Espace Schengen en danger?
La Suisse ne doit pas quitter Frontex, martèle Berne

En cas de «non» à Frontex le 15 mai, la participation suisse à l'espace Schengen/Dublin serait en grave danger. Le gouvernement est entré mercredi dans la campagne de votation en avertissant sur les conséquences négatives en matière de migration ou de criminalité.
Publié: 02.03.2022 à 15:30 heures
Le Conseil fédéral craint qu'un Non le 15 mai à Frontex, l'agence de surveillance des frontières externes de l'UE (ici en Lituanie), ne signifie la fin des accords Schengen pour la Suisse (archives).
Photo: STR

La Suisse participe à Frontex, organisation qui contrôle les frontières extérieures de l'UE, depuis 2011. Fin 2019, l'UE a augmenté son financement et le personnel à disposition.

Notre pays devra faire sa part, en augmentant sa contribution de 24 millions de francs en 2021 à 61 millions en 2027. Elle mettrait à disposition jusqu'à 40 postes à plein temps en 2027, contre un peu plus de 6 actuellement.

Un référendum, qui dénonce la part de responsabilité de Frontex dans la misère qui règne aux frontières extérieures de l'Europe, a été lancé. Il est sur le point d'être validé par la Chancellerie fédérale.

Si le peuple accepte le référendum, la coopération de la Suisse avec les États Schengen et Dublin prendra fin automatiquement. À moins que la Commission européenne et tous les États de l'UE ne décident à l'unanimité, dans un délai de 90 jours, de poursuivre la coopération avec la Suisse.

Les conséquences d'un «non»

La fin de cette coopération aurait de graves conséquences pour la sécurité de la Suisse. Elle bénéficie de Frontex dans sa lutte contre les criminels, les terroristes et le marché noir, a dit le ministre des Finances, Ueli Maurer. La police et la douane n'auraient plus accès au système de recherche SIS, devenu un outil indispensable, ni aux autres systèmes d'information de Schengen et Dublin.

Dans le domaine migratoire, la Suisse devrait réexaminer les demandes d'asile qui ont déjà été rejetées par un pays européen. Il semble assez clair que cela provoquerait un appel d'air auprès des migrants, estime la ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter.

Frontex soutient également davantage les États Schengen dans le domaine du retour, par exemple pour l'identification, l'obtention de documents ou la coordination et le financement de vols collectifs de personnes qui doivent partir. La Suisse en profite.

Liberté de voyager restreinte

Mme Keller-Sutter a aussi dépeint un inévitable retour des contrôles aux frontières et des restrictions pour se déplacer: «Schengen, c'est la liberté de voyager. Il faudrait faire la queue aux frontières, comme il y a 20 ans.» Le trafic frontalier serait impacté.

Le tourisme devrait s'attendre à des pertes, car les voyageurs en provenance d'Asie devraient à nouveau demander un visa pour se rendre en Suisse. Tout cela entraînerait des coûts élevés pour l'ensemble de l'économie suisse.

Le Conseil fédéral craint encore que les relations déjà tendues entre la Suisse et l'UE ne le deviennent encore plus. La recherche de solutions sur les différents points en suspens ne s'en verrait pas facilitée. «S'il y a une coopération avec l'Europe qui marche, c'est bien celle-là. Il ne faut pas la détruire», a encore plaidé Mme Keller-Sutter.

Supposées violations des droits humains

Frontex a fait la «une» des médias à plusieurs reprises pour des supposées violations des droits humains lors d'opérations contre des migrants le long de la route des Balkans, notamment. L'organisation a conscience de ces problèmes, qui sont inacceptables, selon Ueli Maurer.

Le renforcement de l'organisation prévoit d'ailleurs quarante observateurs pour superviser les activités sur le terrain afin de pouvoir prendre des mesures immédiates en cas d'éventuelles violations. La Suisse porte ce thème au conseil d'administration de Frontex, a répété Ueli Maurer.

Très souvent, les images dérangeantes publiées dans les médias ne concernent pas des agents de Frontex. Mais des membres d'autres organisations de certains pays, ont encore assuré les deux conseillers fédéraux. Si la Suisse sort de Frontex, l'organisation continuera d'exister. Autant y participer pour l'améliorer, selon le Conseil fédéral.

(ATS)

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