commerciaux peuvent être exigées.

Au sein de la Confédération, ces contrôles sont désormais assurés par le Secrétariat d’Etat à la politique de sécurité (SEPOS), créé en 2024. Dès sa mise en place, ce service a démontré sa rigueur intransigeante: son chef désigné, l’ancien diplomate Jean-Daniel Ruch, a lui-même été pris dans les filets des contrôleurs fédéraux peu avant son entrée en fonction. Face à cette situation, il a finalement renoncé à diriger le secrétariat.

De quoi démotiver les candidats?

L'été dernier, deux divisionnaires de l'armée suisse ont perdu leur poste: le SEPOS les a considérés comme un risque pour la sécurité lors d'un nouveau contrôle. Heinz Aemisegger ne devrait toutefois pas devoir se calquer intégralement sur les directives de la Confédération.

En effet, ces contrôles permettent d’aller encore plus loin, notamment en accédant à divers registres fédéraux, comme la base de données sur le hooliganisme (HOOGAN) ou le système d’information du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Cela dit, Heinz Aemisegger devra sans doute éviter d’être trop intrusif dans ses investigations, sous peine de voir Le Centre perdre ses derniers candidats volontaires.

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