Les villas imposantes s'alignent les unes à côté des autres. La commune de Cologny est la commune genevoise des super-riches. La famille indienne Hinduja en fait partie – avec une fortune de 9 à 10 milliards de francs, selon une récente estimation du magazine économique «Bilan». Cette richesse provient, selon le magazine, «des secteurs d'activité les plus divers, des camions, des lubrifiants, des banques et même des centrales électriques».
Pourtant, derrière les portes closes de la villa de 400 mètres carrés, des choses terribles se seraient déroulées. Le Ministère public reproche à la famille Hinduja d'avoir fait entrer en Suisse des personnes en provenance d'Inde avec des visas de touristes, puis de leur avoir dérobé leurs passeports. Ensuite, le couple Kamal et Prakash Hinduja, ainsi que leur fils et leur belle-fille, auraient opprimé, enfermé et détenu ces personnes comme des esclaves. C'est ce que rapporte le «Tages-Anzeiger».
Les Hinduja devront répondre de leurs actes devant un tribunal pénal genevois à partir de jeudi. Tous les accusés bénéficient de la présomption d'innocence.
Les employés vivaient dans des abris antiaériens
L'une des trois plaignantes est une Indienne de 58 ans qui a travaillé comme employée de maison pour la famille de 1997 à 2018. Le procureur note dans son acte d'accusation que la femme a travaillé durant cette période tous les jours de 7h00 à 23h30 sans un jour de pause. Selon Swissinfo, l'Indienne ne recevait comme salaire que quelques centaines de francs par mois.
Elle ne recevait que le strict nécessaire pour manger, les contacts en dehors de la famille étaient interdits. Avec d'autres employés, elle dormait dans un lit superposé dans un abri anti-aérien sans fenêtres sous la villa.
L'Indienne aurait sans doute vécu encore plus longtemps dans ces conditions misérables si une autre employée de maison n'avait pas pris la fuite et porté plainte. Outre les trois plaignantes au total, une quinzaine d'autres personnes vivaient dans des conditions d'exploitation similaires dans la villa de Cologny, selon le ministère public, indique Swissinfo.
Les milliardaires ont économisé 3,5 millions de francs
Tout a finalement pris fin le 12 avril 2018, lorsque la police s'est présentée sur la propriété des Hinduja et a placé la famille en garde à vue. Sous la pression de la procureure, les membres de la famille ont avoué avoir enfreint le droit du travail en vigueur, ne pas avoir payé les prestations sociales et ne pas avoir obtenu de permis de travail. Ils se sont déclarés prêts à indemniser les plaignants à hauteur de 25'000 francs chacun.
Les avocats des victimes présumées réclament toutefois des salaires perdus à hauteur de plusieurs centaines de milliers de francs, comme l'écrit le «Tages-Anzeiger». L'exploitation aurait permis aux milliardaires de s'enrichir de 3,5 millions de francs.
Selon le journal, Prakash et Hamal Hinduja sont considérés par le ministère public comme des «récidivistes»: En 2007 déjà, le couple avait dû s'acquitter d'une amende de 10'000 francs – pour défaut d'autorisation de séjour pour les employés de maison, paiement de salaires trop bas et non-versement des prestations sociales et des impôts à la source. Si les Hindujas sont à nouveau condamnés, l'amende devrait être nettement plus élevée.