L'UBS n'a pas le temps pour les moments de deuil. À peine la première banque suisse a-t-elle officiellement avalé sa concurrente Credit Suisse (CS) et enterré 167 ans d'histoire bancaire, qu'elle fixe déjà les lignes rouges à ne pas franchir par les ex-employés de CS, désormais sous sa coupe.
Sur l'UBS et Credit Suisse
L'UBS impose d'emblée ses tarifs – comme cela avait déjà été annoncé à plusieurs reprises au préalable. Ce serrage de vis et l'annonce de directives de comportement strictes est loin de faire l'unanimité chez les collaborateurs de CS.
Ainsi, selon le «Financial Times», pas moins d'une vingtaine de règles strictes à ne pas enfreindre par les collaborateurs de CS ont été établies par la direction de l'UBS afin de maîtriser ses nouveaux salariés.
Selon l'article, ces nouvelles règles comprennent le refus de clients venant de Libye, de Russie, du Soudan et du Venezuela, ainsi que l'interdiction de lancer de nouveaux produits sans l'accord des managers de l'UBS. Dorénavant, certaines personnalités politiques ukrainiennes et des entreprises d'Etat seront également bloquées afin d'éviter un éventuel blanchiment d'argent.
Demander la permission pour les gros crédits
Toujours d'après l'article, la liste des restrictions comprend onze risques financiers et douze risques non financiers.
Les collaborateurs de Credit Suisse devront aussi demander à l'UBS la permission d'accorder des crédits de plus de 60 millions de dollars américains. Ceux-ci devront en outre être garantis par des actifs tels que des yachts, des bateaux ou des biens immobiliers, une pratique longtemps répandue dans la gestion des clients super-riches.
Ni l'UBS ni CS n'ont souhaité commenter les informations du «Financial Times». Même si des collaborateurs de CS s'offusquent désormais de la manière dont la communication est menée, se sentant soudain à la botte du nouveau propriétaire, ce serrage de vis n'est pas surprenant.
Ainsi, le président de l'UBS, Colm Kelleher, avait déjà mis en garde le mois dernier contre la «contamination culturelle» par les nouveaux collègues et ajouté: «Nous allons placer la barre très haut pour les nouveaux collaborateurs de l'UBS». Ce faisant, Colm Kelleher avait surtout fait référence à la banque d'investissement de CS, devenue «hors de contrôle».
Pas de compromis sur les prises de risque
Dans le domaine de la prise de risque, la tolérance zéro règne chez CS depuis hier lundi. Colm Kelleher et Sergio Ermotti, le directeur général de l'UBS, l'ont fait savoir sans équivoque dans une «lettre ouverte»: «Nous continuons à miser sur notre forte culture d'entreprise UBS, notre approche conservatrice du risque et notre qualité de service élevée. Et nous ne ferons aucun compromis à ce sujet.»
Tout a été fait pour assurer une place financière propre, comme le souligne également l'expert juridique Peter V. Kunz: «Il s'agit de réduire les produits financiers à risque et les gros clients à risque. On est ainsi plus sûr de pouvoir maîtriser ces domaines à risque, qui ont aussi conduit à la chute de CS.»
10% de Credit Suisse a déjà quitté le navire
Tout ceci passe évidemment très mal auprès des collaborateurs de CS. En termes de communication, le lancement de la nouvelle UBS n'a pas été bien mené selon eux.
Sur la débâcle de Credit Suisse
Certains collaborateurs de CS ont même quitté la banque de leur plein gré, comme l'a confirmé Sergio Ermotti: «Oui, environ 10% des effectifs de Credit Suisse est partie au cours des derniers mois, même avant la reprise.»
Et concernant les réductions de personnel à venir, l'Association suisse des employés de banque (ASPB) a prévenu: «L'ASPB exige une communication transparente et des négociations d'égal à égal», peut-on lire dans un communiqué de presse. L'objectif étant de préserver le plus grand nombre possible d'emplois en Suisse.