Face aux glissements de terrain
Cet homme a révolutionné l'assurance bâtiment dans le canton des Grisons

Dans le village de Brienz (GR), le risque de voir sa maison détruite ou endommagée existe en permanence. Fort heureusement, le canton dispose d'une assurance bâtiment qui couvre ces dégâts très coûteux. Les Grisons sont pionniers en la matière, grâce à Markus Feltscher.
Publié: 13.05.2023 à 16:48 heures
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Markus Feltscher est décédé le 23 mars 2023. Il avait quitté son poste de directeur de l'assurance immobilière des Grisons en décembre. Sa retraite n'aura duré que trois mois.
Photo: YVONNE BOLLHALDER
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Beat Michel

Cet homme, tous les propriétaires de maison à Brienz (GR) le connaissent et savent ce qu'il a accompli pour la communauté. Le village a été évacué vendredi soir. Une partie des roches de la montagne devrait céder dans les quatorze prochains jours.

Aujourd'hui décédé, Markus Feltscher était directeur de l'Assurance immobilière des Grisons (GVG). Sa contribution à la société? Les habitants du canton lui doivent leur remarquable assurance bâtiment qui couvre les maisons contre les risques importants de glissements de terrain.

Markus Feltscher s'est engagé pendant longtemps et avec zèle pour qu'elle soit mise en place. Désormais, le canton est pionnier dans le domaine, puisqu'il est le seul à avoir une assurance qui couvre tous les dommages en cas de glissement permanent (ndlr: cette notion désigne les glissements continus ayant des impacts à long terme par opposition aux glissements spontanés qui surviennent subitement).

Cet accomplissement auquel il s'est consacré toute sa vie, a rendu l'assureur célèbre auprès de la population. Cette reconnaissance s'est encore manifestée lorsqu'il est décédé de manière inattendue le 23 mars dernier. Trois mois seulement après avoir pris sa retraite.

Toute la Suisse en bénéficie

L'homme originaire de Felsberg (GR) a dirigé l'assurance immobilière grisonne durant 13 ans. Il a unifié le système des primes et introduit la prime unique. En outre, les primes ont pu être réduites de plus de 50% pendant son mandat. C'est en 2017 qu'il a permis de garantir la couverture complète des dommages causés par les glissements de terrain permanents. Ce, non seulement pour les cas aux Grisons comme à Brienz, mais aussi dans toute la Suisse.

Dans un deuxième temps, il a obtenu en septembre 2019, en tant que député au parlement cantonal des Grisons, que la loi soit modifiée en conséquence dans son canton. Markus Feltscher a fait passer la révision partielle sans aucune opposition.

L'actuel directeur de l'assurance immobilière grisonne, Marc Handlery, admire ce que son prédécesseur a accompli. Il a déclaré à Blick: «Sans lui, nous ne serions pas arrivés aussi loin. Markus Feltscher s'est engagé avec une énergie inépuisable. Il a tout fait pour éviter les difficultés financières qui menaçaient les habitants de Brienz à la suite des glissements de terrain. Mais ce ne sont pas que les Grisons qui en profitent: grâce à la réglementation nationale en matière de réassurance, les autres cantons pourraient également adapter leurs lois.»

Pas tous les cas de glissements sont couverts

Alain Marti, vice-directeur de l'Association des établissements cantonaux d'assurance, a une vue d'ensemble des règles en vigueur dans les cantons suisses. Il confirme que les Grisons est le seul canton à avoir intégré la réglementation nationale dans sa loi. «C'est le risque important d'un glissement de terrain à Brienz qui a déclenché la révision. Mais Markus Feltscher a été la force motrice pour que la réglementation soit inscrite dans la loi.»

L'expert en assurances précise toutefois que les dommages causés par des glissements permanents ne sont pas couverts dans tous les cas. «Dans le cas de la réglementation d'exception, il s'agit du cas spécifique où le glissement s'accélère considérablement et a plutôt le caractère d'un glissement de terrain (ndlr: spontané).» C'est exactement le scénario auquel Brienz s'attend.

Mais une réparation du bâtiment endommagé ou une reconstruction exactement au même endroit n'est pas possible et n'est pas non plus souhaitable. «Sinon, le risque persiste dans la zone de danger et la communauté pourrait devoir payer une deuxième fois pour la maison en questio», explique Alain Marti. Nous voulons assurer des existences et payer des dommages. Le client a rapidement besoin d'argent pour construire ailleurs.»

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